Le premier constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën a provoqué un choc, avant-hier, en annonçant la fin de la production en 2014 à l'usine d'Aulnay (Seine-Saint-Denis), où travaillent plus de 3 000 salariés, et un plan global de 8 000 suppressions de postes. La fin de la production de voitures à Aulnay est la première fermeture d'une usine automobile en France depuis celle de Renault à Boulogne-Billancourt en 1992. Philippe Varin, le patron du groupe, a dit "mesurer pleinement la gravité des annonces faites aujourd'hui ainsi que le choc et l'émotion qu'elles provoquent dans l'entreprise et dans son environnement". Le groupe a mis en avant des pertes au premier semestre et une réduction durable des marchés en Europe pour justifier ces décisions radicales en matière d'emploi, qui viennent s'ajouter à des mesures annoncées fin 2011. PSA avait alors annoncé son intention de supprimer 6 000 postes en Europe, dont près de 4 000 en France, y compris chez les prestataires. "Personne ne sera laissé au bord du chemin", a promis M. Varin. Fin 2011, le groupe comptait environ 100 000 salariés en France, dont plus de 80 000 dans sa branche automobile. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a évoqué "un véritable choc" pour l'industrie et "les territoires affectés par ces projets". Il a demandé à PSA de mener une "concertation loyale avec les partenaires sociaux" pour étudier "toutes les alternatives". Un plan d'aide à la filière automobile devrait être annoncé le 25 juillet par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif. Philippe Varin, a rejeté l'idée d'un prêt ou d'une entrée de l'Etat au capital du constructeur. "Nous avons une sécurité financière importante, ce sujet n'est pas à l'ordre du jour", a-t-il dit. Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, a lui parlé de "séisme". Ce nouveau plan prévoit la fin de l'assemblage à Aulnay (3 000 postes), la suppression de 1 400 postes à l'usine de Rennes et de 3 600 emplois dans les effectifs hors production tous sites confondus, dont 1 400 en recherche et développement. PSA s'est engagé, avant-hier, à attribuer un nouveau modèle à Rennes pour l'après 2016. Selon Bernard Thibault, "dès lors que Peugeot annonce la suppression de 8 à 10 000 emplois, il faut multiplier par trois, voire quatre, pour mesurer l'impact en termes d'emploi". L'ensemble de la classe politique a accusé le coup. Parmi les très nombreuses réactions, Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a jugé que la cote d'alerte était dépassée" et que "la priorité absolue pour notre pays, c'est la compétitivité de notre industrie". Le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Pascal Durand, a lui mis en cause "les pouvoirs publics (qui) n'ont pas pris la mesure, anticipé, pensé à l'avenir". "La guerre est déclarée" Selon le maire PS d'Aulnay-sous-Bois, Gérard Ségura, la fermeture de l'usine de sa ville est "la chronique d'une mort annoncée, même si les choses ont été cachées pendant l'élection présidentielle". La fin de la production à Aulnay était redoutée depuis un an, après la révélation par la CGT de PSA de documents confidentiels évoquant ce schéma de manière précise. Dans les premiers échanges la direction du site a décidé d'arrêter la chaîne de montagne pour permettre des prises de parole. L'usine était au ralenti à la mi-journée. "La guerre est déclarée", a estimé Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de PSA, pour qui "en temps de crise économique, c'est un crime social de fermer une usine, de sacrifier Aulnay au nom de la rentabilité". "En septembre, une grande bataille va commencer", a-t-il ajouté. Franck Don de la CFTC est "convaincu que la stratégie de montée en gamme va amplifier les pertes d'emplois en France", a-t-il déclaré. "La baisse des effectifs en R&D est gravissime", a souligné M. Don pour qui "cela n'augure rien de bon pour l'avenir". Sur les 8 000 suppressions de postes, le constructeur prévoit 6 500 départs nets du groupe, et donc 1 500 reclassements internes. Le groupe tentera de trouver des volontaires au départ, selon des modalités à définir. Les salariés de l'usine de Sevel Nord (utilitaires), également visée par les documents confidentiels révélés en 2011, nourrissent désormais de fortes inquiétudes. Après ces annonces, le titre de PSA gagnait 1,37% à 7,24 euros à la Bourse de Paris, vers la mi-journée. Le constructeur a dit avoir enregistré une perte nette au premier semestre 2012, dont l'ampleur n'est pas précisée. Il table sur un recul du marché européen de 8% cette année et de -10% en ce qui le concerne.