L'Espagne, pressée de toute part de faire savoir si elle a besoin d'une aide financière globale, a fait savoir à l'Eurogroupe qu'elle présenterait un nouvel ensemble de mesures de réforme économique, assorti d'un calendrier détaillé, d'ici la fin du mois.Les coûts de financement de l'Espagne ont sensiblement baissé sur les marchés depuis que la Banque centrale européenne s'est dite prête à racheter ses obligations souveraines. Mais le pays est confronté à de lourdes échéances de remboursement avant la fin de l'année et à une récession qui s'amplifie. Ce qui fait dire à nombre d'experts qu'un appel de Madrid à l'aide internationale est inéluctable.La BCE a en outre été claire : intervenir sur le marché secondaire de la dette espagnole suppose de solliciter les mécanismes de renflouement de la zone euro et de respecter des conditions strictes quant à la réalisation des réformes. "Nous adopterons un nouvel ensemble de réformes pour doper la croissance. Il sera conforme aux recommandations de la Commission européenne", a dit à la presse le ministre de l'Economie Luis de Guindos, après avoir rencontré ses homologues de la zone euro à Nicosie.Le ministre a souligné que ces mesures n'étaient en rien liées aux modalités d'un éventuel renflouement. Mais l'engagement pris laisse penser que solliciter une aide sera bientôt une réalité pour l'Espagne, sans doute avant la prochaine réunion de l'Eurogroupe le 8 octobre, estiment des responsables européens. Le budget 2013 de l'Espagne et un audit détaillé des besoins de fonds propres de son secteur bancaire auront été rendus publics avant cette échéance, soit le 28 septembre. Ne pas se relâcher Pour la première fois depuis le début de l'année, cette réunion des Dix-Sept se tiendra alors que les tensions sur les marchés financiers ont tendance à diminuer et non à augmenter.L'annonce par la BCE de son nouveau plan de rachat d'obligations a fait retomber le rendement de l'emprunt d'Etat espagnol à 10 ans à 5,7% vendredi contre 7,64% le 24 juillet. Une détente qui incite l'Espagne, mais aussi l'Allemagne où un plan de sauvetage serait très impopulaire, à jouer la montre. "Il n'y a pas plus lieu de se relâcher que ce n'était le cas il y a six mois mais nous évoluons dans la bonne direction", a réagi le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn. L'Espagne hésite à solliciter une aide internationale car le président du gouvernement Mariano Rajoy craint un retour de bâton politique mais, compte tenu des besoins de financement du pays, il risque de n'avoir pas le choix.Un haut fonctionnaire allemand a dit en privé que Berlin ne souhaitait pas voir l'Espagne solliciter hâtivement un renflouement alors que ses coûts de financement diminuent, et a ajouté qu'un tel renflouement n'avait rien d'inévitable. Passer à l'acte Ces marchés ont salué le feu vert donné mercredi par la cour constitutionnelle de Karlsruhe au futur mécanisme de sauvetage de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité (MES). Aux Pays-Bas, les parties pro-européens ont remporté les élections. La zone euro s'achemine enfin vers une union bancaire avec pour superviseur unique la BCE.Mais bon nombre de responsables monétaires et analystes de marché soulignent que la zone euro devra passer des paroles aux actes si elle veut voir les taux de rendement sinon reculer, au moins se stabiliser.La BCE a en tous les cas reçu l'appui du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, qui est ainsi allé à l'encontre des détracteurs du programme d'achat d'obligations, au premier rang desquels la Bundesbank."La BCE ne prendra aucune décision qui reviendrait à financer indirectement les Etats. Cela constituerait une violation de son mandat et elle ne le fera pas", a-t-il dit à la radio. "J'ai toute confiance en la BCE."