Le patron d'EADS Tom Enders, a jugé "très équitable" la parité de 60/40% proposée dans le projet de fusion d'EADS et BAE Systems entre les actionnaires du premier et du second, à la sortie d'une rencontre avec des députés allemands, hier, à Berlin. "Cette valorisation n'a pas été faite au doigt mouillé" par les responsables des deux entreprises, a argumenté M. Enders, qui venait de s'exprimer devant la commission des Affaires économiques de la chambre basse allemande (Bundestag). Elle a été établie avec l'aide de "nombreux conseillers, des banques d'investissement, des conseillers juridiques" et "elle reflète de façon très équitable le rapport entre les deux entreprises", a-t-il assuré. M. Enders a également réitéré son opinion qu'une présence d'actionnaires publics "dans des groupes de cette taille" n'est pas "absolument nécessaire". Le projet de rapprochement entre EADS -maison mère du constructeur Airbus- et le britannique BAE (fabricant de chars, navires, et porte-avions), annoncé le 12 septembre, avait été accueilli avec une certaine tiédeur sur les marchés, que des experts du secteur attribuaient notamment au ratio de 60/40, jugé trop généreux pour BAE. Certains avaient estimé qu'une répartition 70% à EADS et 30% à BAE aurait été plus juste. Le gouvernement allemand avait également critiqué ce partage, dans un rapport du ministère allemand de l'Economie. Députés pas convaincus EADS avait démenti la veille des informations de presse évoquant une réévaluation de ce taux en sa faveur. Les députés allemands qu'a rencontrés M. Enders n'ont pas semblé plus convaincus après sa présentation qu'avant. "Pour nous, il y a plus de questions posées que de réponses. (...) Que ce soit en terme, de politique industrielle ou de politique technologique, les avantages de cette fusion ne sont pas explicables", a déclaré Kerstin Andreae, une responsable du groupe des députés Verts au Bundestag. "Ce qui compte ce n'est pas l'influence des gouvernements sur EADS ou sur ses composantes, il s'agit de garder certaines technologie dans ce pays. C'est ça le point crucial selon moi", a jugé pour sa part Martin Lindner, du parti libéral FDP, partenaire de la chancelière Angela Merkeln au gouvernement. M. Lindner considère un feu vert de Berlin tout à fait possible. "Je crois que cette fusion ouvre de grandes chances et il est donc pour moi loin d'être évident que qui que ce soit s'y oppose", a-t-il poursuivi. Ce projet de fusion doit recevoir l'aval des gouvernements allemand, britannique et français en raison des enjeux stratégiques. Une réunion des ministres de la défense allemand, britannique et français, destinée à élaborer une position commune face aux industriels, s'est tenue à Chypre, hier après-midi. Parmi les réticences allemandes figurent également des garanties concernant le maintien des sites de production pas assez fermes et les droits de veto limités des pays participants. "Je suis naturellement prêt à parler n'importe quand avec le gouvernement allemand au sujet de toute objection ou de toute question qui resterait posée sur ce projet de fusion si important pour mon groupe", a dit M. Enders. Selon la réglementation boursière britannique, les industriels ont jusqu'au 10 octobre pour annoncer une fusion ou abandonner leur projet. Ils peuvent également demander un report du délai, ce qu'ils souhaitent éviter.