Les Bourses européennes ont décroché, avant-hier, dans un marché plombé par les inquiétudes sur la santé financière de la zone euro et de l'Espagne en particulier, dont les taux d'intérêt à long terme s'affichent toujours supérieurs à 7%. La situation toujours très inquiétante de l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, était à l'origine de ce fort mouvement de baisse, malgré le feu vert donné par la zone euro au plan d'aide aux banques ibériques. "C'est intenable pour Madrid de payer de tels niveaux de taux d'intérêt et les investisseurs craignent une aggravation de la situation de ce pays et vendent les titres européens, notamment les banques", expliquait à Paris Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities. Les investisseurs n'ont visiblement pas été rassurés par le feu vert donné par la zone euro au plan d'aide aux banques espagnoles, qui prévoit une enveloppe pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros. Leurs inquiétudes ont au contraire été renforcées par un appel au secours de la région de Valence lancé à l'Etat espagnol, qui a demandé d'avoir recours à un fonds d'aide aux régions doté de 18 milliards en raison d'un manque de liquidités. Dans le pays, la colère sociale est montée d'un cran avec de nombreuses manifestations alors que parallèlement les derniers chiffres macro-économiques font état d'une situation toujours très dégradée. "Les inquiétudes pour l'Espagne s'accroissent à mesure que les taux des obligations à dix ans du pays s'envolent bien au-delà de 7%", un taux considéré comme insoutenable, ont commenté à New York les experts de Charles Schwab. L'Eurostoxx 50 a perdu 2,83% A Paris, l'indice CAC 40 a cédé 69,75 points pour passer sous les 3 200 points à 3 193,89 points, dans un volume d'échanges plus animé que lors des séances précédentes avec 3,74 milliards d'euros traités. A l'exception d'EADS (+3,87% à 28,71 euros) et de Publicis (+2,67% à 39,47 euros), les autres valeurs du CAC 40 perdaient du terrain. Au premier rang d'entre elles, le Crédit Agricole a perdu 6,35% à 3,21 euros, BNP Paribas a lâché 5,60% à 28,51 euros et la Société Générale a abandonné 4,35% à 16,39 euros. A Francfort, l'indice Dax a fini en baisse de 1,90% à 6 630,02 points. RWE (énergie) a subi la plus forte baisse du jour, lâchant 5,95% à 31,87 euros après la publication de commentaires très négatifs de la banque UBS. Deutsche Bank a lâché 4,48% à 24,65 euros, toujours prise dans la tempête de la manipulation des taux interbancaires (Libor). A Londres, l'indice FTSE-100 a cédé 1,09% à 5 651,77 points. Les banques ont terminé en baisse, comme Royal Bank of Scotland (RBS) (-3,63% à 204,6 pence), Barclays (-3,17% à 159,05 pence) et HSBC (-2,64% à 534,9 pence). Vodafone a aussi perdu 2,76% à 178 pence, à cause d'un net recul de son chiffre d'affaires au premier trimestre. Parmi les rescapés, Anglo American a terminé en tête des hausses (+1,20% 2 059,5 pence), grâce à un bon rapport d'activité. La Bourse de Madrid a abandonné 5,82% à 6 246,3 points, paniquée après l'appel à l'aide de la région de Valence. L'indice a été tiré vers le bas par les valeurs bancaires : Santander, première banque en zone euro par la capitalisation boursière, a perdu 7,32% et BBVA a reculé de 7,80%. L'indice vedette de la Bourse de Milan, le FTSE Mib, a clôturé sur une chute de 4,39% à 13 067 points, affecté par la hausse des taux sur les obligations de l'Etat italien sur les marchés secondaires. Banca Popolare Emilia Romagna a dévissé de 10,65% à 3,154 euros, Banca Monte Paschi di Siena a chuté de 8,55% à 0,1573 euro tandis que Banca Popolare a perdu 7,59% à 0,865 euro. Le titre d'Unicredit, première banque italienne, a perdu 7,24% à 2,436 euros tandis que le groupe Intesa SanPaolo a perdu 6,53% à 0,9375 euro La Bourse suisse a terminé en repli, l'indice SMI cédant 0,61% à 6 284,81 points, notamment entraîné à la baisse par les valeurs bancaires. UBS a enregistré le plus important recul (-4,39% à 10,03 francs) tandis que son concurrent Credit Suisse a perdu 2,94% à 16,83 francs. Le groupe d'ingénierie ABB a gagné 1,01% à 15,96 francs suisses devant Novartis qui a pris 0,36% à 56,20 francs. L'indice AEX de la Bourse d'Amsterdam a cédé 0,84% à 319,75 points. Le groupe sidérurgique ArcelorMittal a enregistré la baisse la plus forte, cédant 3,95% à 12,15 euros. Parmi les rares valeurs à la hausse, le groupe néerlando-suédois AkzoNobel, numéro un mondial de la peinture, a gagné 0,83% à 43,41 euros. La Bourse de Bruxelles a terminé en forte baisse, perdant 1,89% à 2 249,84 points. A l'exception du groupe de métallurgie Bekaert (+0,46% à 20,85 euros), toutes les valeurs de l'indice Bel-20 ont fini dans le rouge. Parmi les plus fortes baisses: le bancassureur KBC a chuté de 5,20% à 15,94 euros, GDF Suez a reculé de 3,60% à 17,56 euros et le groupe de téléphonie Mobistar de 3,62% à 26,09 euros La Bourse de Lisbonne a dégringolé de 2,14% à 4 754,22 points. La banque BES a reculé de 4,82 %, la