Abdelhamid Mehri, décédé lundi dernier, à l'âge de 85 ans, a été inhumé hier, après la prière d'al-Asr, au cimetière de Sidi-Yahia à Alger, en présence d'une foule nombreuse et d'anciens compagnons de lutte. Dans le message de condoléances adressée à la famille du défunt Abdelhamid Mehri, décédé, lundi dernier, à l'âge de 85 ans, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, écrit notamment "le défunt a voué sa vie entière au service de la patrie et du peuple imprégné qu'il était des valeurs sublimes de liberté, de justice et de souveraineté à une époque marquée par un colonialisme féroce". Cet hommage, dans son ensemble rendu par le chef de l'Etat à l'un de ses compagnons de route, explique tout le parcours du défunt, qui était durant toute sa vie l'homme calme, s'astreignant des paroles perçant une sorte de réalisme qui ne recèle aucune hostilité envers les solutions qui touchent aux aspects vitaux du pays. Dès son jeune âge au sein de premiers noyaux du mouvement national algérien et durant la guerre de Libération nationale, Mehri a su imposer sa lucidité, démontrant la justesse de la cause qu'il a embrassée afin de faire face au climat de désespoir qui régnait en raison de la politique de répressions, d'appauvrissement et de privations, pratiquée par le colonialisme français contre le peuple algérien. Il a également contrecarré les dangers qui menaçaient l'unité de la révolution du Premier novembre 1954. Combattant de la liberté et politicien talentueux, au lendemain du recouvrement de la souveraineté nationale, il s'est mis à un autre travail, celui d'imposer la nation algérienne dans son identité, sa culture et sa langue. Au sein du FLN, il a été un militant accompli et un leader d'envergure qui porte un regard lucide et critique sur les problèmes de l'Algérie en particulier et du monde rabe en général. Au sein de la direction nationale du FLN de 1988 à 1996, il était le numéro un incontestable du parti, le plus populaire de sa génération émergeant à l'intérieur de l'ex-parti unique. Pendant sa brillante carrière politique, Abdelhamid Mehri a démontré tout particulièrement son engagement à défendre la langue nationale pour quelle s'impose partout en tant que langue de travail et de fonctionnement et à redonner une nouvelle rigueur à l'indépendance politique du pays. C'est dire qu'à ce parcours sans faute, le défunt s'est toujours lié à une pratique régulière, organisée pour l'intérêt du pays et du peuple. Ministre, diplomate, leader politique, il s'est également refusé à l'improvisation et à l'attentisme, préférant le dialogue et la franchise. Selon ceux qui l'ont approché, Mehri était l'adversaire acharné de toute entreprise qui vise la recherche du résultat approximatif et de toute politique axée sur la récolte du prestige. Ce faisant, Mehri à travers ses activités au lendemain des événements d'octobre 88, s'est donné une stature d'homme de dialogue ; pour qui aucune formation politique n'est exclusivement détentrice de la vérité absolue, pas plus qu'une formation ne peutêtre exclue de l'indispensable réflexion collective autour des questions fondamentales qui engagent l'avenir de la nation. Cet engagement montre à l'évidence qu'au-delà des divergences secondaires et des différences d'appréciation, l'intérêt national recommandé par le défunt d'exiger la complémentarité et la conjugaison des efforts et des effets pour la prise en charge des véritables problèmes politiques, économiques et sociaux du pays. Cela dit, il était impératif pour Mehri que la paix sociale et la stabilité impliquent nécessairement une cohérence précise et un apport fort aux problèmes nombreux et complexes que connaït et subit la société algérienne. Le plus important pour lui n'était pas de mettre sur pied une élite politique, mais de contribuer à implanter une société solide pour un développement et une promotion d'avenir. Misant sur la renommée acquise par l'Algérie sur la scène internationale grâce aux efforts de sa diplomatie, Mehri s'est consacré à la cause juste de libération des peuples et à l'indépendance effective du monde arabe et en particulier de la Palestine. A travers ses actions nationales et internationales, il a inscrit son nom dans l'histoire par la grande porte, comme &tant un homme nationaliste, militant et diplomate, tout en étant le sage des plus sages. Homme de dialogue, d'écoute, Moudjahid et politicien, chevronné, Abdelhamid part au moment où l'Algérie a besoin de tous ses enfants.