La Syrie a promis de "frapper d'une main de fer" après un attentat suicide, imputé par les autorités à des "terroristes" et par des opposants au régime, qui a fait au moins 26 morts, avant-hier, dans un quartier historique du centre de Damas, deux semaines après une attaque similaire. Dans le même temps, 17 civils ont été tués par les forces de sécurité à travers le pays, où des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour réclamer que l'ONU intervienne pour faire cesser la répression sanglante de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad. "Un kamikaze s'est fait exploser aux alentours de 10H55 dans le quartier de Midane à Damas, un quartier densément peuplé", faisant 26 morts et 63 blessés, a annoncé l'agence de presse officielle Sana, en citant le ministre de l'Intérieur, le général Mohammed al-Shaar. La télévision syrienne a diffusé des images crues des lieux: restes de corps, gravats jonchant le sol, flaques de sang et voitures calcinées aux vitres brisées. Elle a aussi annoncé des funérailles officielles et populaires samedi après la prière de l'après-midi à la mosquée Hassan à Midane. Le ministère a prévenu dans un communiqué que la Syrie allait "frapper d'une main de fer tous ceux qui veulent nuire à la patrie". Le parti Baas au pouvoir a affirmé que l'attentat était "un acte terroriste faisant partie du complot ourdi contre la Syrie" et qu'il coïncidait "avec des déclarations faites par des symboles de l'opposition syrienne et par des responsables français et américains", selon la télévision. Le Hezbollah libanais, allié de la Syrie, a accusé les Etats-Unis d'être derrière l'attentat. A Washington, la porte-parole du Département d'Etat, Victoria Nuland, a déclaré que les Etats-Unis condamnaient "résolument" l'attentat suicide à Damas. Les Frères musulmans syriens ont de leur côté accusé le régime. "Nous faisons porter au régime, à ses services de sécurité et à ses gangs l'entière responsabilité de ce crime", a insisté leur porte-parole, Zouheir Salem, dans un communiqué. "Nous demandons une enquête internationale et arabe sur cette explosion, avant que les criminels ne cachent les preuves de leur crime". La télévision privée Dounia, proche du pouvoir, a indiqué qu'une équipe d'observateurs arabes s'était rendue sur le lieu de l'explosion sans faire de commentaire. Le 23 décembre, un double attentat à la voiture piégée contre des bâtiments des services de sécurité avait fait 44 morts et 150 blessés. Les autorités avaient accusé Al-Qaïda, alors que l'opposition pointait le régime du doigt. Cette attaque était survenue juste avant l'arrivée des observateurs de la Ligue arabe chargés de veiller à l'application du plan arabe de sortie de crise prévoyant en premier lieu l'arrêt des violences. L'opposition a qualifié cette mission d'"échec" et appelé l'ONU à intervenir, estimant que la politique "molle" de la Ligue arabe à l'égard du régime avait conduit "à une hausse des morts dans la répression". "Nous soutenons la Ligue arabe qui a envoyé des observateurs en Syrie mais cette mission n'est pas aujourd'hui en mesure de faire son travail correctement", a estimé, avant-hier, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Le Comité ministériel arabe chargé du dossier syrien doit se réunir dimanche au Caire pour entendre le rapport du chef des observateurs. L'organisation Amnesty International (AI) a souhaité dans un communiqué que ce rapport soit l'occasion de montrer clairement les "graves violations des droits de l'Homme" qui se poursuivent en Syrie. Selon AI, au moins 134 civils ont été tués depuis le début de la mission des observateurs le 26 décembre, "mais le nombre réel pourrait être considérablement plus élevé". Parallèlement, les forces de sécurité ont encore arrêté de nombreuses personnes, et malgré les centaines de libérations annoncées par les autorités, des milliers de détenus restent en prison. Avant-hier, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans de nombreuses villes de Syrie pour réclamer une "internationalisation" de la crise par le biais d'une intervention de l'ONU, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et les Comités locaux de coordination (LCC).