Dès son retour au pays au mois de janvier 1992, Mohamed Boudiaf désigné comme président du Haut Comité d'Etat (HCE), a considéré la riposte, qu'il espère positive de la part du peuple, contre la crise, comme expression citoyenne prioritaire. Fondamentalement, il avait grande confiance dans la capacité des Algériens à se mettre en rang serré et d'être activement mobilisés, vigilants pour venir à bout de la subversion intégriste. Une situation critique à laquelle il devait faire face, après avoir hériter d'un pays en plein chaos politique et économique. Il a clairement défini les tâches, avec sérénité, car les choses étaient plus compliquées et plus violentes. Son message clair pour tous les responsables de ce désordre et de cette anarchie, annoncé de profond changement dans la douleur. Tenant compte de toutes les éventualités, feu Boudiaf était bien décidé à n'offrir ni concession ni facilité à ces gens-là qui ont terni le prestige de l'Algérie. "L'Algérie ne doit pas disparaître par ces irresponsables du FIS. Elle doit demeurer debout, se prolonger dans son développement politique et économique, disait-il à tout le monde". Le pays ne doit pas être renfermé ni mis à genoux. A travers ce discours qui passait avec beaucoup d'aisance pour être saisi par le peuple, le président du HCE a fait montre d'un exemple. Celui de savoir accomplir les obligations de l'appel de la patrie, encore une fois, dans des moments très difficile. Conscient et digne de la charge qui lui a été confiée, il a, au nom des intérêts les plus sincères et les plus fondamentaux du pays, mis tout son poids historique durant six mois pour s'atteler à faire revenir la confiance parmi la population et à relever le prestige du pays au niveau international. Il voulait instaurer une Révolution pour le changement radical. Sa réussite allée signifier un tournant radical pour toute la Nation. Une responsabilité des plus périlleuses, la plus rude de tous les temps, et il le savait, car l'horizon dans tous ses couloirs était chargé de nuages. Dans un pays complètement déchiré et voué à une très grande dislocation de la société, Tayeb El Watani, était convaincu que l'histoire de l'Algérie ne se détient pas par un intégrisme religieux, la répression, les massacres et la destruction de l'économie nationale, mais par l'unité nationale et le travail. " Cette étape sera dépassée par l'apport et la contribution de tous les Algériens ". Une étape difficile, ne cessait-il de répéter, " elle ne devrait pas isoler l'Algérie du reste du monde. Mais le lever de l'espoir appartient au peuple ". Un peuple qu'il voulait avancer pour la conquête de la paix, la sécurité et le développement d'une vie meilleure. Malheureusement, Mohamed Boudiaf a été stoppé le 29 juin 1992 à Annaba. Il a payé de sa vie la défense de principes qui sont chers au pays. Sa loyauté à faire preuve de beaucoup de nationalisme pour sortir le pays et la société de cette grande catastrophe, prouve qu'il fut un homme qui sait très bien interpréter le grand désir de justice sociale. Feu Boudiaf avait, en effet, beaucoup d'espoirs que le peuple reste vigilant. Il ne doit pas se soumettre aux idées intégristes qui visent les fondements de la République ni se laisser massacrer par les terroristes mais se défendre à travers son unité. " Le peuple est en droit de se défendre et construire une Algérie nouvelle avec ses propres efforts pour une vie digne et meilleure ". Il avait toujours des paroles directes, tranchantes et sans détours à l'égard de ceux qui se sont mis hors-la-loi et contre ce qu'il appelait " la mafia politico-financière " et qui ont entraîné l'Algérie dans un profond gouffre. Boudiaf voulait gagner son pari et remplacer par la voie de l'autorité de l'Etat la violence. Les circonstances ne l'ont pas laissé triompher. Sa disparition a encore plongé le pays dans une situation critique et incertaine. Une atmosphère d'inquiétude grandissante a gagné les esprits. Les intégristes, sous l'impulsion du FIS, ont poursuivi leur violence poussant à la guerre civile aux accents de la religion. Face à cette crise qui secouait le pays dans tous les domaines, feu Boudiaf, bien impliqué dans cette étape douloureuse, avait la certitude que l'espoir qu'il semait dans la conscience des Algériens ne pourra germer dans l'obscurantisme. "Nul ne doit retenir les avancées vers la paix, la sécurité et la quiétude des citoyens avec aveuglement et par le terrorisme ". C'est dire que le moment est à tous, c'est le peuple qui doit construire sa propre sécurité et son destin.