Le 1er juillet marque l'ouverture totale des marchés européens de l'énergie à la concurrence. En effet, la plupart des usagers de l'UE pourront choisir librement leurs fournisseurs d'électricité et de gaz à compter d'aujourd'hui. Cependant, les opérateurs historiques nationaux devraient rester omniprésents malgré cette concurrence accrue, au grand dam de Bruxelles. La Commission européenne, qui dénonce sans relâche les complexes entraves à la concurrence dans le secteur énergétique, n'a programmé aucun événement pour marquer la date phare du 1er juillet, qui marque pourtant l'apothéose d'un long processus. "Presque tous les clients en électricité et en gaz à travers l'Europe auront le droit en juillet de choisir leur fournisseurs", s'est félicité récemment le commissaire à l'Energie Andris Piebalgs. "Mais les marchés restent obstinément nationaux, le commerce transfrontalier est difficile et limité, et bien trop de clients ont peu ou pas de véritable choix compétitif pour leur fournisseurs", a-t-il néanmoins résumé. En Europe, l'ouverture des marchés grand public de l'électricité est déjà effective dans une dizaine de pays, le Royaume-Uni ayant ouvert le bal dès 1990, suivi de la Suède, de la Finlande, de l'Autriche, du Danemark, de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande, de la République tchèque et du Portugal. Sept d'entre eux, plus l'Italie, ont également ouvert leur secteur du gaz. Les nouveaux entrants se sont multipliés dans certains pays, surtout côté commercial, avec un bilan mitigé. L'ouverture à la concurrence séduit de moins en moins les professionnels. La Commission estime que la concurrence dans l'Union restera une vue de l'esprit tant que les "nouveaux entrants" se verront refuser l'accès aux réseaux existants par les anciens monopoles d'avant la libéralisation. De nombreux petits Etats membres, ainsi que la France et l'Allemagne, par contre, ne veulent pas d'une solution radicale. Les pays de l'Union européenne, emmenés par la France, ont rejeté mercredi 06 juin dernier, en majorité la libéralisation radicale du marché de l'énergie voulue par la Commission européenne. L'exécutif européen n'a toutefois pas complètement jeté l'éponge. La CE a averti que, si sa proposition était rejetée, elle ferait appliquer ses idées d'une autre manière en appliquant tout simplement les règles européennes de concurrence. Par ailleurs, la Commission européenne doit annoncer en septembre un nouveau train de propositions législatives pour libéraliser davantage le marché. Elle voudrait scinder le "patrimoine" des producteurs d'énergie et des gestionnaires des réseaux de distribution d'énergie, afin de favoriser, selon elle, les investissements et l'entrée de nouveaux acteurs. D'un autre côté, dans un rapport particulièrement cinglant sur "les sérieux problèmes de concurrence" du secteur énergétique européen, la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes (à l'origine de cette proposition de scission) a fustigé en janvier "la trop forte concentration de la plupart des marchés nationaux" et "une absence de transparence de l'information conduisant à une méfiance sur les prix". Elle a aussi brandi la menace de nouvelles sanctions à l'encontre des entreprises nationales et des Etats membres freinant la libéralisation. Seize "avis motivés" ont déjà été lancés contre des Etats, ultime étape avant une saisine de la Cour européenne de justice.