Le Venezuela a parachevé mardi la nationalisation de sa riche région pétrolière de l'Orénoque en obtenant de plusieurs multinationales qu'elles lui cèdent le contrôle de co-entreprises. En effet, le Venezuela a signé un mémorandum d'entente avec les multinationales pétrolières Total (France), Statoil (Norvège), Chevron (USA) et BP (britannique) prévoyant l'augmentation de 39% à 78% en moyenne de la part de la compagnie pétrolière nationale dans les entreprises mixtes opérant dans la région pétrolière de l'Orénoque, a indiqué mardi l'entreprise PDVSA. En revanche, aucun accord n'a pu être trouvé avec les deux majors pétrolières américaines ConocoPhillips et ExxonMobil, qui ont préféré se retirer purement et simplement de la riche région, a précisé le ministre vénézuélien de l'Energie Rafael Ramirez. La société ConocoPhilips se retrouve donc exclue de l'exploitation pétrolière dans cette région. "Sur la base des négociations réalisées, la défunte association stratégique Petrozuata (au sein de laquelle opère la société amériaine Conoco Philips) et le bloc d'exploration à risque de La Ceiba passent sous le contrôle total de PDVSA", a indiqué le communiqué. S'agissant des projets mixtes d'exploration à risque et de bénéfices partagés dans le golfe de Paria, la PDVSA a conclu des accords avec la société Sinopec (Chine), et italienne Eni et Inelectra. L'autre major, qui opère dans l'Orénoque, ExxonMobil, qui détenait 41,6% de l'association Cerro Negro, n'est pas mentionnée dans le communiqué. Le patron de la PDVSA Rafael Ramirez avait déclaré le 4 mai que Petroleos de Venezuela (PDVSA) était en mesure de prendre le contrôle de 100% de l'exploitation du pétrole de l'Orénoque si les multinationales n'arrivaient pas à s'entendre avec elle sur la nouvelle répartition du capital. Caracas avait fixé au 26 juin la date-limite pour parvenir à un accord sur la nouvelle répartition du capital et les indemnisations des sociétés étrangères, faute de quoi il menaçait d'une expropriation totale pour pouvoir exploiter le brut extra-lourd de cette région. M. Chavez s'est engagé à indemniser les multinationales sur la base de la valeur comptable des actifs. Un délai de deux mois supplémentaires est prévu pour la validation des accords par le parlement. Pour le gouvernement, la ceinture de l'Orénoque est stratégique parce qu'extrêmement riche en pétrole avec des réserves estimées à 270 milliards de dollars, dont Caracas a entrepris la certification avec l'aide de firmes issues de pays émergents ou "amis". Une fois prouvées, elles propulseraient le Venezuela au premier rang mondial devant l'Arabie Saoudite. Pour rappel, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a posé un jalon dans la nationalisation des activités stratégiques du pays le 1er mai en faisant occuper symboliquement par l'armée et le peuple, les gigantesques gisements pétroliers de l'Orénoque. La nationalisation des gisements de l'Orénoque clôt "de manière définitive le chapitre historique dit d'ouverture pétrolière" des années 90 qui "revenait à faire cadeau de notre pétrole à l'empire (Etats-Unis, NDLR) à travers ces entreprises", a estimé ce jour là M. Hugo Chavez. Cette reprise en main du pétrole de l'Orénoque n'est pas faite pour atténuer les tensions déjà grandes entre le Venezuela et les Etats Unis d'Amérique. Il faut dire qu'entre Bush et Chavez c'est la course vers le contrôle du continent sud-américain. Mais force est de constater que le président vénézuélien possède une longueur d'avance sur son rival de toujours, d'autant que les points de vue antiaméricains d'Hugo Chavez sont de plus en plus partagés en Amérique latine. En effet, le président socialiste bolivien Evo Morales a lancé mardi un sérieux avertissement aux compagnies pétrolières étrangères, en les menaçant de revoir leurs contrats d'exploitation si elles n'investissaient pas pour développer la production du pays andin. "Si elles n'investissent pas et ne respectent pas leurs contrats, nous sommes dans l'obligation de revoir les contrats. Ce n'est pas une menace, ce n'est pas un chantage, si on veut la sécurité juridique cela doit être réciproque", a déclaré M. Morales dont le gouvernement a nationalisé les gisements gaziers, la principale richesse du pays, en mai 2006.