Les prix du pétrole étaient mitigés, hier, tiraillés entre des statistiques économiques contrastées en Chine et aux Etats-Unis, avec toujours en toile de fond les inquiétudes sur la zone euro. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier lâchait 12 cents à 100,08 dollars, et le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance prenait 8 cents à 109,07 USD. Le marché était orienté à la baisse car "les investisseurs se concentrent sur les signes de nouveau ralentissement en Europe et d'un secteur manufacturier affaibli en Chine", ont souligné les analystes de Phillip Futures dans une note. La Chine a annoncé, avant-hier, le premier recul de sa production manufacturière en plus de deux ans et demi, un mauvais chiffre qui confirme un net ralentissement de sa croissance et les difficultés de ses exportateurs affectés par la crise en Europe. En Europe, le président français Nicolas Sarkozy s'est prononcé, avant-hier soir, pour un "nouveau traité" afin de "refonder l'Europe" sur la base de propositions franco-allemandes, dans un discours très attendu sur la crise de la zone euro, à huit jours d'un sommet européen crucial. Quelques heures plus tôt, le nouveau président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, avait refusé de jouer le rôle de prêteur de dernier ressort des Etats de la zone euro. Mais les analystes de Phillip Futures soulignent aussi que l'accélération de l'activité manufacturière aux Etats-Unis en novembre et l'annonce concertée de six banques centrales mondiales (dont la BCE et la Fed américaine) de mesures pour stabiliser le système financier mondial limitent la baisse des cours du brut. Le brut finit en baisse à New York mais se maintient au-delà de 100 USD La veille les prix du pétrole ont terminé en légère baisse à New York, tout en parvenant à se maintenir au-delà du seuil symbolique des 100 dollars en dépit de statistiques américaines et chinoises qui ont rappelé la fragilité de l'économie mondiale. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier a cédé 16 cents par rapport à la clôture de mercredi, à 100,20 dollars sur le New York Mercantile Exchange, effaçant dans les derniers échanges une bonne partie des pertes de la séance pour se hisser au-dessus des 100 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a clôturé à 108,99 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,53 dollar. "Il y a toujours beaucoup d'interrogations sur ce qui se passe en Europe, et nous avons eu des statistiques moroses aux Etats-Unis" après celles publiées plus tôt en Chine, a observé Matt Smith, analyste chez Summit Energy (groupe Schneider Electric). Les Etats-Unis ont enregistré la semaine dernière une augmentation inattendue du nombre de nouveaux chômeurs. "La réalité du marché de l'emploi pèse sur le marché", a constaté de son côté John Kilduff, d'Again Capital. A plus de 400 000 demandes d'allocations, cette statistique "sert de piqûre de rappel du chemin qu'il reste à parcourir sur ce point crucial pour l'économie", a-t-il ajouté. Les analystes de Barclays Capital mettaient toutefois en garde contre toute "extrapolation", estimant qu'il ne faut pas "minimiser l'appétit pour les produits distillés aux Etats-Unis". Le marché a en outre été déçu par l'annonce du premier recul en plus de deux ans et demi de la production manufacturière de la Chine, deuxième pays consommateur d'or noir. Les investisseurs "cherchent toujours la bonne direction à prendre" et pour cela "ils attendent les bonnes informations sur l'Europe, où des solutions définitives se font toujours attendre", a expliqué M. Smith. Empêtrés dans la crise de leurs finances publiques, les pays membres de la zone euro se sont lancés dans une course contre la montre pour mettre en place un pare-feu solide devant empêcher toute contagion avant un sommet européen crucial les 8 et 9 décembre. Bien que cette situation continue à peser sur la demande, l'arrivée de l'hiver en Europe "devrait pousser à la hausse les prix du barils dans les prochaines semaines", a cependant fait valoir Barclays Capital. Au niveau géopolitique, l'Iran restait en ligne de mire des opérateurs, alors que l'Union européenne a durci jeudi ses sanctions financières contre Téhéran, soupçonné de chercher à développer l'arme atomique. Dans l'immédiat toutefois, a relevé Matt Smith, les prix ne reflétaient pas cette nouvelle initiative car "la prime de risque a déjà été intégrée par le marché". Les économistes de JPMorgan pronostiquaient par contre que "si l'Iran devait anticiper des sanctions plus fortes et arrêter ses exportations à des pays clés, le marché pourrait connaître une baisse plus rapide qu'attendu de son approvisionnement".