L'heure de vérité est venue pour François Hollande qui devait s'exprimer, hier soir, à la télévision quatre mois après son arrivée à L'Elysée, estimait, hier, François Bayrou, qui a appelé le chef de l'Etat à "s'élever au niveau historique de ses responsabilités." François Hollande était l'invité du journal de 20 heures de TF1, une intervention condamnée à être forte pour rassurer un pays qui a pris la mesure de la crise économique. Dans un entretien au Journal du Dimanche, le président du MoDem, qui s'exprimait pour la première fois après sa double défaite aux élections législatives et présidentielle, confiait attendre du chef de l'Etat qu'il fasse preuve de responsabilité. "Sa responsabilité, c'est de dire aux Français où ils vont aller ensemble et comment ils y iront", déclarait le leader centriste, qui est arrivé cinquième de l'élection présidentielle avec 9,13% des voix. "Sa responsabilité est de leur faire sentir que le progrès passe par le courage. Et qu'il n'est pas, en proposant le cap de l'espoir par l'effort, l'homme d'un camp, mais l'homme du pays tout entier." L'intervention télévisée du chef de l'Etat constitue "la première heure de vérité pour lui. Son quinquennat commence ce soir", poursuivait l'ancien député des Pyrénées-Atlantiques, qui qualifiait "d'enjeu historique" l'effort budgétaire évoqué par François Hollande pour équilibrer les comptes. "Jusqu'à maintenant, il était un président élu, il lui reste à devenir un président de la République de plein exercice. Il doit s'élever au niveau historique de ses responsabilités. Il en a les capacités intellectuelles. Il lui faudra le caractère." Interrogé sur le début du mandat du chef de l'Etat, François Bayrou estimait que François Hollande "a su créer un climat moins tendu, moins virulent, moins crispé, et c'est nécessaire dans un pays en crise."Il saluait également le rééquilibrage du "jeu européen-européen" opéré par le chef de l'Etat "en réintroduisant l'Italie et dans une moindre mesure l'Espagne dans la discussion." Il déplorait toutefois le nombre trop important de ministres au sein du gouvernement et l'absence "de cap".A l'issue des élections, François Bayrou avait annoncé qu'il resterait à la tête du MoDem mais qu'il se mettrait en retrait de la vie politique pendant quelques mois afin de "visiter le pays du silence". "Ce recul était bienfaisant. Cela permet de décanter, de se réparer, et de voir l'essentiel. L'essentiel est là devant nous, c'est la situation extrêmement dégradée, terriblement inquiétante, de la France", souligne l'ancien député qui refuse toujours de se situer dans la majorité ou dans l'opposition. Les Français mécontents Cinquante-neuf pour cent des Français se disent plutôt mécontents des débuts de François Hollande, en tant que président de la République contre 34% en mai, selon un sondage BVA pour le Parisien-Aujourd'hui en France publié, hier. Selon le sondage BVA, une majorité de Français (55%) estiment que le gouvernement ne va pas assez loin dans le domaine des réformes et 57% considèrent en outre qu'il ne répartit pas équitablement les efforts demandés entre tous les Français. Ils sont 38% à estimer que l'exécutif actuel fera moins bien que le précédent, pourtant très impopulaire, souligne BVA. A titre de comparaison, en mai dernier, les Français étaient 41% à penser que le tandem Hollande-Ayrault ferait mieux que le duo Sarkozy-Fillon. Cinquante-huit pour cent des personnes interrogées estiment par ailleurs que le gouvernement respecte les engagements pris lors de la campagne électorale, soit 4 points de plus que Nicolas Sarkozy et 10 de plus que Jacques Chirac à la même période. Cette enquête a été réalisée par internet les 6 et 7 septembre auprès d'un échantillon de 1 034 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.