Le nouveau directeur général de Sony, Kazuo Hirai, veut relancer le groupe japonais d'électronique grand public en mariant produits et contenus via les réseaux en ligne, une stratégie qui a réussi à la division dédiée à la PlayStation et aux jeux vidéo. Kazuo Hirai, qui a redressé Sony Computer Entertainment, la filiale d'édition et de distribution de jeux vidéo, a également indiqué qu'il se concentrerait sur la baisse des coûts, notamment dans sa division télévision, pour renouer avec les bénéfices. Le modèle de Sony Computer Entertainment "est un plus grand concept que nous pouvons adapter à une plus grande échelle", a-t-il déclaré à la presse dans les locaux de la société à Tokyo. "Le matériel mène au logiciel et le logiciel mène au matériel", a-t-il ajouté, faisant référence aux jeux et autres contenus en ligne que les possesseurs de PlayStation achètent. Kazuo Hirai a orchestré le développement du système des jeux PlayStation aux Etats-Unis et, depuis mars dernier, dirigeait l'activité grand public de Sony. Il n'a pas précisé quel serait l'impact de cette stratégie sur Sony, qui, à la différence de ses concurrents comme Samsung Electronics et Apple, possède des contenus comme des films, des catalogues de musique et des jeux vidéo. Cela pourrait vouloir dire qu'il veut construire un réseau unifié pour connecter les multiples plates-formes plutôt que de séparer les jeux, la musique ou les films, a avancé un analyste souhaitant garder l'anonymat. Une fois que Sony, au-delà de la PlayStation, s'introduira dans le domaine des systèmes d'exploitation d'Android et de Windows, il affrontera une concurrence très âpre, a-t-il ajouté. Cependant, l'urgence pour Kazuo Hirai est d'arrêter les pertes du groupe grâce à des réductions de coûts qui s'ajouteront à celles réalisées par son prédécesseur Howard Stringer. Endiguer les pertes Kazuo Hirai succédera officiellement à Howard Stringer au poste de directeur général le 1er avril, alors que le groupe japonais a dit s'attendre début février à une perte annuelle de 2,2 milliards d'euros, son quatrième exercice d'affilée dans le rouge. Agences de notation et investisseurs attendent de Kazuo Hirai qu'il endigue les pertes. Il a assuré qu'il ne reculerait pas devant des décisions difficiles pour tailler dans les coûts et a renouvelé la promesse que la division télévision serait à nouveau rentable dans deux ans. "Nous devons prendre des décisions difficiles qui impliquent des licenciements et réduire les coûts fixes dans certaines zones", a-t-il indiqué, évoquant notamment des divisions de ventes au Japon, en Europe et aux Etats-Unis ainsi que des chaînes d'approvisionnement. L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé la semaine passée la note de Sony d'un cran à BBB+, une décision assortie d'une perspective négative. Le mois dernier, Moody's avait également dégradé Sony. La division télévision a perdu plus de 8,3 milliards d'euros sur les huit derniers exercices fiscaux. Les pertes cumulées de Sony, Panasonic et Sharp devraient s'élever à 13 milliards d'euros pour l'exercice en cours, un chiffre qui souligne la difficulté des groupes d'électronique japonais à lutter contre leurs concurrents -notamment Samsung- et à composer avec une faible demande et un yen fort. De meilleurs produits, a dit Kazuo Hirai, permettront d'engranger jusqu'à 40 milliards de yens (400 millions d'euros) de bénéfices, les réductions de coûts générant 50 milliards de yens supplémentaires, qualifiant sa stratégie de "défensive et offensive". Kazuo Hirai a également prédit que la technologie LCD resterait le principal enjeu pour les télévisions au moins pour les trois années qui viennent, avant l'avènement d'une nouvelle technologie.