L'Irak a signé, avant-hier, avec la firme anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell et le groupe japonais Mitsubishi un important contrat gazier qui devrait lui rapporter des milliards de dollars et mettre fin au gaspillage d'importants volumes de gaz dans le Sud du pays. Le contrat, qui prévoit la création d'une compagnie gazière mixte chargée de capter le gaz s'échappant des puits de pétrole du sud du pays aura mis plus de trois ans à aboutir depuis la signature d'un accord initial en septembre 2008 en raison de luttes politiques internes. Il est considéré comme un tournant dans l'industrie énergétique de l'Irak, pays affligé de graves pénuries d'électricité, et qui espère à terme exporter son gaz, une fois ses besoins domestiques comblés. L'accord a été signé lors d'une cérémonie au ministère du Pétrole par le P-DG de Shell Peter Voser, le vice-président de Mitsubishi Tetsuro Kuwabara et le ministre du Pétrole irakien Abdelkarim al-Luaybi. Aujourd'hui est un tournant dans l'industrie des hydrocarbures, s'est félicité le ministre, qui a souligné que le pays avait grand besoin de ce gaz. La nouvelle société s'appellera Basra Gaz Company (BGC) et sera détenue à 51% par la South Gas Company (SCG) appartenant au ministère du Pétrole, Shell (44%), les 5% restants allant à Mitsubishi. Selon l'accord, qui porte sur une durée de 25 ans, la compagnie traitera le gaz qui s'échappe des puits de pétrole géants de Roumaila, Zoubair et Qurna-ouest et sa capacité atteindra deux milliards de pieds cube (56,6 millions de mètres cube) par jour. Les autorités irakiennes espèrent retirer du projet quelque 31 milliards de dollars sur 25 ans. L'entreprise démarrera son travail dans un an, et d'ici à la fin de cette année nous nous occuperons des procédures liées à sa structure, a expliqué de son côté le vice-ministre du Pétrole chargé des raffineries, Ahmad Chamaa. La production de gaz en Irak est dérisoire, comparée aux immenses réserves du pays (les dixièmes au monde), et, faute d'infrastructures adéquates pour le capter, le pays brûle une grande partie du gaz émis lors de l'exploitation de ses puits de pétrole, ce qui provoque une très importante pollution. Le gaz sera essentiellement destiné à l'usage domestique, mais les surplus pourront être à terme exportés, a indiqué Shell. La signature de ce contrat intervient alors qu'une controverse fait rage en Irak autour d'un accord d'exploration pétrolière signé à la mi-octobre entre la région autonome du Kurdistan irakien et la major américaine ExxonMobil. Bagdad insiste sur le fait que cet accord n'est pas valable, ce que réfutent les dirigeants kurdes. Le gouvernement a récemment sommé le groupe de choisir entre son contrat avec le Kurdistan et celui qu'il a dans le champ pétrolier de Qurna-Ouest (sud). Interrogé à ce sujet, avant-hier, le ministre Luaybi a indiqué que trois lettres avaient déjà été adressées à ExxonMobil et qu'une quatrième pourrait être expédiée, hier. Nous n'avons pas encore reçu de réponse de l'entreprise, a-t-il dit.