Les trois partis de la coalition gouvernementale grecque se sont dits d'accord, avant-hier, sur les principaux points des mesures de rigueur réclamées par la troïka des créanciers du pays, dont les représentants sont attendus à Athènes pour les examiner en détail. Après des semaines de discussion, les trois partis se sont mis d'accord sur les principaux points des nouvelles mesures d'économie budgétaire à prévoir, portant sur plus de 11,5 milliards d'euros, a déclaré le ministre des Finances Yannis Stournaras, au lendemain de manifestations contre la rigueur émaillées de violences dans les rues d'Athènes et de Salonique. Le gouvernement compte maintenant se mettre d'accord avec la troïka de ses bailleurs de fonds UE, BCE et FMI, dont les représentants sont attendus à partir de dimanche à Athènes, et, ensuite, avec ses partenaires européens, a ajouté M. Stournaras. Alors que certains Cassandre pariaient sur un éclatement de la coalition devant l'ampleur des nouveaux sacrifices demandés aux Grecs, le ministre a estimé que l'accord entre les trois dirigeants allait permettre à la Grèce d'engager une négociation forte avec ses partenaires. Le chef du petit parti de gauche modérée Dimar, sorti le premier de la réunion qui a duré deux heures, a néanmoins tempéré l'enthousiasme prudent de M. Stournaras, en affirmant qu'il restait encore des questions en suspens, sans les nommer. Si elle maintient sa cohésion, la Grèce espère démontrer à ses bailleurs de fonds sa bonne volonté dans la mise en œuvre de l'ajustement budgétaire exigé, même douloureux pour la population, dans l'espoir d'obtenir un délai de deux ans pour y parvenir, jusqu'en 2016. Dans un premier temps, du feu vert de la troika dépend le versement d'une tranche de prêt de 31 milliards d'euros, vitale pour les banques du pays, le plus fragile de la zone euro. Selon une source du ministère grec des Finances, le paquet de mesures devait être présenté, hier, à un niveau technique, au cours d'une réunion d'un groupe de travail des hauts fonctionnaires des ministères des Finances de la zone euro. Le président des experts du ministère grec des Finances Panos Tsakloglou, va détailler les mesures sur lesquelles les trois partis ont fini par s'entendre. Des experts de la troïka devraient être présents à cette réunion, selon la même source. Les mesures comportent des coupes de salaire dans la fonction publique, de pensions de retraites, et d'aides sociales ainsi que des réformes structurelles de libéralisation de l'économie et de lutte contre la corruption. Le temps presse pour mettre au point ce plan, car le gouvernement a prévu de déposer lundi au Parlement son avant-projet de budget pour 2013, incluant une partie des mesures. Son objectif est de faire voter rapidement les mesures pour s'assurer du soutien des Européens en vue du sommet du 18 octobre. Les efforts déployés par les partis gouvernementaux grecs n'ont pas convaincu le dirigeant de la gauche radicale Alexis Tsipras, chef de l'opposition, qui a estimé, avant-hier, à Bruxelles inéluctable une nouvelle restructuration de la dette grecque. Il a proposé l'organisation d'une conférence en vue d'annuler une grande partie de la dette de son pays, sur le modèle de ce que l'Allemagne a connu après la Seconde Guerre mondiale. Côté FMI, un porte-parole à Washington a confirmé, avant-hier, que le chef de file du Fonds monétaire international pour la Grèce au sein de la troïka, Poul Thomsen, serait bien à Athènes dimanche. Par ailleurs, avant-hier, plusieurs sites d'information grecs ont affirmé que l'ancien patron du FMI Dominique Strauss Kahn, avait été vu à Athènes la veille dans un grand hôtel. Aucun commentaire officiel, ni confirmation ni démenti, n'a pu être obtenu sur ce sujet. A la tête du FMI, M. Strauss Kahn a été l'un des principaux artisans du premier plan d'aide à la Grèce en mai 2010, et a contribué à convaincre la chancelière allemande Angela Merkel, de s'impliquer dans un plan international de sauvetage de la Grèce et de la zone euro.