Malgré les sanctions internationales, l'Iran a doublé ses capacités d'enrichissement d'uranium sur son site de Fordo, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui accuse aussi le pays, en des termes sévères, d'entraver son travail sur le site de Parchin. La République islamique avait installé environ 2.000 centrifugeuses à Fordo au 18 août, contre environ un millier en mai, selon le document. Sur ce nombre, environ 700 sont en activité, précise l'AIEA. Les diplomates à Vienne, siège de l'agence onusienne, avaient misé sur environ 350 centrifugeuses de plus. L'activité d'enrichissement d'uranium de l'Iran, en particulier l'installation continue de centrifugeuses à Fordo, sont profondément troublantes, a indiqué un diplomate occidental sous couvert d'anonymat. Le site de Fordo, enfoui sous une montagne et difficile à attaquer, a une capacité de quelque 3 000 centrifugeuses. L'uranium enrichi est utilisé pour la production d'électricité ou d'isotopes médicaux, servant à diagnostiquer certains cancers, mais purifié jusqu'à 90%, il entre dans la fabrication de l'arme atomique. L'Iran ne va pas au delà de 20%. Selon le dernier pointage de l'AIEA, il a produit 6 876 kg d'uranium enrichi jusqu'à 5% (679 kilos de plus que les chiffes de mai) et 189,4 kg d'uranium à 20% (soit une hausse de 43,8 kg). Les Occidentaux et Israël soupçonnent le pays de vouloir, sous couvert de son programme civil, développer l'arme nucléaire, ce que Téhéran a toujours formellement démenti. Le pays est sous le coup de six résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, dont quatre assorties de sanctions, notamment concernant l'enrichissement d'uranium, au cœur du conflit avec les grandes puissances et l'Etat hébreux. L'AIEA reproche toutefois au pays de ne pas coopérer suffisamment avec elle, ce qui l'empêche, après plus de huit ans d'enquête, de déterminer avec certitude si le programme est bien purement pacifique comme il l'affirme. Dans le rapport, elle l'a directement accusé d'entraver son travail de vérification sur la base militaire de Parchin, où l'AIEA soupçonne des activités nucléaires illicites. L'Iran a mené des activités à Parchin qui entraveront considérablement la capacité de l'agence à mener une vérification efficace, dénonce l'AIEA, laissant clairement entendre que Téhéran a fait disparaître des traces suspectes. L'agence soupçonne les autorités d'avoir procédé dans un conteneur à des tests d'explosion conventionnelle pouvant être applicables au nucléaire sur cette base militaire, ce que le pays dément. L'AIEA demande depuis le début de l'année à l'Iran d'accéder à Parchin, sans succès. S'appuyant sur des images satellites, elle avait dit craindre que l'Iran ne nettoie l'endroit avant d'autoriser les inspecteurs de l'agence de procéder à leur vérification. Quand l'agence aura accès à l'endroit en question, sa capacité de mener une vérification efficace aura été considérablement entravée, déplore-t-elle dans le rapport. Le site de Parchin avait été évoqué dans le sévère rapport de l'AIEA publié en novembre dernier. L'agence avait pour la première fois présenté des éléments indiquant que le pays avait travaillé à la mise au point de l'arme atomique avant 2003, et peut-être ensuite. L'Iran avait rejeté ces assertions, jugeant le rapport falsifié et politisé.