L'allemand Adidas profite de l'Euro-2012 pour asseoir sa position de numéro un mondial dans le secteur du football, où il prévoit des ventes record cette année, la récession qui pèse sur plusieurs marchés européens n'entamant pas l'appétit des fans pour maillots et ballons. Le patron du groupe bavarois, Herbert Hainer, a déclaré cette semaine à Varsovie que le groupe visait un chiffre d'affaires dans ce seul segment supérieur à 1,6 milliard d'euros cette année, soit plus que le précédent record établi en 2010 à la faveur du Mondial en Afrique du Sud. Lors du dernier Euro, en Suisse et en Autriche en 2008, le groupe avait dégagé un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros dans le foot, son coeur de métier historique puisque c'est avec des chaussures à crampons que la société s'est lancé dans les années 50. Le chiffre d'affaires total d'Adidas, qui chapeaute également les marques Reebok et TaylorMade (golf), était de 13 milliards d'euros l'an dernier. Pour la compétition cette année en Pologne et en Ukraine, Adidas équipait six des 16 formations en lice, dont le favori espagnol et l'Allemagne. Le groupe a déjà vendu pas loin d'un million de maillots de la +Roja+ espagnole, a déclaré M. Hainer, parlant à ce propos d'une "surprise". "Nous savons tous que la situation de l'économie espagnole n'est pas des meilleures", a-t-il dit. Mais l'enthousiasme des fans de sport espagnols et européens de manière générale, semble immunisé contre les soubresauts de la conjoncture et les inquiétudes autour de la crise de la dette, une tendance que M. Hainer ne manque pas de souligner trimestre après trimestre lorsqu'il présente les résultats de son groupe. Le maillot allemand, dont Adidas a vendu plus d'un million d'exemplaires pour le moment, est "le maillot qui se vend le mieux" de l'histoire de la marque. Adidas fournit également le ballon officiel de la compétition, le Tango 12, et compte en vendre 7 millions cette année, là aussi un record pour un ballon. Une finale Allemagne-Espagne ? Sur les équipes encore en lice, trois portent les couleurs d'Adidas, deux de son grand concurrent américain Nike (Portugal, France), un de Puma (Italie), et une, l'Angleterre, d'Umbro, marque appartenant à Nike. M. Hainer table, comme le gros des parieurs avec lui, sur une finale Allemagne-Espagne qui propulserait les ventes de maillots des deux équipes à la hausse. L'Allemagne a rencontré la Grèce en quart de finale, avant-hier, et l'Espagne a affronté la France, hier. C'est Nike qui équipe dorénavant les Bleus. Le numéro un mondial du sport s'est lancé dans le football dans les années 90 et outre la France et le Portugal, il a également le Brésil sous contrat. Mais le partenariat officiel d'Adidas avec la Fifa et l'UEFA, qui en fait le fournisseur officiel des ballons mais aussi des tenues des arbitres, garantit au groupe allemand un avantage certain. M. Hainer a d'ailleurs jugé qu'Adidas était déjà suffisamment fort dans le foot. "Nous n'avons pas besoin d'une autre marque", a-t-il dit, réfutant tout intérêt pour Umbro, dont Nike chercher à se défaire. Le concurrent allemand Puma -le frère ennemi basé dans la même bourgade bavaroise d'Herzogenaurach, et issu de la brouille entre les deux frères Dassler- n'ambitionne pour sa part pas de jouer dans la cour des grands. L'Euro-2012 a permis à la filiale du français PPR "de remplir son objectif de s'établir comme clair numéro trois dans le football", selon un porte-parole, qui tire un bilan "très positif" de la phase de poule. Pour Puma, équipementier du sprinteur Usain Bolt et de tous les athlètes jamaïcains, les Jeux Olympiques de Londres en août ont une plus forte portée que l'Euro de football, avait reconnu récemment le patron Franz Koch.