Les prix des métaux industriels échangés au London Metal Exchange (LME) ont lourdement baissé cette semaine, rattrapés par les inquiétudes sur la vigueur de la demande mondiale, après une salve d'indicateurs économique moroses, sur fond de crise persistante en zone euro. Après avoir évolué sans grande direction sur la première quinzaine de juin, le marché des métaux a été dominé cette semaine par une claire tendance baissière: le cuivre a ainsi lâché jusqu'à 4,5%, tandis que plomb, zinc et étain abandonnaient près de 6%, tombant à des niveaux plus vus depuis l'automne. Le marché a "fait preuve d'attentisme" avant la fin, mercredi, d'une réunion de deux jours de la Réserve fédérale américaine (Fed), a souligné William Adams, analyste de Fast Markets. La banque centrale a finalement décidé de prolonger une opération d'échanges de bons du Trésor mais n'a pas annoncé de nouvelles injections de liquidités dans l'économie - une mesure qui, outre le soutien à l'activité, est susceptible d'alimenter les investissements dans les matières premières. "Le marché n'a pas apprécié la décision de la Fed, ou tout du moins, a estimé qu'elle n'était pas allée assez loin" pour soutenir une économie à la peine, a ajouté M. Adams. Déjà sur le repli, les prix ont fortement creusé leurs pertes, jeudi, ébranlés par une série d'indicateurs décevants, signaux inquiétants pour la vigueur de la demande mondiale de métaux. En effet, "l'activité manufacturière s'est contractée en juin en Chine comme dans la zone euro", ainsi que dans la région de Philadelphie (nord-est des Etats-Unis), laissant présager "un repli encore plus prononcé des prix des métaux" sur le reste de l'année, a indiqué Ross Strachan, analyste du cabinet britannique Capital Economics. Le marché reste donc sous le coup d'un "mélange d'incertitudes macro-économiques et d'indicateurs manufacturiers décevants", qui ne sont "clairement pas un signal positif pour les métaux de base", a abondé Nicholas Snowdon, analyste de Barclays Capital. Parmi les incertitudes minant le marché figure notamment l'avenir de la zone euro, toujours engluée dans la crise des dettes souveraines, les investisseurs se concentrant désormais sur la situation de l'Espagne qu'ils redoutent de voir contrainte de demander un plan de sauvetage international. Ainsi, "la menace d'une scission de la zone euro va continuer de plomber l'appétit pour les actifs jugés risqués" comme les matières premières, face à "un fléchissement de la demande" de métaux, a anticipé Ross Strachan. Le CUIVRE est descendu cette semaine à 7 219,50 dollars la tonne, son plus bas niveau depuis le 19 décembre. Le recul des prix du métal rouge est cependant freiné par le déficit de production persistant sur le marché mondial. Selon le rapport mensuel du Groupe international d'études sur le cuivre (ICSG), ce déficit s'est creusé à 135 000 tonnes en mars, contre 95 000 tonnes le mois précédent. L'ETAIN est tombé cette semaine à 18 300 dollars la tonne, un niveau plus vu depuis le 23 septembre, tandis que le ZINC glissait jusqu'à 1 795 dollars et le PLOMB jusqu'à 1 799 dollars, leurs plus bas niveaux depuis le 20 octobre. L'ALUMINIUM a atteint cette semaine 1 854 dollars la tonne, tombant à son plus bas niveau depuis début juin 2010. Outre le ralentissement de la demande, le marché est pénalisé par le gonflement des stocks mondiaux et un niveau de production élevé. L'Institut international de l'aluminium (IAI) a ainsi indiqué mercredi que la production mondiale d'aluminium avait atteint 3,78 millions de tonnes en mai, une augmentation de 5,8% par rapport à avril. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 7 339 dollars cette semaine contre 7 516,50 dollars une semaine plus tôt. L'aluminium valait 1 878 dollars la tonne contre 1 937 dollars. Le plomb valait 1 820 dollars la tonne contre 1 933,75 dollars. L'étain valait 18 410 dollars la tonne contre 19 700 dollars. Le nickel valait 16 350 dollars la tonne contre 16 750 dollars. Le zinc valait 1 813 dollars la tonne contre 1 907,25 dollars.