Pas de réactions fermes de la part des arabes après la prise de contrôle de l'enclave de Gaza par le Hamas. Certes, la Ligue arabe s'est immédiatement réunie mais, pour constater son impuissance et sa paralysie. C'est tout juste si l'organisation pan arabe a affirmé son soutien à Mahmoud Abbas. En exhortant tous les Palestiniens à se rassembler autour de leur président, les chefs d'Etat arabes demeurent fidèles à leur langue de bois pourtant improductive depuis longtemps déjà. Comment pouvait-il être autrement quand des régimes arabes ont laissé la question palestinienne sombrer dans le chaos et que certains parmi ces derniers ont même joué le rôle de pyromane, qui pour plaire aux américains qui par affinité idéologique avec les islamistes palestiniens. L'Arabie saoudite, décrétée “poids lourd” dans la scène arabe, qui avait contribué à la conclusion de l'accord de coalition de La Mecque entre le Hamas et le Fatah, n'a pas trouvé mieux que de reprocher aux deux camps de n'avoir pas respecté leurs engagements. Alors que la guerre est consommée entre Mahmoud Abbas et Hanieyh, le roi Abdallah les a appelés à respecter l'accord conclu sous sa férule en février dernier.Moubarak, à un ou deux degrés, moins complaisant à l'égard des islamistes que ses voisins de Ryad, a, pour sa part, condamné la prise de pouvoir du Hamas dans Gaza et le fait que l'organisation islamiste palestinienne cherche à saper l'autorité du président Mahmoud Abbas. Au-delà de tout autre considération, le Caire ne souhaite pas voir s'édifier à ses frontières un Hamas land, d'autant que ses autorités peinent à brider ses propres islamistes. Moubarak sait que des élections libres déboucheront sur une victoire écrasante des Frères musulmans. Ce scénario, qui a joué en Palestine avec la victoire incontestable de Hamas aux dernières législatives, est le cauchemar de pratiquement tous les membres de la Ligue arabe qui ont reproché à leurs pairs palestiniens d'avoir révoqué le gouvernement. Mais il n'y a pas que des causes endogènes en Palestine. Israël et son impunité ont fini par booster l'islamisme qui se nourrit justement de la politique des deux poids, deux mesures imposées par la communauté internationale dans la région et qui a abouti au blocus des populations palestiniens. Etats-Unis et Union européenne ont imposé des sanctions financières contre les Palestiniens après la victoire du Hamas au début 2006 lors des législatives. La Syrie est, de son côté, dans un véritable piége, elle risque de voir les tenailles se resserrer autour d'elle. Damas, hôte de Khaled Méchaal, le chef du bureau politique du Hamas, est déjà suffisamment noyé dans la question libanaise. D. Bouatta