Le chef de la diplomatie britannique William Hague s'est rendu, hier, à New York pour soutenir un projet de résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité, fondé sur le plan de sortie de crise de la Ligue arabe, a annoncé le ministère des Affaires étrangères. Le ministre des Affaires étrangères se rendra à New York (...) pour montrer son soutien à la Ligue arabe et à son travail en vue d'apporter une solution pacifique, mise en œuvre par les Syriens, à la crise actuelle, a ajouté un porte-parole du ministère dans un communiqué. Peu avant, Paris avait annoncé que le chef de la diplomatie française Alain Juppé était aussi à New York, hier, pour convaincre le Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités face aux crimes contre l'humanité commis par Damas. Nous avons œuvré à New York pour soutenir un texte préparé par les membres arabes du Conseil de sécurité qui promeut une approche régionale de la crise, a rappelé le ministère britannique des Affaires étrangères. Nous sommes profondément préoccupés de voir que les violences croissantes en Syrie ont conduit la Ligue arabe à stopper son travail en Syrie, a ajouté le porte-parole. Il est temps pour la communauté internationale de s'unir, notamment en adoptant une résolution au Conseil des Nations unies cette semaine, pour faire comprendre clairement au président (Bachar) al-Assad et à son régime que la tuerie doit cesser, a poursuivi ce porte-parole. Les Nations unies doivent agir pour soutenir la population syrienne et la Russie ne peut plus continuer à bloquer les Nations unies et à couvrir la répression brutale menée par le régime, a-t-il conclu. Européens et pays arabes ont présenté vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU un nouveau projet de résolution sur la Syrie fondé sur le plan de règlement de la Ligue arabe, qui demande notamment le départ du président Bachar al-Assad. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, devait présenter, hier, à New York le plan de sortie de crise défendu par son organisation, qui prévoit la fin des violences et le transfert des pouvoirs de M. Assad à son vice-président avant l'ouverture de négociations avec l'opposition. Clinton appelle l'ONU à agir pour faire cesser la violence La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé, avant-hier, l'ONU à agir pour faire cesser la violence en Syrie, à la veille d'une réunion du Conseil de sécurité où elle compte se rendre aux côtés de plusieurs de ses homologues. Les Etats-Unis condamnent dans les termes les plus fermes l'escalade des attaques violentes et brutales perpétrées par le régime syrien contre son propre peuple, a déclaré Mme Clinton dans un communiqué. Le Conseil de sécurité doit agir afin de faire clairement savoir au régime syrien que la communauté internationale considère ses agissements comme une menace pour la paix et la sécurité. Mme Clinton s'est rendue, hier, à la réunion du Conseil de sécurité à New York où doivent se retrouver plusieurs ministres des Affaires étrangères occidentaux, dont le Français Alain Juppé et le Britannique William Hague. Les pays occidentaux souhaitent faire adopter un projet de résolution qui réclame le départ du président syrien Bachar al-Assad. Mais la Russie, qui dispose d'un droit de veto, a réaffirmé, avant-hier, son opposition à ce projet. Pour Mme Clinton, le Conseil de sécurité doit adresser un message clair de soutien au peuple syrien pour lui dire: nous sommes à vos côtés. Au cours des derniers jours, nous avons assisté à une intensification des opérations syriennes de maintien de l'ordre dans tout le pays, provoquant la mort de centaines de civils, a déclaré Mme Clinton. Le gouvernement a bombardé des zones civiles à l'aide d'obus de mortier et de tirs de tanks et abattu des bâtiments entiers sur leurs occupants. La violence doit s'arrêter pour qu'une période de transition démocratique puisse s'amorcer, a plaidé la chef de la diplomatie américaine. Les forces du régime font exploser les maisons à Rankous Les forces du régime font exploser des maisons dans la localité de Rankous, dans la province de Damas, encerclée depuis une semaine et privée d'eau, d'électricité et de nourriture, ont affirmé, hier, des militants. Ce matin (mardi), ils ont commencé à faire sauter les maisons à Rankous en posant des explosifs alors que les habitants sortaient à peine des immeubles, a affirmé Abou Omar, porte-parole des militants de cette localité agricole de 25 000 habitants située à 40 km au nord de Damas. Ils incendient les bâtiments en y mettant du diesel. C'est de la pure vengeance, a ajouté au téléphone le militant qui ne se trouve pas à Rankous même. D'après lui, les témoignages sont recueillis auprès d'habitants qui arrivent à s'échapper de la localité à travers les champs environnants ou de résidents de localités environnantes comme Saydnaya, Talfita, Akawbar et Hafir, d'où on peut voir de grosses colonnes de fumées s'élever de Rankous. La route principale menant à Rankous est totalement coupée, ainsi que les