Le retrait de l'autorisation de mise sur le marché de l'insecticide Cruiser OSR, soupçonné d'être néfaste pour les abeilles a été confirmé, avant-hier, par le ministre français de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Le 1er juin, le ministre avait annoncé qu'il avait décidé d'interdire l'utilisation du Cruiser "pour l'enrobage des semences de colza au niveau français". Mais le détenteur de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) disposait d'un délai de 15 jours pour faire part de ses observations. "Les observations transmises le 15 juin par le détenteur de l'AMM ne sont pas de nature à remettre en cause les éléments ayant conduit à envisager son retrait", a annoncé avant-hier, le ministère dans un communiqué. "L'exposition des abeilles au travers des résidus de thiametoxam, substance active de ce produit, dans le nectar de colza, à la dose sublétale ayant des effets néfastes sur le retour à la ruche des abeilles butineuses, ne peut être exclue", a-t-il expliqué. Le ministre a donc décidé de retirer l'AMM et "compte-tenu de l'approche imminente de la commercialisation et de l'utilisation des semences de colza traitées par des produits contenant du thiametoxam sur le marché européen", il "engage par ailleurs la procédure européenne visant à interdire les semis de colza traité par enrobage au thiametoxam". Dans un communiqué, l'organisation de défense de l'environnement France Nature Environnnement (FNE) s'est félicitée de cette décision. FNE "demande de poursuivre sur cette dynamique en interdisant toute la famille des néonicotinoïdes, ces insecticides qui -comme le Gaucho- sont dangereux pour les abeilles". Le ministre est allé plus loin que ne le préconisait l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Dans un rapport, elle avait recommandé de renforcer la réglementation européenne sur les produits phytosanitaires, rappelant que la surmortalité des abeilles n'est pas liée à une cause unique mais à une multitude de facteurs. L'Anses avait été saisie en mars par le ministère de l'Agriculture après la publication d'un article dans la revue "Science". Cette étude montrait que les abeilles exposées au thiaméthoxam, l'une des molécules du Cruiser, revenaient moins nombreuses à la ruche que les autres, ce qui fragiliserait les colonies. En France, le thiaméthoxam est autorisé en traitement de semences pour les cultures de maïs (Cruiser 350), de betterave (Cruiser 600 FS), de pois (Cruiser FS) et de colza (Cruiser OSR). Seul le colza a des fleurs dont les abeilles butinent le nectar. Le groupe Syngenta, qui produit le Cruiser, a contesté les conclusions de l'étude dès sa parution dans la revue "Science". Les abeilles de l'expérimentation ont été exposées à une dose"30 fois plus élevée qu'en conditions réelles", a dénoncé la firme d'agrofourniture. Selon elle, "pour atteindre la quantité de thiaméthoxam retenue dans l'étude, l'abeille devrait consommer quotidiennement jusqu'à sept fois son propre poids en nectar".Syngenta affirme sur son site internet que son "Cruiser OSR a déjà été utilisé sur plus de trois millions d'hectares de colza en Europe sans incident".