Rendues euphoriques, la veille, par l'espoir de voir l'Europe sortir enfin de la crise de la dette grâce à des mesures efficaces, les Bourses du continent ont démarré la journée en léger repli, hier, dans un climat attentiste avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro. Paris a ouvert sur un recul de 0,50%, Londres de 0,35%, Francfort de 0,34%. Peu après l'ouverture Madrid perdait 0,99% et Milan 0,54%. La veille, les places européennes ont fortement rebondi, Paris notamment enregistrant sa deuxième plus forte progression de l'année (+5,46%). Dans leur sillage, la Bourse de New York a également fini en forte ascension (+2,59% pour le Dow Jones et +3,52% pour le Nasdaq) et, hier matin, Tokyo a pris le relais et terminé sur une progression de 2,30%. Malgré les démentis officiels, le marché a voulu croire à de nouvelles mesures, mais, hier matin, la prudence était de nouveau de mise. Les regards étaient donc braqués sur la réunion, prévue à 16H00 GMT, des ministres des Finances de la zone euro. Paris en baisse sous les 3000 points, la prudence domine Après son bond de la veille, la Bourse de Paris fléchissait sous les 3000 points, hier matin, (-1,13%), faisant preuve de prudence avant la réunion des ministres des Finances de la zone euro et dans un climat assombri par les commentaires d'agences de notation. Peu après l'ouverture, l'indice CAC 40 cédait 34,54 points, pour s'inscrire à 2978,71 points. Sur le plan des valeurs, les banques étaient en tête des baisses, réagissant directement aux commentaires de Moody's sur les banques: BNP perdait 2,51% à 27,8 euros, Crédit Agricole lâchait 2,19% à 4,34 euros et Société Générale cédait 2,07% à 16,99 euros. Les valeurs cycliques qui avaient terminé en forte hausse la veille étaient en recul comme STMicroelectronics (-1,99% à 4,47 euros), Eramet (-1,50% à 89,46 euros), ArcelorMittal (-1,30% à 12,5 euros). Air France-KLM cédait 0,58% à 3,95 euros, bien que Morgan Stanley ait revu sa recommandation à la hausse passant à "neutre" contre "sous performer" auparavant. Thales cédait 0,58% à 22,86 euros. Le groupe d'électronique et de défense a décidé d'exercer son option pour monter de 25% à 35% du capital de la société de construction navale militaire DCNS, selon la presse. Publicis qui a décidé d'acquérir 100% du capital d'une agence numérique chinoise, Gomye, cédait 0,12% à 33,5 euros. Le producteur de spiritueux Rémy Cointreau profitait de l'annonce d'un triplement de son bénéfice net semestriel et progressait de 2,71% à 61,78 euros, une des plus fortes hausses de la cote, avec celle du fabricant de matériaux pour l'électronique Soitec (+3,67% à 3,39 euros). Suisse : le SMI ouvre en baisse, la prudence à nouveau de mise La Bourse suisse a ouvert, hier, dans le rouge et n'a pas pu confirmé sa forte hausse de la veille. Peu après l'ouverture, le SMI perdait 0,63% à 5487,98 points, les 30 titres du Swiss Leader Index (SLI) reculaient de 0,77% à 823,76 points, pour un Swiss Performance Index (SPI) en baisse de 0,54% à 4981,5 points. ABB (-0,3%) ne profitait pas d'une hausse de la perspective à long terme par Fitch, qui est passée à "positive", contre "stable" précédemment. Le profil du groupe de génie électrique s'est renforcé. La note de crédit n'a pas été modifiée. SGS (+0,1%) prévoit l'acquisition de CIMM Tecnologías y Servicio, qui devrait être réalisée dans les prochaines semaines. Principalement active dans les mines, cette société a réalisé un chiffre d'affaires de 65 million USD. On notait aussi en hausse Givaudan (+0,6%) et Richemont (+0,2%). Les perdants se trouvaient à la fois parmi les cycliques et les valeurs financières. Swiss Life (-2,6%), Credit Suisse (-2,3%) et Bâloise (-1,7%) reculaient, de même que Petroplus (-2,7%), Logitech (-2,6%) et Holcim (-1,3%). Le rachat par Safra de la Banque Sarasin (+1,1%) était largement commenté par les analystes. Vontobel par exemple écrit qu'il n'est pas sûr que les éventuelles synergies avec Safra soient à l'avantage des actionnaires de Sarasin et de la liquidité du titre. L'analyste a réduit l'objectif de cours à 29 (32) franc. Sur le marché élargi, Georg Fischer (-0,9%) a signé un accord de coopération avec l'Américain Grede