Au lendemain du message adressé par le roi du Maroc, Mohamed VI, au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflila, l'expert l Abderahmane Mebtoul en fait une lecture pour dire que les objectifs stratégiques de l'Algérie "ont toujours été inscrits dans le cadre d'une intégration maghrébine pour faire du Bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité au profit de la région ". Pour lui, les relations, depuis la guerre de Libération nationale à ce jour, avec le Maroc, en dépit de "certaines perturbations, sont bonnes et devraient à l'avenir s'intensifier". Dans le message qu'il a adressé au président Bouteflika, le roi Mohamed VI propose à l'Algérie "une coopération bilatérale solide" pour lutter contre le terrorisme. Ce nouvel intérêt pour l'Algérie de la part de la communauté internationale, en rapport avec l'expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme, fait dire à M. Mebtoul : "Depuis la conférence d'Istanbul en 2004, l'Otan à travers notamment l'action des Etats-Unis suite aux événements du 11 septembre, s'est fixé, comme priorité la lutte antiterroriste notamment, faire de la région de la Méditerranée un lac de paix. Cela n'est effectivement pas innocent dans la mesure où cette stabilité de la Méditerranée est indispensable à une paix juste et durable au Moyen-Orient ". Il rappellera que la région du Moyen-Orient détient 70% des réserves énergétiques mondiales. D'ailleurs, ajoute-t-il, "l'action à la fois économique et militaire des Etats-Unis, est l'un des éléments majeurs ayant comme support la politique énergétique comme moyen d'approvisionnement durable de ce pays, lorsque l'on sait qu'il dépend actuellement à plus de 50 % des importations. On extrapole vers 2020/2025 à plus de 70% ; cela est également valable pour l'Europe". Evoquant le caractère transnational du terrorisme mis en relief dans le message du roi Mohamed VI, M. Mebtoul estime que dans ce domaine, il y a plusieurs actions qui sont sur le terrain depuis la conférence d'Istanbul ; c'est que " le terrorisme est maintenant un phénomène planétaire. L'Algérie a vécu un drame et était isolée. Il fallut les événements du 11 septembre pour que la communauté internationale prenne conscience que c'est un phénomène planétaire". L'expert international explique que maintenant, combattre les causes du terrorisme, ne " renvoie pas uniquement à la violence. Le sous-développement, le racisme, la bipolarisation Nord-Sud, nourrit effectivement l'extrémisme. C'est tout le problème du dialogue des cultures, du dialogue entre l'Orient et l'Occident. Il faut atténuer cette bipolarisation, lorsque l'on sait que 70 % des richesses mondiales sont produites par les Etats-Unis et l'Europe et bien entendu à l'horizon 2015/2020 avec l'entrée en puissance de la Chine, de l'Inde et accessoirement du Brésil et qui deviennent de plus en plus des poids au niveau de l'économie mondiale, le terrorisme ne se nourrissant pas uniquement par une action armée, cela implique un développement économique durable au niveau du Maghreb, tisser effectivement les liens entre l'efficacité économique et une très grande justice sociale, lutter contre la corruption, contre les crimes organisés (trafic de drogue, d'armes etc.) ". D'après lui, tout cela renvoi à des éléments très complexes où l'économique, le politique et le culturel sont "inextricablement liés". Concernant le rôle de l'UMA et de l'Union africaine dans la lutte contre le terrorisme, M. Abderahmane Mebtoul, pense à l'idée du président français, Nicolas Sarkozy, à travers cette " fameuse Union méditerranéenne qui ne concerne pas uniquement l'économique, mais également le culturel et le militaire. Cette vision s'inscrit dans un acte plus large, c'est un peu les relations entre l'Europe et l'Afrique via la Méditerranée. On veut faire donc, de cette Méditerranée, dont un de ses noyaux, est l'intégration maghrébine, est une zone tampon de prospérité pour éviter cet exode et cette immigration massive notamment de l'Afrique subsaharienne vers l'Europe surtout lorsqu'on sait que le continent africain, dans une dizaine d'années, va abriter 1,5 milliard d'âmes. Cela rentre donc dans une vision stratégique, d'où l'importance de dynamiser le Nepad, qui est une chance pour l'Afrique".