Le président du Conseil italien, Mario Monti, a présenté un projet de création d'un système européen de garantie des dépôts bancaires au sommet du G8, rapporte le Corriere della Sera, face à l'anxiété des déposants dans certains pays très endettés de la zone euro. La proposition vise à garantir les dépôts bancaires "avec pour objectif de stopper l'hémorragie de fonds d'un pays vers l'autre, du sud vers le nord", écrit le quotidien italien sans citer ses sources. Ce plan, discuté selon le journal ce week-end au sommet du G8 aux Etats-Unis, prévoit un financement conjoint par les Etats européens de garanties des dépôts bancaires de façon à rassurer les épargnants des pays les plus fragiles. Le plan de Mario Monti a été mis au point avec l'aide de la Banque d'Italie et a obtenu le soutien de Barack Obama et de la Banque centrale européenne, selon le Corriere della Sera. La banque centrale italienne s'est refusée à tout commentaire. L'idée de création d'un fonds paneuropéen, qui est dans l'air depuis un certain temps, a été discutée dans plusieurs réunions internationales et a été abordée au sommet du G8, a-t-on dit, avant-hier, de source proche des discussions. Les épargnants ont commencé à retirer des fonds en Grèce, craignant que le pays ne sorte de l'euro. Certaines données montrent que les déposants ont effectué des retraits en Belgique, en France et en Italie. En Espagne jeudi, le quotidien El Mundo a annoncé que les clients de Bankia avaient retiré depuis plus d'un milliard d'euros de leurs comptes depuis la nationalisation. Ce mouvement de retrait a été démenti par le gouvernement espagnol. Hollande favorable à des euros bonds pour relancer la croissance Le président français François Hollande a déclaré, avant-hier, à l'issue du sommet du G8 qu'il ferait des propositions pour la mise en place d'euros bonds lors du sommet européen du 23 mai. "Tout au long de la période qui ira jusqu'au 23 mai, d'autres propositions pourront être faites pour relancer la croissance. Dans ce paquet, il y aura des euros bonds et je ne serai pas le seul à les proposer, j'en ai eu la confirmation ici", a-t-il déclaré à l'issue du sommet de Camp David. Dirigeant inexpérimenté à l'international, le nouveau président français a participé avec une aisance apparente à son premier G8, où il estime avoir réussi à imposer le mot-clé de "croissance", unique porte de sortie à ses yeux pour un monde en crise. "Je considère que le G8 a été utile et fructueux et permet d'envoyer un double message : il n'y aura pas de croissance sans confiance, et il n'y aura pas de confiance sans croissance", avait-il résumé auparavant lors d'un point de presse informel. Soutenir la Grèce Les dirigeants du G8 se sont exprimés, avant-hier, en faveur du maintien de la Grèce dans la zone euro et se sont engagés à prendre toutes les mesures nécessaires pour relancer l'économie, en reconnaissant que les mêmes recettes ne pouvaient pas être appliquées partout. A l'issue de leur sommet à Camp David, la retraite du président américain dans le Maryland, au cœur des Catoctin Mountains, les chefs d'Etat et de gouvernement de huit grandes économies du monde ont affiché un soutien ferme à l'Europe, engluée dans la crise des dettes dans la zone euro, qui menace l'économie mondiale. Ils dressent le constat que l'économie mondiale montre des signes prometteurs de reprise mais que d'"importants vents contraires persistent". "Notre impératif est de soutenir la croissance et l'emploi", affirment-ils dans leur communiqué final. "Nous sommes déterminés à prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer et revigorer nos économies et lutter contre les tensions financières, en reconnaissant que les mesures appropriées ne sont pas les mêmes pour chacun de nous", ajoutent-ils. Dès vendredi, donnant le ton du sommet, Barack Obama s'était aligné sur la proposition de François Hollande, favorable à des mesures d'incitation à la croissance face à l'austérité prônée par Angela Merkel, qui est apparue isolée. Avant-hier, le président américain a prôné une approche équilibrée pour la relance de l'économie mondiale. "Nous avons besoin d'un programme de croissance tout en maintenant la discipline fiscale", a-t-il déclaré à ses interlocuteurs, selon des sources au fait des discussions entre les huit dirigeants. Obama entre Hollande et Merkel "Nous sommes tous décidés à faire en sorte que la croissance et la stabilité, ainsi que la consolidation budgétaire, fassent partie