communications, l'eau et l'électricité, et ils manquent de lait pour bébé, a poursuivi Abou Omar. Aidez-les, envoyez-leur de la nourriture, ils sont en train de mourir, a-t-il lancé en s'adressant à la communauté internationale. Les forces syriennes procédaient, hier, à des perquisitions et arrestations à Rankous, alors que le bruit des explosions était entendu dans toute la région, rapporte pour sa part l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Selon cette organisation, Rankous était, avant-hier, assiégée depuis six jours et les unités de soldats déserteurs ont quitté la ville. Le village voisin Talfita est visé aussi par des tirs de mitrailleuses lourdes. Dans les localités de la banlieue est de Damas, les forces militaires appuyées par des chars et des transports de troupes ont pris d'assaut Irbine et Zamalka, a ajouté l'OSDH basé en Grande-Bretagne. Dans la province d'Idleb (nord-ouest), près de la frontière turque, un civil a été tué et sept autres ont été blessés à Kafrouma par des tirs en provenance d'un barrage qui ont visé leur voiture transportant des ouvriers. La veille, le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d'opposition au président Bachar al-Assad avait mis en garde, avant-hier, contre un éventuel massacre que pourrait commettre le régime contre des centaines de jeunes à Rankous. Le pouvoir occupe la localité et la contrôle. Ses menaces sont le signal d'un possible massacre, a insisté le CNS, affirmant que les forces de l'ordre étaient entrées dans Rankous, appuyées par des chars et des lance-roquettes (...) et ont lancé une campagne d'arrestations des jeunes et des hommes. Les violences en Syrie ont fait, avant-hier, une centaine de morts dont 55 civils tués par les forces de sécurité, en majorité dans la région de Homs (centre), a indiqué, hier, l'OSDH. Cinquante-cinq civils ont été tués dont 40 à Homs et dans sa région, 9 à Deraa (sud), 5 dans la banlieue de Damas et un à Idleb. Par ailleurs, dix soldats dissidents, six membres des forces de sécurité et 25 soldats de l'armée régulière ont été tués, a-t-on précisé. Moscou s'impose en médiateur et réitère son intransigeance à l'ONU La Russie s'est imposée, avant-hier, en médiateur entre les autorités syriennes et l'opposition, en proposant aux deux parties d'accueillir leurs discussions informelles à Moscou, tout en réitérant son intransigeance sur le nouveau projet d résolution de l'ONU sur la Syrie. Nous avons proposé aux autorités syriennes et à l'opposition d'envoyer leurs représentants à Moscou dans les délais qui leur conviennent pour des contacts informels sans conditions préalables, a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Nous sommes convaincus que l'établissement rapide de tels contacts à Moscou est une nécessité aiguë pour l'arrêt immédiat des violences en Syrie, pour éviter l'effusion de sang et la confrontation dans la société, a souligné le ministère. Alors que les autorités syriennes ont donné leur accord à ces discussions, selon le ministère, la principale coalition de l'opposition syrienne, le Conseil national syrien (CNS) a exclu toute négociation avec le régime en place avant le départ du président Bachar al-Assad. La démission d'Assad est une condition pour toute négociation sur la transition vers un gouvernement démocratique en Syrie, a déclaré le président du CNS, Burhan Ghalioun. Si les Russes veulent une solution négociée à la situation dramatique dans le pays, ils doivent admettre qu'Assad doit partir car un assassin du peuple ne doit pas superviser une transition vers la démocratie, a-t-il ajouté, parlant au téléphone depuis New York. Le chef d'un autre mouvement d'opposition, le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), basé à Damas, Hassan Abdel Azim a aussi rejeté toute négociation et toute rencontre avec des représentants du régime du Bachar al-Assad. Il a par ailleurs appelé la Russie à soutenir le plan de sortie de crise proposé par les pays arabes et soutenu par les Européens, qui prévoit notamment l'arrêt des violences et un transfert des prérogatives du président Assad à son vice-président. La Russie, qui s'oppose fermement à l'usage de la force et à toute résolution de l'ONU soutenant des sanctions unilatérales prises contre Damas, a pour sa part réaffirmé son opposition à ce plan, qui devait être examiné, hier, au Conseil de sécurité à New York. La Russie et la Chine ont voté contre le projet de résolution proposé en octobre par nos collègues occidentaux, qui contenait un schéma inacceptable de règlement. Le projet actuel occidental n'est pas loin de la version d'octobre et, bien sûr, nous ne pouvons pas le soutenir, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, à l'agence Interfax. Ce document n'est pas équilibré (...) et laisse la porte ouverte à une ingérence dans les affaires syriennes, a-t-il souligné. La Russie, allié traditionnel de la Syrie, a présenté son propre projet, qui condamne l'usage de la force à la fois par le régime de Bachar al-Assad et l'opposition syrienne.