La Ligue Arabe a reconnu que les tirs sur les manifestants anti-régime continuaient en Syrie en dépit de la présence d'une mission d'observateurs arabes dont le rôle suscite la controverse. Trois civils ont encore été tués, hier, à Homs (centre) par les forces de sécurité syriennes qui ont tiré dans plusieurs quartiers de cette ville, haut lieu de la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans le même temps, des groupes d'observateurs se trouvaient dans les régions de Homs, Deraa (sud) et Idleb (nord-ouest), selon la télévision d'Etat. La France a une nouvelle fois exprimé ses doutes sur leur mission. "Les conditions dans lesquelles se déroulent aujourd'hui cette mission d'observateurs méritent d'être clarifiées", a déclaré, hier, le ministre français des Affaires étrangères , Alain Juppé, à la chaîne de télévision française I-Télé, se disant "dubitatif" sur son déroulement. "Est-ce qu'ils peuvent vraiment avoir accès à l'information en toute liberté? Nous attendons le rapport qu'ils feront dans les prochains jours", a-t-il ajouté. Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a demandé lundi "l'arrêt total des tirs" en Syrie où la répression sanglante du régime a fait plus de 5 000 morts depuis mars, selon l'ONU. D'après les "derniers rapports" reçus par téléphone des observateurs en Syrie "il y a toujours des tirs et des tireurs embusqués" dans les villes, "il faut un arrêt total des tirs", a-t-il ajouté. "Un des objectifs de la mission était d'assurer la libération de 3 484 personnes détenues par le gouvernement syrien en quatre étapes. La libération d'un nouveau groupe sera annoncée bientôt. Les chars se sont retirés des villes et de leurs environs. Mais selon certaines informations des tireurs embusqués continuent à opérer depuis les toits de bâtiments et il y a des violences continuelles", a affirmé M. Arabi. Les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent les manifestations sur le terrain, ont dénoncé ces propos dans un communiqué. Ils ont demandé au chef de la Ligue arabe et aux observateurs d'avoir une attitude "objective, impartiale et honnête ainsi qu'un sens des responsabilités (...) et d'annoncer leur impuissance à mener seuls cette mission et demander l'aide des organisations internationales concernées". "Nous voulons dire à Nabil al-Arabi que le manque de professionnalisme des observateurs et le non-respect des horaires de leur arrivée dans des lieux précis ont fait que de nombreuses personnes ont été tuées", ont-ils souligné. "Le travail des observateurs, qui devaient en principe surveiller l'application du plan arabe visant à faire cesser les assassinats est entravé quotidiennement par le régime", ont indiqué les LCC. "Les officiers et les soldats de l'armée portent des costumes de policiers, conduisent des véhicules militaires repeints et changent le nom des lieux, mais cela ne signifie pas que l'armée s'est retirée des villes et des rues ni que le régime applique les clauses du protocole" arabe, ajoutent les LCC. Selon eux, 390 personnes ont été tuées depuis que les observateurs ont entamé leur mission. Par ailleurs, l'agence officielle Sana a annoncé qu'"un groupe terroriste a visé un gazoduc près de Rastane", dans la province de Homs. Mais sur leur page Facebook "Syrian Revolution 2011", les militants ont accusé "les gangs d'Assad d'avoir fait exploser le gazoduc afin d'en accuser les habitants au moment où les observateurs étaient attendus dans la région". "Le régime veut leur signifier que cette région est dangereuse alors que les agents de sécurité y sont déployés en masse depuis longtemps et que les habitants n'osent même pas s'approcher des barrages militaires", ont-ils affirmé. Par ailleurs, le quotidien privé al-Watan, proche du pouvoir, a annoncé qu'une flotte russe menée par le porte-avions Amiral Kouznetsov accostera dans les prochains jours à la base navale de Tartous (centre-ouest).