Les prix des carburants vont diminuer de 6 centimes par litre au maximum, dès maintenant et pour trois mois, même si la baisse variera selon les points de vente, a annoncé, avant-hier, le gouvernement après une réunion avec les industriels, qui financeront ce coup de pouce avec l'Etat. Les prix à la pompe baisseront jusqu'à 6 centimes d'euro, 3 centimes pour les pétroliers et 3 centimes pour l'Etat, un montant extrêmement substantiel et, concrètement, c'est un euro et demi de moins pour un plein de 25 litres, a annoncé le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici à la presse en fin de matinée. Cette décision sera applicable dans les 24 heures et donc les prix à la pompe vont baisser maintenant, a-t-il ajouté, précisant que cela représenterait pour l'Etat un effort qui sera d'environ 300 millions d'euros. En pratique, la baisse variera d'une station-service à l'autre, les industriels étant invités à baisser leurs tarifs en fonction de leurs possibilités, sachant qu'ils ont l'interdiction de vendre à perte. Les détaillants qui pratiquent déjà des marges déjà quasi nulles pourraient donc se contenter de répercuter la baisse de taxe de 3 centimes consentie par l'Etat, sans coup de pouce supplémentaire, à moins d'obtenir des rabais auprès de leurs fournisseurs de carburant. Les opérateurs ont dit qu'ils allaient faire un effort et chacun va dire jusqu'où il pourra aller pour réduire ses tarifs, a indiqué le président de l'Union française des industries pétrolières, Jean-Louis Schilansky, à l'issue d'une réunion à Bercy consacrée à cette mesure. J'espère que ce sera sensible pour le consommateur, a-t-il ajouté, en confirmant que la baisse serait immédiate. Prêt à jouer le jeu Total s'est aussitôt dit prêt à jouer le jeu. C'est un bel effort de la part de tout le monde et pour nous c'est encore plus important car c'est la relance de notre effort commercial vis-à-vis de nos clients, a déclaré le P-DG du groupe pétrolier Total Chistophe de Margerie à BFMTV. Carrefour est très déterminé et nous voulons montrer que nous voulons aider les Français en cette période de rentrée. Nous, nous avons baissé déjà beaucoup les prix et nous les baisserons le plus possible, sans aller jusqu'à franchir le seuil de revente à perte, a indiqué de son côté à la presse Jérôme Bédier, qui représentait l'enseigne à Bercy. Pour ce qui concerne les distributeurs indépendants que je représente, si nos fournisseurs nous appliquent des baisses nous les appliqueront, pour le reste, sur nos propres marges, il est hors de question qu'on les baisse car elles sont déjà très faibles, a prévenu Christian Roux, président de la Branche nationale des propriétaires-exploitants de stations-service au sein du Conseil national des professions automobiles. Les magasins Leclerc et Système U avaient quant à eux devancé dès lundi l'appel du gouvernement, en s'engageant à vendre leur carburant à prix coûtant dès la rentrée. Les centres Leclerc répercuteront systématiquement les baisses qui seront annoncées par le ministre et nous mettrons au pot aussi, de un à trois centimes, jusqu'à vendre à prix coûtant et ne plus avoir de marge, a indiqué, avant-hier, Michel-Edouard Leclerc, patron du groupe éponyme. Le gouvernement s'était engagé à faire baisser dès cette semaine les prix du gazole et l'essence, grâce à un effort partagé avec le secteur. Ce dispositif a été préféré au blocage des prix qui avait été promis par François Hollande avant son élection, trop compliqué à mettre en œuvre. Cette diminution des prix à la pompe est un peu plus conséquente que la fourchette de 2 à 4 centimes qui avait été évoquée la veille par le chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault, mais il est peu probable qu'elle satisfasse les associations de consommateurs, alors que le gazole a atteint la semaine dernière un nouveau record (près de 1,46 euro le litre). Dans un communiqué, la Confédération générale du logement a réclamé une baisse des prix non pas de quelques centimes, mais de manière substantielle, et exigé la pleine application des promesses du candidat Hollande (gel temporaire des prix suivi d'une fiscalité flottante). De son côté, l'association Familles rurales avait prévenu dès lundi qu'en dessous de 10 centimes par litre, une baisse des carburants n'aurait aucun impact sur le pouvoir d'achat.