Les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont séparés, avant-hier soir, sans accord formel sur un projet de déclaration sur la Syrie et un texte amendé devait leur être soumis pour une éventuelle adoption, hier matin, ont indiqué des diplomates. Selon l'ambassadeur français Gérard Araud, la France allait présenter un nouveau texte et si aucun des pays membres ne présentait d'objection, l'adoption formelle de cette déclaration du Conseil devait intervenir dans la matinée. Ce délai laisse le temps à certains pays membres réticents de consulter leur gouvernement. Le projet de déclaration vise à soutenir la médiation de Kofi Annan en Syrie et à faire pression sur Damas. Elle s'est heurtée à des réticences de la Russie notamment. Selon son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, la Russie, fidèle alliée de Damas, refuse que la déclaration prenne la forme d'un ultimatum au régime syrien. Le projet de déclaration présidentielle demande au président syrien Bachar al-Assad d'appliquer totalement et immédiatement le plan de règlement en six points mis sur la table par M. Annan lors de ses entretiens à Damas. Ce plan prévoit notamment la fin des violences, un cessez-le-feu progressif, un accès humanitaire aux populations et un dialogue politique. Dans la précédente mouture du texte, le Conseil prévoyait d'envisager des mesures supplémentaires, non précisées, si les six points n'étaient pas appliqués dans les sept jours suivant l'adoption de la déclaration. Selon des diplomates, le nouveau texte pourrait faire référence à des étapes ultérieures, une formulation moins concrète et jugée moins menaçante. Il s'agit d'une déclaration présidentielle, qui doit être adoptée par consensus et qui a moins de poids qu'une résolution. Moscou et Pékin ont mis leur veto à deux résolutions du Conseil condamnant la répression en Syrie, en octobre 2011 et en février dernier. S'adressant, vendredi dernier, au Conseil M. Annan, avait appelé à parler d'une seul voix et avait sollicité son soutien, qualifiant les résultats de sa médiation de décevants jusqu'ici.cDepuis Genève, M. Annan et le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil El-Arabi ont lancé, avant-hier, un nouvel appel à l'unité de la communauté internationale sur le dossier syrien. Les deux hommes ont souligné l'importance d'un message unifié de la part de la communauté internationale, a indiqué la responsable de l'information de l'ONU à Genève, Corinne Momal-Vanian. Le Conseil de sécurité est aussi saisi d'un autre texte, présenté celui-ci par la Russie. Il s'agit d'un communiqué de presse dénonçant les attentats du week-end dernier à Damas et Alep (nord). Des répercussions potentielles retentissantes Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a averti, hier, que la crise syrienne pourrait avoir des répercussions régionales retentissantes, évoquant une situation extrêmement dangereuse. La crise a des répercussions potentielles retentissantes pour la région et le monde, a déclaré M. Ban. Notre responsabilité est de travailler en vue d'une résolution de cette situation et de cette crise extrêmement dangereuses, a-t-il ajouté lors d'un discours prononcé à Jakarta. M. Ban a précisé que l'envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, Kofi Annan, qui était en Syrie les 10 et 11 mars, travaille inlassablement à la résolution de la crise. Dans une version de son discours diffusé à l'avance, le numéro un de l'ONU devait dire qu'il s'attendait à ce que M. Annan retourne à Damas très bientôt. Mais, dans la version actuellement prononcée du discours, il n'a en revanche fait aucune référence à un possible nouveau voyage de M. Annan à Damas. Martin Nesirky, porte-parole de M. Ban, a expliqué que M. Annan attend toujours d'obtenir plus de détails (de la part de son équipe d'experts à Damas) avant de prendre une décision quant à ses projets de déplacements. M. Annan s'est rendu les 10 et 11 mars en Syrie pour y présenter au président Bachar al-Assad une série de propositions concrètes afin de tenter de mettre fin aux violences qui ensanglantent le pays depuis un an. Mais il n'est pas parvenu à un accord. Il a par la suite dépêché cinq experts internationaux, qui sont actuellement en Syrie. Ban Ki-moon a de plus appelé une nouvelle fois la communauté internationale à parler d'une même voix, afin notamment, de fournir une assistance humanitaire immédiate aux victimes des violences en Syrie. Nous nous sommes fixés trois priorités. D'abord la fin immédiate des violences, de toutes les violences, puis l'engagement d'un dialogue politique qui n'exclut personne, afin de définir l'avenir de la Syrie tel que les civils l'entendent. Et troisièmement, nous devons fournir immédiatement et de manière urgente une assistance humanitaire, a déclaré M. Ban. J'appelle les dirigeants dans le monde à s'unir pour parler d'une même voix, a-t-il ajouté, en ouvrant une conférence sur la défense en Indonésie. M. Ban a quitté, hier après-midi, l'Indonésie pour la Malaisie, en vue d'une tournée régionale qui l'emmènera également à Singapour et en Corée du Sud, son pays natal, pour un important sommet sur la sécurité nucléaire. Ban Ki-moon s'attend à un retour de Kofi Annan très bientôt Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé à Jakarta s'attendre à un retour en Syrie très bientôt de l'envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, Kofi Annan. M. Annan a informé, vendredi, le Conseil de sécurité de la situation et je m'attends à ce qu'il retourne à Damas très bientôt, a déclaré M. Ban lors d'une visite en Indonésie, première étape d'une tournée asiatique. Je suis moi-même en contact continu avec lui, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi, et d'autres dirigeants dans la région et au-delà, a ajouté M. Ban. M. Annan s'est rendu les 10 et 11 mars en Syrie pour y présenter au président Bachar al-Assad une série de propositions concrètes afin de tenter de mettre fin aux violences qui ensanglantent le pays depuis un an. Mais il n'est pas parvenu un accord. Il a par la suite dépêché cinq experts internationaux, qui sont actuellement en Syrie. Le Japon ferme son ambassade en Syrie pour des raisons de sécurité Le Japon a fermé son ambassade en Syrie, hier, en raison des menaces pesant sur la sécurité de son personnel, au moment où le pays est secoué par une révolte sans précédent contre le président Bachar al-Assad. Nous avons décidé de fermer temporairement l'ambassade japonaise en Syrie à partir d'aujourd'hui, en raison de l'aggravation des conditions de sécurité en Syrie, y compris dans la capitale Damas, a expliqué le ministère nippon des Affaires étrangères dans un communiqué. Le ministère a précisé que son activité diplomatique avec la Syrie se poursuivrait à partir de son ambassade de Jordanie, à Amman. L'ambassade nippone à Damas fonctionnait déjà à effectif réduit depuis plusieurs semaines. Le Japon continue de déconseiller formellement à ses ressortissants de voyager en Syrie, a ajouté le ministère. La Syrie est secouée depuis un an par une révolte populaire violemment réprimée. Les violences ont fait plus de 9 000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) ainsi que quelque 30 000 réfugiés et 200 000 déplacés (HCR). De nombreux pays ont déjà fermé ou suspendu les activités de leur ambassade à Damas, dont les Etats-Unis, le Canada, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, les Pays-Bas, la Suisse et les six monarchies arabes du Golfe. La Syrie a par ailleurs demandé à la Tunisie et à la Libye de fermer leur ambassade à Damas, ces deux pays ayant ordonné le départ des représentants du régime syrien à Tunis et Tripoli.