Deux voitures piégées remplies d'essence, de bonbonnes de gaz et de clous, ont été découvertes en plein centre de Londres, où elles auraient pu faire des centaines de victimes. La première bombe, désamorcée peu après 01h00 (00h00 GMT), était placée dans une Mercedes verte garée devant l'une des plus grandes discothèques de la capitale, le Tiger Tiger, où plusieurs centaines de personnes se trouvaient encore dans ce quartier animé proche de Piccadilly Circus. L'alerte a été donnée par des ambulanciers intrigués par la présence de fumée à l'intérieur du véhicule. Soulignant le lien évident entre les deux véhicules, Scotland Yard a ensuite annoncé la découverte du même matériel dans une Mercedes bleue qui avaient été garée près de la première voiture piégée, dans le quartier de Haymarket Street. Aucun suspect n'a été désigné et une enquête antiterroriste a été ouverte. "Il est évident que si ce dispositif avait explosé, il y aurait eu un nombre important de blessés et de pertes en vies humaines", a réagi Peter Clarke, chef de la police antiterroriste de Londres. Il a évoqué des similitudes avec un projet d'attentats d'Al Qaïda déjoué en 2004, consistant à faire exploser dans des parkings souterrains en divers endroits du royaume des limousines ou des véhicules de grand gabarit remplis de gaz et d'essence. Une comparaison peut aussi être établie avec un autre projet récent d'attentat contre diverses cibles, notamment une discothèque réputée, a-t-il ajouté. A propos de possibles liens avec la découverte d'une bombe dans une voiture dans le sud de la France, Clarke a simplement dit être en liaison avec des partenaires internationaux. Le Premier ministre Gordon Brown, confronté à sa première crise depuis qu'il a succédé à Tony Blair mercredi, a réuni son conseil de sécurité, Cobra. "Nous sommes actuellement confrontés à la menace la plus grave et la plus constante de terrorisme international contre notre sécurité", a déclaré Jacqui Smith, la nouvelle ministre de l'Intérieur, à la sortie de cette réunion de crise. La Grande-Bretagne a élevé son niveau d'alerte depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et, surtout, depuis sa participation à l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Brown a promis de respecter les engagements britanniques en Irak, même s'il est soupçonné de vouloir accélérer le retrait des forces britanniques déployées dans ce pays. La Grande-Bretagne a été frappée en juillet 2005 par les premiers attentats suicides islamistes commis en Europe occidentale. Quatre kamikazes ont alors tué 52 personnes dans les transports en commun londoniens. De sources proches des services de renseignement, on n'exclut pas un lien entre la voiture piégée et Al Qaïda en raison de l'importance de la menace islamiste dans le niveau d'alerte élevé en Grande-Bretagne. "Nous suivons de nombreuses pistes et heureusement, nous enregistrons quelques progrès, mais nous conservons une ouverture d'esprit", a-t-on dit de source proche des services de sécurité. "La balance des probabilités penche assez fortement vers le terrorisme international", a poursuivi ce responsable, tout en prévenant: "Tant que nous n'aurons pas l'impression de connaître le responsable, nous n'allons pas commencer à pointer du doigt." Clarke a souligné qu'aucune piste, intérieure ou extérieure, n'était écartée, et qu'il était trop tôt pour émettre des hypothèses sur l'identité du poseur de bombe. Brown a jugé que cet incident prouvait la nécessité d'exercer une vigilance constante."La première mission d'un gouvernement est d'assurer la sécurité de la population. Le pays est confronté à une menace grave et permanente à sa sécurité, comme l'ont répété les services de sécurité", a-t-il dit.Un large secteur du centre de Londres est resté bouclé pendant plusieurs heures après la découverte de la bombe. Sur des images de télévision, on pouvait voir une bonbonne de gaz après son retrait de la voiture. Une importante quantité d'essence et de clous a aussi été découverte dans les deux voitures, selon les autorités. Sky News indique par ailleurs que le dispositif découvert dans la première devait être mis à feu à l'aide d'un téléphone portable, mais la police n'a pas confirmé l'information.Le dispositif de sécurité a été renforcé autour du parlement.Le maire de New York, Michael Bloomberg, a annoncé que la police de sa ville allait prendre des mesures en réaction à la découverte de la voiture piégée à Londres, comme c'est régulièrement le cas après une menace apparue dans un pays étranger.