Rencontrée en marge du premier sommet maghrébin de la santé qui s'est déroulé à Alger les 2 et 3 octobre derniers, Nassima Hamdi, chimiste de formation et présidente de l'association pour les produits propres et stériles (A 3 P Algérie), agrée il y a deux ans, a bien voulu nous entretenir sur la passion pour la promotion de la production nationale du médicament en Algérie. Et d'où la raison d'être dans l'association qui regroupe, déjà, une centaine de producteurs de produits pharmaceutiques et de fournisseurs. Elle a insisté, en outre, dans cet entretien, sur la voie et les moyens nécessaires pour le développement de l'industrie pharmaceutique en Algérie et du générique… Le Maghreb Voulez-vous présenter votre association ? Nassima Hamdi Il s'agit d'une association qui active dans le domaine de l'industrie pharmaceutique, dénommée Association pour des produits propres et stériles. Agréée, il y a deux ans, elle regroupe les producteurs de l'industrie pharmaceutique ainsi que leurs fournisseurs, ce qui représente environ une centaine d'adhérents au jour d'aujourd'hui. L'industrie du médicament algérien, à l'instar des autres pays, est soumise à des exigences scientifiques, technologiques, réglementaires et économiques. La concurrence s'intensifie et la réglementation se renforce. Autant de mutations qui exigent des compétences nouvelles et poussent à élever le niveau de qualification des emplois ; c'est une industrie qui repose fortement sur une économie du savoir. La création de l' Association pour les Produits Propres et Stériles (A3P) en Algérie se veut être une réponse aux besoins des industries et leur permettre de faire face à l'évolution rapide des technologies et des procédés de production et de contrôle en favorisant l'organisation de manifestations scientifiques et de formation continue. L'Association A3P est un lieu d'échanges et de connaissances avancées entre spécialistes. Nous organisons annuellement dans ce sens des congrès de formation, en collaboration avec des fournisseurs et experts dans par exemple le traitement de l'air, le nettoyage, les bonnes pratiques de fabrication et tout ce qui est en rapport avec les métiers de l'industrie pharmaceutique. Il s'agit donc pour nous, de nous investir pour améliorer et promouvoir les standards de qualité des entreprises algériennes en termes notamment d'acquisition de savoir faire et de maîtrise des nouvelles technologies de production et de contrôle de la qualité. La mise à niveau porte ainsi sur l'amélioration des techniques et procédés de fabrication des produits locaux, en vue de hisser la qualité aux pratiques et normes internationales. Voilà en quelques lignes les objectifs de notre association qui active sur le terrain depuis sa création. Donc notre but essentiel est de maintenir pour certains et de hisser pour d'autres, à travers des cycles de conférences et de formation, la production nationale de médicaments aux normes internationales. Quel est le bilan de l'association ? Nous avons déjà organisé, en l'espace de quelques mois d'existence de l'association, trois congrès internationaux qui ont regroupé environ 200 participants à chaque manifestation. Les participants sont souvent des managers ou des responsables de production, de contrôle et de l'assurance de la qualité, des affaires réglementaires des industries pharmaceutiques locales qui viennent pour assister à des conférences et ateliers de formation et l'acquisition de nouvelles technologies et de savoir-faire dans la production et des techniques pharmaceutiques. Nous sommes également, chaque année, épaulés par le laboratoire national des produits pharmaceutiques et à sa tête le Pr Mansouri, qui contribue avec nous à l'élaboration des programmes et la participation aux conférences pour éclairer les participants sur les exigences réglementaires locales. Il s'agit vraiment d'un échange très interactif entre les uns et les autres dans la mesure où les producteurs algériens mettent à jour continuellement leurs informations. Les 30 et 31 mai dernier nous avons organisé à Alger un congrès qui a regroupé plus de 200 participants avec l'organisation d'une exposition (15 exposants) et de 6 ateliers spécifiques à certaines questions jugées stratégiques quant à l'amélioration de la qualité des médicaments en Algérie. Il faut dire que les entreprises algériennes, privées et publiques, sont soumises aux contrôles et inspections des autorités réglementaires algériennes et travaillent selon des standards internationaux : et certaines d'entre elles ont des produits qui sont déjà enregistrés dans des pays étrangers, alors que d'autres peuvent enregistrer et vendre leurs produits en Europe. Comment explique-t-on alors la méfiance des patients pour le générique algérien ? Il y a peut-être un problème de communication et d'informations qui ne circulent pas suffisamment et dans la bonne direction. Moi personnellement j'ai travaillé dans l'industrie pendant un certain nombre d'années. Je peux vous assurer qu'aucun médicament ne sort de l'usine s'il n'est pas garanti en termes de normes et de pratiques de fabrication et du contrôle de qualité des matières premières et produits qui rentrent dans la composition du générique. Le contrôle se fait également par les autorités concernées et notamment par le laboratoire national de contrôle. Il y a donc un système de veille et de maîtrise du process de fabrication du médicament en Algérie. Pour moi il n'y a pas de raisons pour que les patients s'inquiètent sur le générique algérien. Qu'en est-il de projets de l'A 3 P Algérie ? Nous allons organiser le 13 décembre de l'année en cours une autre rencontre professionnelle, un congrès de formation entre producteurs locaux et fournisseurs des produits pharmaceutiques. Cette manifestation se déroulera à Constantine car nous pensons que cette ville constitue un noyau et un pôle important de l'industrie pharmaceutique en Algérie. Le thème central de la rencontre sera la maîtrise de la contamination d'une boucle de distribution d'eau purifiée utilisée dans l'industrie pharmaceutique. Il s'agit pour les participants de savoir comment rédiger un cahier des charges, suivre l'installation, la qualification et la performance de ces stations, ainsi que la maîtrise des contaminations microbiennes susceptibles d'apparaître, leur désinfection et l'obtention d'une eau de qualité nécessaire à la production des médicaments, en sachant que l'eau est une matière première importante dans la composition d'un produit. Et nous leur proposons des solutions à travers les communications des experts et des exposants nationaux et internationaux. Qu'attendez-vous du premier sommet maghrébin de la santé ? En tant que jeune association, nous remercions d'abord les organisateurs de nous avoir invités pour participer à cet événement régional et international d'une importance stratégique pour la lutte contre les deux pathologies grandissantes dans les trois pays du Maghreb. Et puis il s'agit pour nous de nous faire connaître sur la scène médicale nationale et internationale et de connaître les nouvelles modalités réglementaires introduites par les réformes sur la production du médicament et les biotechnologies. Un dernier mot ? Je souhaite beaucoup de succès pour l'industrie pharmaceutique algérienne, en reversant la tendance de 30 à 70 % de production locale en termes de couverture des besoins nationaux en médicaments. Nous ferons donc tout pour atteindre les 70 % de production nationale. Propos recueillis par Meziane. Atmani.