Les nouveaux patrons de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) devraient à nouveau être appelés à réformer leurs institutions lors de la réunion des grands argentiers des vingt premières économies mondiales, ce week-end en Afrique du Sud. Dominique Strauss-Kahn (France), qui vient de prendre la tête du FMI, et Robert Zoellick (Etats-Unis), en fonction depuis juillet à la BM, participeront pour la première fois à une table ronde avec les ministres des Finances et les représentants des banques centrales des membres du G20. "C'est la plate-forme que nous souhaitions pour pouvoir discuter de la réforme des institutions de Bretton Woods", a déclaré le ministre des Finances sud-africain Trevor Manuel. "Ce sujet sera au coeur de nos discussions", a ajouté l'hôte de la réunion les 17 et 18 novembre à Kleinmond, près du Cap (sud-ouest). Au côté de grandes puissances comme les Etats-Unis, l'Allemagne et le Japon, le G20 compte plusieurs puissances émergentes dont l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud. Selon ces dernières, le FMI et la BM ne prennent pas suffisamment en compte les demandes des pays en développement. "Le monde a changé, il n'est plus comme il y a 50 ans. Des pays comme le Brésil, l'Inde ou l'Afrique du Sud ont besoin de davantage de considération", a reconnu récemment M. Strauss-Kahn. Pretoria avait soutenu la candidature de l'ancien ministre français des Finances, parce qu'il s'était engagé à réviser la représentation des pays en développement au sein du FMI. M. Zoellick, qui a remplacé Paul Wolfowitz contraint à la démission après une affaire de népotisme, est aussi attentif aux souhaits des puissances émergentes, qu'il connaît pour avoir été numéro deux du département d'Etat et représentant américain au Commerce de 2001 à 2005. C'est à ce poste qu'il avait suivi le lancement du cycle des négociations de Doha de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui n'a toujours pas abouti et reste un sujet de frictions au G20. Selon le gouverneur de la Banque centrale sud-africaine, Tito Mboweni, les "déséquilibres" du système économique mondial seront aussi évoqués. "Si quelqu'un demande quels sont les enjeux que les grands pays devraient aborder, la réponse est clairement (...) les relations de pouvoir déséquilibrées dans le système économique mondial". "Nous avons un certain nombre de puissances émergentes qui, aujourd'hui, contribuent de manière significative à l'économie mondiale et pourtant leur voix et leur représentation dans les institutions mondiales ne le reflètent pas", a-t-il dit la semaine dernière. La réunion va se tenir dans un contexte d'instabilité, avec un baril de pétrole qui a frôlé les 100 dollars et une volatilité des marchés financiers depuis la crise des prêts hypothécaires à risque américains. "Nous espérons que la crise des +sub-primes+ ne continuera pas à susciter de l'instabilité financière, parce que cela complique le travail que nous voulons faire au niveau du G20", a ajouté M. Mboweni. Le G20 représente près de 90% de l'économie de la planète et les deux tiers de sa population. Il inclut les pays du G7 (Etats-Unis, Allemagne, Japon, France, Italie, Royaume-Uni, Canada) ainsi que l'UE, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, la Russie, l'Arabie Saoudite, l'Afrique du Sud, la Corée du Sud.