Les cours du pétrole étaient fermes hier matin, touchant un plus haut depuis trois semaines à New York, soutenus par les craintes d'interruption de production au Nigeria, sixième exportateur mondial, après un regain de violence lors des élections présidentielles. Alors que l'Opep s'est engagée à assurer la poursuite des approvisionnements et à la stabilité du marché pétrolier international,sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord prenait 25 cents à 68,40 dollars sur l'échéance de juin. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en juin baissait de 10 cents à 65,79 dollars lors des échanges électroniques, après un pic à 66,20 dollars, son plus haut niveau depuis le 2 avril. "Les prix montent car les opérateurs s'inquiètent de la contestation du résultat des élections par l'opposition, facteur susceptible d'accroître les tensions dans la région. Le marché craint que cela n'entraîne une interruption de la production", a commenté Simon Wardell, de Global Insight. Le marché est particulièrement inquiet de ces développements alors que le niveau de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est jugé faible. Selon le rapport du cabinet d'études londonien CGES publié lundi, l'offre insuffisante de l'Opep pourrait conduire à "une nouvelle flambée des prix cet été", dont les conséquences pourraient être "néfastes" à l'économie des pays consommateurs. Le cabinet spécialisé a estimé qu'il est temps pour l'Opep d'augmenter sa production, si elle souhaite que les cours du pétrole se stabilisent. "Les quotas de production décidés par le cartel l'année dernière (...) ont réussi à fixer un plancher pour les prix pendant un hiver inhabituellement doux, mais ils ont depuis conduit le marché d'une situation de surabondance à un état de pénurie", estiment les experts du Centre for Global Energy Studies. L'attitude de l'Opep "pourrait provoquer ou empêcher une nouvelle flambée des prix" cet été, prévient le CGES. Ce pic serait "plus néfaste" que celui de juillet 2006, en raison des pressions inflationnistes qui pèsent actuellement sur les pays consommateurs de pétrole. L'Opep devrait ainsi "tout faire pour éviter un décollage des prix et ne plus s'inquiéter de leur recul", souligne le cabinet. Alors que les inquiétudes liées à la géopolitique soutiennent actuellement les cours, entre les tensions autour du dossier nucléaire iranien et la violence au Nigeria qui paralyse la production du pays, les raffineurs ont besoin d'augmenter le niveau de leurs stocks par mesure de précaution. "S'ils ne disposent pas de suffisamment de pétrole, ils feront grimper les prix (...), les stocks doivent donc être regarnis avant que la demande ne se fasse sentir", souligne le CGES. L'Opep qui a maintenu ses prévisions de demande mondiale pour 2007 en tablant sur une progression de 1,5% de la demande de brut dans le monde, estime que le marché a besoin qu'elle produise 30,3 mbj pour que les stocks de produits pétroliers soient à un niveau confortable. Une estimation jugée "exagérément optimiste" par le CGES qui estime, pour sa part, qu'une production Opep de 30,7 mbj serait ainsi plus adaptée. Selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'offre OPEP a atteint "son plus bas niveau depuis janvier 2005" en mars, à 30,1 mbj.