BPI de 1,90% et la BCP de 1,03%. Portugal Telecom a perdu 3,92%, tandis que le pétrolier Galp a reculé de 1,60%. Wall Street finit en repli, prise à nouveau dans la spirale espagnole La Bourse de New York a terminé la semaine en baisse, pénalisée par le retour des inquiétudes pour la zone euro où les taux obligataires espagnols se sont envolés: le Dow Jones a perdu 0,93% et le Nasdaq 1,37%. Selon les chiffres définitifs à la clôture, le Dow Jones Industrial Average a perdu 120,79 points à 12 822,57 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 40,60 points à 2 925,30 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a abandonné 1,00% (-13,85 points) à 1 362,66 points. Après s'en être désintéressée ces derniers jours, Wall Street tournait à nouveau son attention vers la zone euro, dont les ministres des Finances ont donné la veille leur feu vert au plan de sauvetage des banques espagnoles qui prévoit une enveloppe pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros. La hausse des taux obligataires espagnols est inquiétante et a contribué à la baisse générale, a remarqué Michael James, de Wedbush Securities. La crise en Espagne va continuer à se développer pendant quelque temps, la crise est là pour durer. Les inquiétudes pour l'Espagne s'accroissent à mesure que les taux des obligations à dix ans du pays s'envolent bien au-delà de 7%, un taux considéré comme insoutenable, ont noté les experts de Charles Schwab. Plus la situation en Europe se dégrade, plus les inquiétudes augmentent pour la croissance mondiale, a ajouté Gregori Volokhine, président de Meeschaert New York, jugeant injuste que Wall Street subisse les répercussions des difficultés du Vieux Continent, tant les sociétés américaines ont prouvé qu'elles résistaient bien à la crise de la dette. Si, en se réveillant ce matin, on avait seulement regardé les résultats aux Etats-Unis, avec Microsoft, Google et GE, on aurait pu avoir une hausse des indices, a-t-il ainsi avancé. Le marché obligataire a fini en hausse. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 1,460% contre 1,515% la veille et celui à 30 ans à 2,546% contre 2,614%. Tokyo : le Nikkei clôture en baisse de 1,43% à cause du yen fort La Bourse de Tokyo a terminé la semaine en baisse de 1,43%, inquiète pour les profits des entreprises exportatrices confrontées à un yen très fort. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a perdu 125,68 points à 8 669,87 points. Sur l'ensemble de la semaine, il s'est effrité de 0,62%. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a chuté de son côté de 1,78%, lâchant 13,31 points à 733,82 points. L'activité a été faible, avec 1,57 milliard d'actions échangées sur le premier marché. En l'absence de données macro-économiques significatives, les investisseurs ont focalisé sur la valeur du yen qui s'échange depuis des mois à des niveaux de vigueur exceptionnels face au dollar et à l'euro. Les menaces régulières d'intervention directe des autorités japonaises sur le marché des changes, afin d'abaisser la valeur du yen, ne semblent pas vraiment convaincre le marché. Considéré comme une valeur refuge par les investisseurs par temps économique difficile, le yen a en effet tendance à flamber dès qu'une mauvaise nouvelle concerne le front de la dette européenne ou la croissance mondiale. Cette force exceptionnelle, inédite depuis des années, voire depuis toujours, sape la compétitivité à l'étranger des produits Made in Japan et réduit la valeur des revenus tirés hors du Japon par les firmes nippones, lorsqu'elles les convertissent en yens. La hausse du yen a complètement éclipsé les bons résultats financiers de plusieurs fleurons de l'économie américaine, annoncés la veille et qui ont permis à Wall Street de rebondir. Les opérateurs tokyoïtes ont plutôt angoissé pour les résultats des grandes firmes nippones, qui seront annoncés à partir de la semaine prochaine et qui pourraient être plombés par la flambée du yen. Parmi les groupes exportateurs touchés par le taux de change, les constructeurs d'automobiles ont cédé du terrain: Toyota 1,75% à 2 967 yens et Honda 1,15% à 2 487 yens, Nissan ne perdant pour sa part que 0,14% à 727 yens. Du côté des fabricants d'électronique, Sony a chuté de 2,24% à 958 yens, Panasonic de 3,51% à 523 yens et Sharp de 2,21% à 310 yens. Le secteur de l'électricité est resté sous pression en raison de l'arrêt de la quasi totalité des réacteurs nucléaires du pays 16 mois après l'accident de Fukushima, ce qui pèse sur les finances des compagnies : Tokyo Electric Power a perdu 1,52% à 130 yens et Kansai Electric Power 5,60% à 708 yens. Les incertitudes liées à la crise financière européenne et au ralentissement de la croissance mondiale ont pesé sur les valeurs bancaires: Mitsubishi UFJ Financial Group a perdu 3,41% à 368 yens, Mizuho Financial Group 3,87% à 124 yens et Sumitomo Mitsui Financial Group 2,90% à 2 443 yens. Le groupe de services financiers Nomura a lâché 3,72% à 259 yens.