Les forces de sécurité étaient, hier, fortement mobilisées dans le sud du Yémen, où la tension est montée d'un cran à la veille de l'élection présidentielle, boycottée par des militants sudistes. Aden, principale ville du Sud, était, hier, quadrillée par les forces gouvernementales, déployées en force, au lendemain de l'arrivée de Sanaa de renforts, dont des blindés, selon des habitants. En milieu de matinée, un accrochage a opposé les forces gouvernementales et des hommes armés à Mansoura, un quartier de la ville, où des sudistes ont prévu un rassemblement de protestation contre l'élection, ont indiqué des témoins sans faire état de victimes. La police poursuivait, hier, une campagne d'arrestations parmi les partisans armés du Mouvement sudiste qui cherchent à empêcher, par la force, les électeurs d'aller voter aujourd'hui, a indiqué un responsable des services de sécurité. Pour dissuader les électeurs, les sudistes ont propagé des rumeurs selon lesquelles, aujourd'hui, sera une journée de violences, a ajouté ce responsable, qui dit pouvoir rassurer les habitants d'Aden et affirme que la situation est sous contrôle. Mais les attaques contre les bureaux électoraux, qui se sont multipliées ces derniers jours, n'ont pas cessé: une roquette RPG a été ainsi tirée dimanche soir contre un centre électoral, sans faire de victime, à Khour Maksar, un quartier d'Aden, selon une source de sécurité. Le Mouvement sudiste, un groupe autonomiste, a appelé au boycottage du scrutin d'aujourd'hui, qui doit porter le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi à la tête de l'Etat en vertu d'un accord de transition, qui marque le départ du président contesté Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans. L'aile dure de ce mouvement conduite par l'ancien vice-président Ali Salem al-Baid, qui vit en exil, a invité ses partisans à empêcher le déroulement du scrutin, au risque de provoquer des actes de violence. Elle a appelé à la désobéissance civile, aujourd'hui, dans le Sud, un Etat indépendant jusqu'en 1990. Nous essayerons de couper les rues et les routes à Aden pour entraver la circulation le jour du scrutin, a déclaré un militant de ce groupe. Des affiches invitant la population au boycottage du scrutin ont fait leur apparition dans certains quartiers: Non aux élections, En votant, vous conférez une légitimité à l'occupation du Sud, Par votre participation au scrutin, vous approuvez l'effusion du sang des sudistes, préviennent les auteurs de ces affiches. Dans les provinces voisines de Daleh et de Chabwa, les groupes sudistes sont aussi actifs: les organisateurs du scrutin n'ont pas réussi à faire parvenir les urnes dans des bureaux de vote de cinq villages de la province de Daleh, selon un responsable local. A Chabwa, les autorités ont eu recours à des dignitaires tribaux pour assurer l'arrivée des urnes dans certains villages, a indiqué un responsable de la commission électorale. Des dizaines de protestataires sudistes ont attaqué et occupé, hier, un centre électoral à Ataq, chef-lieu de Chabwa, ont indiqué des militants et des témoins. Les forces anti-émeute sont intervenues, lançant des grenades lacrymogènes et tirant en l'air pour reprendre le contrôle du site, selon les mêmes sources. Dix personnes ont été indisposées par l'inhalation du gaz lacrymogène.