Les cours du pétrole étaient en baisse, hier matin, en Asie, en raison de prises de bénéfices après la hausse des derniers jours et des stocks de brut américains supérieurs aux prévisions, ont indiqué les analystes. Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février lâchait 44 cents, à 101,37 USD, par rapport à la clôture de la veille. Le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance perdait 41 cents à 112,33 USD. "Les cours du brut ont baissé à cause de prises de bénéfices provoquées par la hausse des réserves hebdomadaires de brut américain", a indiqué Victor Shum, analyste au cabinet de consultants Purvin and Gertz à Singapour. Le département américain de l'Energie a fait état la veille d'une hausse des réserves de brut de 2,2 millions de baril lors de la semaine achevée le 30 décembre. Les analystes tablaient sur une baisse de 900 000 barils. "Les inquiétudes sur la crise de la dette en Europe sont en outre réapparues, ce qui affecte le marché", a ajouté Victor Shum. Mais les cours restent soutenus par les tensions entre d'un côté l'Iran, gros exportateur pétrolier, et de l'autre les Etats-Unis et l'Europe, notent les analystes. Mercredi, les pays de l'UE sont parvenus à un accord de principe pour interdire les importations de pétrole brut iranien si Téhéran ne s'engageait pas à coopérer avec la communauté internationale sur son programme nucléaire. Les responsables iraniens ont eux menacé de fermer le détroit d'Ormuz, un canal stratégique pour le trafic maritime pétrolier mondial, et demandé aux Etats-Unis de ne pas renvoyer leur porte-avions dans le Golfe. Le brut recule à New York, pénalisé par l'euro et les stocks américains Les prix du pétrole ont fini en baisse la veille à New York, pénalisés par la faiblesse de l'euro qui a atteint un niveau plus vu depuis 16 mois, ainsi que par une hausse inattendue des stocks aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février a terminé en baisse de 1,41 dollar à 101,81 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Il était monté mercredi à son plus haut niveau depuis le 11 mai. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a terminé à 112,74 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 96 cents par rapport à la clôture de mercredi. "Les inquiétudes au sujet de l'Europe sont de retour", a résumé Matt Smith de Summit Energy (groupe Schneider Electric). "On voit déjà pour cette période de l'année de fortes tensions, entre les questions géopolitiques et la crise actuelle en zone euro". "L'euro extrêmement faible a fortement pesé sur les cours, et on a eu en plus des stocks en hausse", a-t-il remarqué. L'euro a atteint, avant-hier, 1,2777 dollar, son plus bas niveau depuis le 13 septembre 2010. Un euro en baisse entraîne un renchérissement du dollar, ce qui rend plus coûteux les achats de brut, libellés en monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. Les analystes ont attribué le recul de la monnaie européenne à l'émission par la France de près de 8 milliards d'euros d'obligations. Si les taux d'emprunt à dix ans sont restés bas, la demande a été moins forte que lors des précédentes opérations du même type. Aux Etats-Unis, le département américain de l'Energie a fait état d'une hausse des réserves de brut. "On peut expliquer cette hausse par le fait que comme c'était Noël, les gens ont moins pris leur véhicule. Il n'empêche, c'est encore une illustration du manque de demande soutenue aux Etats-Unis", a jugé M. Smith. Pour Tom Bentz, de BNP Paribas "la faiblesse de l'euro, qui s'explique par l'émission obligataire française, a été atténuée par les bonnes statistiques américaines". A la veille du rapport mensuel sur l'état du marché du travail aux Etats-Unis, deux indicateurs ont laissé présager une baisse importante du chômage dans la première économie de la planète. Les entreprises privées américaines ont embauché massivement en décembre, créant 325 000 emplois de plus qu'elles n'en détruisaient, selon l'enquête mensuelle du cabinet de conseil en ressources humaines ADP publiée, avant-hier. Et les nouvelles inscriptions au chômage ont nettement baissé aux Etats-Unis lors de la dernière semaine de 2011, à 372 000 demandes d'allocations déposées du 25 au 31 décembre, contre 387 000 la semaine précédente. "La demande en essence est faible" mais "l'Union européenne va aller de l'avant avec un embargo sur le pétrole (iranien) alors que les Etats-Unis ont rendu plus difficiles la vente de pétrole (de la République islamique) avec des nouvelles sanctions bancaires", a par ailleurs fait remarquer Phil Flynn de PFG Best Research. "Cela va limiter l'offre en Europe au moment où la demande vacille", et donc entraîner une hausse des prix, a-t-il estimé. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé, a annoncé, mercredi dernier, à Lisbonne que l'UE pourrait "adopter cette mesure d'embargo sur les exportations pétrolières de l'Iran" lors d'une réunion à Bruxelles le 30 janvier.