“L'Opep n'a pas reçu de plainte disant que le marché est insuffisamment approvisionné en pétrole brut”, a déclaré Javad Yarjani, membre du ministère iranien du pétrole affecté à l'Opep, ajoutant qu'“en cas de besoin de pétrole brut, et comme c'est toujours le cas, l'Opep est prête à réagir en approvisionnant le marché”. Le représentant iranien a expliqué que, dans les circonstances actuelles, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole n'avait pas l'intention d'augmenter sa production, ce qui a laissé entendre que l'évolution actuelle des cours était liée à une problématique d'aval. "Il y a un problème en aval, au niveau des stocks de certains produits raffinés dans certaines parties du monde, mais il n'y a pas d'inquiétude quant à un éventuel manque de pétrole brut, quel que soit le marché", a-t-il souligné. Ces déclarations reposent, encore une fois, la récurrente question de l'offre et de la demande qui, depuis un certain temps, divise producteurs et consommateurs sur les moyens à mettre en place pour endiguer la flambée des cours pétroliers. Dimanche, le président de l'Opep, Mohammed Al-Hamli, également ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, avait déclaré que l'Organisation était prête à accroître si nécessaire sa production, ajoutant, toutefois, que "si nous fournissons davantage actuellement, cela ira directement dans les stocks". A l'instar d'autres responsables de l'Opep, M. Al-Hamli a jugé qu'un approvisionnement tendu en matière de produits raffinés aux Etats-Unis, des investissements spéculatifs de fonds sur le marché et des tensions politiques internationales ont fait grimper les cours. Le marché a interprété les propos du président de l'Opep comme le signe d'un possible assouplissement de la position du cartel. "Beaucoup d'acteurs du marché spéculent à présent sur le fait que l'Opep envisagerait d'augmenter sa production au cours de sa prochaine réunion", ont commenté les analystes de la maison de courtage Sucden. D'ailleurs, les prix du pétrole reculaient encore hier, suite aux déclarations de M. Al-Hamli. A 10h00 GMT, sur l'Intercontinental Exchange de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre cédait 94 cents, à 75,92 dollars. A la même heure, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre glissait de 86 cents à 74,03 dollars. La semaine dernière s'était achevée sur des prix proches des records historiques, les cours du pétrole ayant clôturé à respectivement 75,57 dollars et 77,64 dollars à New York et à Londres. Cependant, la thèse du cartel est loin d'être partagée par le Centre for Global Energy Studies (CGES) qui a estimé lundi que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'approvisionnait pas suffisamment le marché mondial en pétrole ce qui va pousser les prix à la hausse au cours des prochains mois. "Le monde n'est pas assez approvisionné en pétrole, et l'Opep doit immédiatement relâcher ses restrictions de production si elle veut vraiment un marché à l'équilibre avec un prix autour de 60 dollars le baril, ce qui semble être son nouvel objectif de prix", indiquent les experts de CGES dans leur rapport mensuel, publié lundi. Ils prévoient que "si l'Opep n'augmente pas sa production, les prix vont continuer à augmenter au cours des prochains mois".