La violence contre les femmes est " transclassiste ", c'est-à-dire elle touche aussi bien les femmes au foyer ou celles en activité. C "st le constat de réseau Wassila qui travaille pour sensibiliser et protéger les femmes qui subissent toute forme de violence. Dalila Djerbal, membre de ce réseau a tiré une nouvelle fois la sonnette d'alarme sur les drames que vivent ces femmes et surtout sur le cadre juridique qui ne les protège pas. La sociologue a ainsi évoqué, hier, sur les ondes de la chaîne III, le vide juridique qui aggrave la situation de ces femmes battues. " Nous demandons une loi cadre qui protège ces femmes et pourquoi ne pas s'inspirer des modèles européens, asiatiques et même latino américains qui ont élaboré des textes dans lesquels les peines d'emprisonnement sont doublées ", a-telle précisé. En Algérie, fait-elle remarquer, beaucoup de travail doit être mené pour garantir une protection aux femmes qui subissent des violences et préconise justement que la violence soit considérée comme " circonstance aggravante et le juge doit statuer sur le pénal et le civil ". Pour Dalila Djerbal, les institutions comme la justice, les services de sécurité et les professionnels de la santé doivent aider ces femmes à dénoncer et non les " dissuader ". Elle estime à ce propos qu'il est difficile pour ces femmes de déposer plainte du fait que les services de sécurité demandent toujours un certificat descriptif que certains médecins généralistes refusent de délivrer arguant que c'est la mission du médecin légiste ". Dalila Djerbal, affirme par ailleurs, que les violences en Algérie sont " diverses et il ne faut pas occulter les violences sexuelles et le harcèlement qui sont également à déplorer ". A propos des statistiques sur ce fléau qui touche selon elle toutes les sociétés, Dalila Djerbal regrette la non disponibilité des chiffres sur une année et ceux qui sont rendus publics par les services de sécurité évoquant le nombre de cas sur une période de trois à six mois seulement. Au niveau du réseau Wassila on estime que " 75% des violences faites aux femmes se passent dans des espaces privés ce qui dissuade encore une fois la police d'intervenir ". L'autre constat établit par les membres du réseau concerne les femmes enceintes qui sont " sujettes plus que les autres à ces violences dont certaines sont battues dans des salles d'accouchement par leurs maris ", a-t-il déclaré. D'où son appel à la contribution de tout le monde et à tous les niveaux pour dénoncer ces pratiques qui laissent des séquelles incommensurables dans la société.