Le fléau de la contrefaçon mobilise à plus d'un titre les institutions publiques et le monde économique, à l'orée de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. A l'heure actuelle, ce sont les partenaires étrangers qui mettent de plus en plus l'accent sur l'urgence de la mise en place des instruments juridiques et administratifs adéquats pour anéantir ce phénomène qui ronge l'économie nationale en profondeur. A cet égard, la mission économique de l'ambassade de France, à travers un rapport qu'elle vient de rendre public sur l'économie algérienne, a donné le ton concernant le climat général dans lequel évoluent les affaires en Algérie. La représentation diplomatique de l'Hexagone, tout en soulignant les atouts et les potentialités dont regorge l'économie nationale, n'omet pas de souligner l'urgence de venir à bout de toutes ces produits contrefaits qui envahissent le marché national au détriment du produit authentique et des entreprises qui évoluent dans un cadre légal. A l'ombre des mécanismes que l'administration algérienne compte mettre en place pour la lutte contre la contrefaçon, la direction générale des Douanes projette, dans un avenir proche, de se conformer aux règles universelles en matière de la spécialisation de ses éléments. Pour le moment, la direction générale des Douanes reconnaît, toutefois, que la formation des éléments des brigades des douanes fait grandement défaut. "La plupart des douaniers ne sont pas formés dans la lutte contre la contrefaçon comme il n'existe non plus aucune brigade spécialisée aux frontières pour la prévention et la détection des produits contrefaits", a souligné la direction générale des Douanes. D'autre part, pour se mettre au diapason des programmes de lutte contre ce phénomène actuellement d'usage à l'échelle mondiale, la même direction a appelé à la mise à niveau des instances judiciaires en préconisant la création de trois tribunaux de commerce spécialisés dans de différentes régions du pays, à savoir Alger, Constantine et Oran. Le deuxième volet, qui nécessite une prise en charge réelle pour consolider les dispositifs d'éradication de la contrefaçon, consiste en la protection de la propriété intellectuelle et industrielle dont se plaignent les opérateurs économiques et les créateurs industriels en général. A cet égard, l'institut national de la magistrature compte d'innover en la matière en recommandant aux élèves magistrats un nouveau programme pédagogique prenant en compte la propriété intellectuelle. Pour le moment, il est nécessaire de rappeler que la législation algérienne prévoit des sanctions d'une sévérité avérée contre ceux qui se rendent coupables de contrefaçon. Ainsi, des peines d'emprisonnement lourdes sont envisagées ainsi que d'autres mesures pouvant aller jusqu'à la fermeture d'entreprise pour les réfractaires. Revenant au rapport de la mission économique de l'ambassade de France, l'état des lieux, qui a été établi, fait ressortir que la contrefaçon coûte à l'économie nationale une facture annuelle de quelque 200 millions d'euros. Devant le statu quo actuel, le fléau ne fera que s'aggraver, estiment encore les experts de l'ambassade de France, qui avancent aussi que le nombre de produits contrefaits introduits sur le marché national dépasse les 800 000 articles en 2006 alors qu'en 2005 ce chiffre n'a pas dépassé les 300 000.