Les observateurs de l'ONU chargés de surveiller un cessez-le feu de plus en plus menacé en Syrie ont entamé, hier, leur deuxième semaine de mission par des visites à la périphérie de la capitale. Les Casques bleus vont aujourd'hui non loin de Damas, dans les environs de la capitale, a déclaré Neeraj Singh, un responsable de l'équipe avancée de l'ONU. Selon lui, ils ont visité la ville rebelle de Zabadani, à 47 km au nord-ouest de Damas, théâtre régulier de manifestations anti-régime et de combats entre les troupes régulières et l'Armée syrienne libre (ASL) qui regroupe des déserteurs. Selon un militant sur place, Farès Mohammad, membre de Comités locaux de coordination (LCC, opposition), la visite des observateurs a duré une demi-heure. L'équipe poursuit son travail, effectuant des visites quotidiennes et établissant des contacts avec toutes les parties afin de préparer la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (Mismnus), a ajouté M. Singh. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des observateurs se sont également rendus dans la ville d'al-Bab, dans la province d'Alep (nord) au moment où les forces gouvernementales menaient des perquisitions et des arrestations. Dimanche, les observateurs s'étaient rendus dans les provinces de Homs et de Hama, dans le centre du pays. Depuis samedi soir, deux observateurs sont basés dans la ville de Homs, surnommée la capitale de la révolution, à la demande des habitants qui redoutent de nouvelles attaques. Abou Yazen al-Homsi, militant sur place a dit douter du succès et de l'efficacité de cette mission. Les bombardements sur le quartier de Khaldiyé se sont poursuivis toute la nuit et jusqu'à l'aube sous les yeux et les oreilles des observateurs, a-t-il ajouté, précisant que des tirs avaient également retenti, hier, à Homs. Selon lui, le régime ne respecte aucun des points du plan Annan, il n'a pas retiré les chars des villes et n'a libéré aucun détenu, a-t-il déclaré. Les forces gouvernementales ont tué trois civils dimanche à Homs, et trois autres dans les alentours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a recensé au total 17 morts (douze civils et cinq soldats) dans la journée à travers le pays. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi une résolution autorisant le déploiement rapide de 300 observateurs militaires non armés pour surveiller le cessez-le-feu en Syrie, dont les violations répétées ont fait plus de 200 morts, selon l'OSDH, depuis son entrée en vigueur le 12 avril. Les violences en Syrie ont fait au moins 11 100 morts en 13 mois d'une révolte populaire qui s'est peu à peu militarisée face à la répression, et 25 000 personnes sont actuellement détenues, selon l'OSDH. L'UE s'en prend au train de vie du couple Assad avec de nouvelles sanctions L'Union européenne a décidé, hier, d'interdire les exportations de produits de luxe vers la Syrie, une mesure essentiellement symbolique qui vise le train de vie du couple Assad, et en limitant un peu plus les exportations de matériel servant à la répression des opposants, selon des diplomates. Un accord en ce sens avait été trouvé la semaine dernière lors d'une réunion des ambassadeurs des Vingt-Sept. Ce nouveau train de sanctions contre la Syrie, le 14ème en plus d'un an, va être mis en œuvre, a souligné une source diplomatique en précisant qu'il couvre les produits de luxe et le matériel servant à la répression. Les Européens doivent encore définir le champ d'application exact de la mesure sur les produits de luxe. Mais ce faisant, l'UE vise de manière très symbolique le train de vie du couple Assad, alors que la presse a récemment épinglé les goûts de luxe de l'épouse du président syrien Bachar al-Assad, Asma, a reconnu un autre diplomate européen sous couvert d'anonymat. Il s'agit de faire comprendre au couple Assad, mais aussi à son clan et aux membres du régime, que les événements en Syrie ont également des conséquences sur leur train de vie personnel, a-t-il précisé, en admettant que ce type de mesures pouvait être facilement contourné et qu'elle avait essentiellement un caractère symbolique. Quant aux restrictions concernant le matériel servant à la répression, elles viennent compléter des listes déjà en vigueur depuis un embargo sur les armes. Elles concernent aussi les produits pouvant servir à la fabrication de tels matériels. Certains produits seront interdits, d'autres soumis à des autorisations au cas par cas. Il y a un mois, lors de leur dernière réunion, les ministres européens avaient déjà resserré l'étau autour du président syrien en imposant des sanctions à sa femme, Asma, et à trois autres membres de sa famille dont sa mère. Au total, 126 personnes et 41 sociétés sont visées par les sanctions européennes. Les sanctions européennes visent notamment la banque centrale, le commerce de métaux précieux ou les vols de fret. La Russie avait jugé par avance inacceptables ces nouvelles sanctions de l'Union Européenne contre la Syrie. Aucun régime de sanctions n'a jamais abouti à un règlement des situations de crise. Par contre, à l'aide des sanctions, la situation devenait encore plus imprévisible et se détériorait, avait ainsi souligné le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch. L'UE réfléchit par ailleurs à apporter des moyens logistiques à la mission de quelque 300 observateurs que l'ONU entend déployer en Syrie pour renforcer l'actuelle mission avancée qui doit comprendre une trentaine de membres dans les prochains jours, selon des sources diplomatiques.