Holdings. C'était sans effet sur l'évolution de l'action en Bourse. Par contre Huber+Suhner (+2,3%) montait après l'annonce d'une commande de 60 millions de franc en Malaisie. Datacolor (inchangé) a juste maintenu son chiffre d'affaires annuel, par contre il réduit le dividende et émet des prévisions peu concrètes. Comet (inchangé) souffre d'un ralentissement de la demande de l'industrie des semi-conducteurs et du franc fort. En 2011, le chiffre d'affaires et l'EBITDA devrait être légèrement inférieur au niveau de l'année précédente. En monnaies locales, la croissance du chiffre d'affaires se montera à 10%. La prudence de retour à la Bourse de Francfort La Bourse de Francfort repartait à la baisse, hier, comme les autres places européennes, après avoir rebondi la veille grâce à des espoirs flous de solution à la crise de la dette en zone euro. Dans les premiers échanges, l'indice Dax des 30 valeurs allemandes vedettes perdait 0,66% à 5707,34 points. La veille, il avait gagné 4,60%. Le MDax des 50 valeurs moyennes reculait de 0,59% à 8540,17 points à la même heure. La plupart des valeurs allemandes qui avaient décollé, avant-hier, étaient ainsi en repli: Deutsche Bank perdait 1,86% à 26,09 euros, Allianz -0,62% à 70,2 euros, Daimler -2,46% à 31,35 euros et BMW -1,36% à 52,22 euros. Commerzbank limitait ses pertes (-0,38% à 1,3 euro). La deuxième banque allemande, qui doit nettement renforcer ses fonds propres pour se conformer aux exigences du régulateur bancaire européen, envisagerait de vendre sa filiale en difficulté Eurohypo à l'Etat allemand, affirme le Financial Times Deutschland mardi en s'appuyant sur des sources proches du dossier. Le repli de K+S était également modeste (-0,3% à 38,2 euros). Le producteur allemand d'engrais et numéro un mondial du sel K+S a annoncé vouloir investir 2,4 milliards d'euros dans l'exploitation de potasse au Canada. Londres revient à la prudence La Bourse de Londres était à nouveau en baisse, hier, les investisseurs retrouvant leurs réflexes de prudence après la forte hausse de la veille, notamment en raison de nouvelles inquiétudes sur la note de la France. Dans les premières transactions, l'indice Footsie-100 des principales valeurs perdait 22,40 points, soit 0,42% par rapport à la clôture de la veille, à 5290,37 points. L'indice avait gagné 2,87% la veille, porté par un regain général d'optimisme sur une résolution de la crise dans la zone euro. Grandes gagnantes de la séance de lundi, les valeurs bancaires étaient les premières à se replier, comme Royal Bank of Scotland (-2,89% à 19,17 pence) et Lloyds Banking Group (-2,53% à 23,08 pence). Même phénomène pour les assurances, Old Mutual perdant par exemple 1,84% à 107,48 pence. Les minières reperdaient elles aussi du terrain : -2,23% à 972,31 pence pour Vedanta, -2,01% à 1.072 pence pour Antofagasta. En baisse lundi en revanche, Randgold, spécialisée dans l'extraction d'or, se redressait en gagnant 1,66% à 6340,62 pence. Parmi les autres hausses, le géant de la restauration collective Compass prenait 0,89% à 565 pence. Tokyo: le Nikkei termine en hausse de 2,30% à 8477,82 points La Bourse de Tokyo a terminé la séance, d'hier, en nette hausse de 2,30%, les investisseurs espérant des décisions des dirigeants européens susceptibles d'apaiser la crise de la dette. Dans la foulée des gains enregistrés la veille sur les places financières occidentales, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a bondi de 190,33 points à 8477,82 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a de son côté gagné 1,95%, prenant 13,98 points à 729,68 points. A l'instar de ces dernières semaines marquées par une grande prudence, l'activité est restée faible, avec 1,57 milliard d'actions échangées sur le premier marché. Autre motif d'achats: le yen s'est légèrement affaibli face au dollar et à l'euro depuis, avant-hier, réduisant la pression sur les titres des groupes exportateurs. La devise japonaise a atteint des sommets ces dernières semaines, de nombreux investisseurs plaçant leurs fonds dans cette monnaie considérée comme une "valeur refuge" en temps de crise. Mais cette vigueur historique handicape les affaires des entreprises nippones à l'étranger.