Des spécialistes ont recommandé, hier, à Alger de passer à la phase répressive dans la lutte antitabac afin de faire face de manière efficace à la banalisation de la commercialisation et de la consommation publique du tabac en Algérie, notamment chez les mineurs. Passer à l'étape répressive dans la lutte antitabac exige, selon ces spécialistes, de revoir l'arsenal juridique existant pour instituer des amendes contre les fumeurs et les vendeurs et en créant les mécanismes nécessaires à l'application de la loi dans ce domaine relevant de la santé publique. Le chef de service des maladies respiratoires à l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger, le Dr Salim Nafti, a indiqué dans une conférence au forum d'El Moudjahid qu'en 2012, il est interdit de nier les dangers du tabac. "Il est temps d'agir en prévoyant des sanctions contre ceux qui fument dans les lieux publics", a-t-il ajouté, à la veille de la journée internationale de lutte contre le tabac. Selon le Dr Nafti, qui est également membre du comité national anti-tabac, les actions de sensibilisation contre la maladie du tabagisme et ses dangers n'ont pas donné de résultats, puisque la consommation du tabac a augmenté de 600%, entre 1992 et 1999. "Les lois existent, il faut les appliquer. Nous sommes en harmonie avec toutes les conventions internationales en matière de lutte contre le tabac", a-t-il dit. L'arsenal juridique relatif à cette lutte souffre de plusieurs "lacunes", a cependant objecté le DrYamina Houhou, chargée de cours à la faculté de droit d'Alger. Le texte de référence de cet arsenal est le décret 01-285 du 24 septembre 2001 fixant les lieux publics où l'usage du tabac est interdit et les modalités d'application de cette interdiction."Cette loi est vidée de son sens par l'absence de sanctions et d'amendes contre les fumeurs dans les lieux publics. L'absence de sanctions empêche l'application de la loi", a indiqué le Dr Houhou. De plus, a-t-elle ajouté, décréter que les lieux publics où l'usage du tabac est interdit sont "tous les lieux fermés et couverts affectés à un usage collectif", comme le stipule le décret, est porteur d'ambiguïté. A ce sujet, le Dr Houhou a appelé le législateur à préciser la nature exacte de ces lieux publics et à élargir cette liste. Les deux conférenciers, qui ont relevé une banalisation de l'usage du tabac, y compris dans les écoles et les établissements de santé publique, ont demandé un engagement politique clair" de la part des autorités pour protéger les non fumeurs et de créer des mécanismes de prise en charge des personnes qui souhaitent de rompre avec la cigarette. S'agissant de la sensibilisation de la population aux dangers du tabac qui expose le fumeur à 25 maladies dont 4 cancers, ils ont lancé un appel à la mobilisation, notamment de la part des associations. A ce propos, la vice-présidente de l'association El Fadjr (agréée en 1989), Mme Hamida Agli, a expliqué que la bataille de mouvement associatif, c'était la prévention car "quand on arrive à l'hôpital, c'est déjà trop tard". El Fadjr, une association d'aide des personnes atteintes de cancer, organise chaque année des campagnes de sensibilisation sur les dangers du tabac dans quelques établissements scolaires, faute d'accès à toute l'institution, a-t-elle précisé. La vice-présidente d'El Fadjr, a indiqué qu'elle a proposé au ministère de l'Education nationale d'organiser des campagnes de sensibilisation dans tous les établissements solaires.