d'un ensemble de mesures destinées à assurer la prospérité de nos concitoyens, que nous souhaitons tous", avait-il déjà dit dans la matinée. Sur la photo de groupe, Barack Obama a une nouvelle fois cherché l'équilibre en plaçant le président français et la chancelière allemande à ses côtés. Côté français, on juge que la position défendue par le nouveau chef de l'Etat gagne du terrain. François Hollande, qui avait pour objectif de "mettre la croissance au cœur des débats", a lui-même estimé que ce G8 avait été "utile, fructueux", et qu'il permettait d'envoyer "un double message, un message de confiance et un message de croissance." Dans une initiative inhabituelle, le communiqué du G8 mentionne explicitement un pays, la Grèce, plongée dans une impasse politique accentuant la menace d'une faillite. Les électeurs grecs vont devoir voter à nouveau le 17 juin en raison de l'impossibilité de dégager une majorité stable après les élections législatives du 6 mai. Dans leur communiqué, les dirigeants du G8 prônent le maintien de la Grèce dans une zone euro "forte et unie". La crainte est que la crise grecque fasse aussi plonger d'autres pays, notamment l'Espagne, dont le système bancaire est fortement fragilisé. Les responsables européens ont tenté de rassurer leurs partenaires quant à ces risques de contagion. La croissance et l'emploi doivent avoir la priorité, estime Obama Le président américain Barack Obama a salué les progrès réalisés pour contrer la crise économique en Europe, affirmant que la croissance et l'emploi devaient avoir la priorité, avant-hier, à l'issue du G8 à Camp David (Maryland, est des Etats-Unis). Tous les dirigeants sont d'accord aujourd'hui ici, la croissance et l'emploi doivent être notre priorité absolue, a déclaré M. Obama, ajoutant que le sens que le débat a pris récemment doit nous donner confiance sur le fait que l'Europe a pris des mesures significatives pour s'attaquer à la crise. Les pays, au niveau individuel et l'Union européenne dans son ensemble ont entrepris des réformes importantes qui vont améliorer les perspectives de croissance à long terme, a assuré M. Obama dans une courte déclaration à la presse à l'issue de deux journées de sommet. Il y a maintenant un consensus de plus en plus net sur le fait qu'il faut en faire plus pour créer de la croissance et des emplois dans le contexte de ces réformes budgétaires et structurelles, a estimé le président américain, selon qui ce consensus de progrès a été renforcé ici à Camp David. Concernant la situation en Grèce, où la crise de la dette se double d'une crise politique, le dirigeant américain a aussi réitéré son appel à voir ce pays rester dans la zone euro tout en respectant ses engagements. Il a aussi dit reconnaître les sacrifices douloureux que les Grecs ont consentis. Les dirigeants européens connaissent les enjeux. Ils savent l'importance des choix qu'ils doivent prendre et les coûts politiques, énormes et sociaux énormes s'ils ne les prennent pas, a prévenu le dirigeant américain. Les dirigeants des pays du G8, dont le sommet a été dominé par la crise de la dette européenne, avaient auparavant plaidé pour une zone euro forte et unie, avec la Grèce, et s'étaient engagés à encourager la croissance, tout en prenant des mesures contre les déficits. Plus tôt avant-hier, M. Obama avait affirmé que la recherche de la croissance et la lutte contre les déficits devaient aller de pair, une façon de contenter à la fois la chancelière allemande Angela Merkel, apôtre de la rigueur, et les nouveaux dirigeants italien Mario Monti et français François Hollande, qui souhaitent donner davantage priorité à la relance. Mais Mme Merkel, qui devait rencontrer en tête-à-tête M. Obama à Camp David, avant-hier soir, a nié toute divergence entre Paris et Berlin sur ce sujet. Le message important à retenir du sommet, c'est que la consolidation des budgets et la croissance sont les deux faces de la même médaille, a-t-elle affirmé. Selon elle, les dirigeants des pays du G8 et de l'Union européenne sont tombés entièrement d'accord pour dire qu'il faut les deux choses: de la discipline budgétaire et en même temps des efforts pour la croissance. M. Hollande a affirmé avoir obtenu que le soutien à la Grèce soit mentionné par le G8. Le message que j'ai voulu porter ça a été le souhait que la Grèce reste dans la zone euro, respecte ses engagements mais soit appuyée, accompagnée par l'Europe pour stimuler sa croissance, a déclaré M. Hollande.