Coproduit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel et Net Diffusion, le sixième film du réalisateur algérien Rachid Benhadj, "Parfum d'Alger", a été projeté à la presse, jeudi dernier, à Alger, en présence du cinéaste et de deux acteurs. Ce drame familial, dans l'Algérie de la fin des années 1990, met en scène le retour au pays, en 1998, d'une célèbre photographe, Karima Bensadji, interprétée par l'italienne Monica Guerritore, après qu'elle eut appris l'emprisonnement de son frère Mourad, un chef terroriste interprété par Adel Djaafri. Le long métrage, d'une durée de 108 mn, explore le destin d'une famille algérienne aisée, prise dans la tourmente de la violence intégriste à la veille de la promulgation de la "loi sur la réconciliation nationale", et l'impact des choix individuels de ses membres (idéologiques, exil), liés en partie à un passé familial douloureux. Rachid Benhadj a aussi tenté de mettre en avant la confrontation de deux modes de vie, l'un "occidental", incarné par Karima, et l'autre, incarné par sa belle sœur Samia (Rym Takoucht), représentant un mode de vie influencé par l'idéologie islamiste de son mari Mourad. Le film alterne entre les séquences représentant les tentatives de Karima de faire libérer son frère, emprisonné dans le sud algérien, en le convainquant de signer un document, et les retours vers le passé éclairant sur le conflit avec le père (Sid Ahmed Agoumi). Le réalisateur livre ainsi sa vision de la situation de l'Algérie en 1998 qu'il lie à un "conflit de générations" et à un "manque de liberté d'expression" qui ont conduit à la violence, ainsi qu'il l'a expliqué après la projection. Les séquences offrent, en outre, une esthétique très soignée, due en grande partie, ainsi que l'a reconnu le réalisateur, à la direction photo assurée par l'italien Vittorio Storato, oscarisé plusieurs fois, notamment sur le film "Apocalypse Now" de l'américain Francis Ford Coppola. "Parfums d'Alger" se veut aussi un hommage aux luttes de femmes algériennes pendant les années 1990, que le réalisateur appuiera en concluant son film par des images d'archives des manifestations organisées par des femmes à l'époque. Le film a été, également, projeté en avant-première, dans la soirée de jeudi dernier, à Riad El Feth (Alger), la sortie en salle est prévue dans quelques mois, selon un responsable de l'Aarc. "Parfums d'Alger" représentera également l'Algérie au Festival d'Abu Dhabi (Emirats Arabes), qui a ouvert ses portes jeudi dernier, aux côtés de "Harraga blues" de Moussa Haddad. Né en 1949 à Alger, Rachid Benhadj a étudié l'architecture avant de poursuivre des études de cinéma en France. Après des réalisations pour la télévision algérienne, il s'installe à Rome (Italie) où il continue de travailler pour des télévisions de différents pays. Son premier film "Louss-Roses des sables" sort en 1989 et sera sélectionné au festival de Cannes. Rachid Benhadj, entre autres, est l'auteur en 1993 de "Touchia-Cantique des femmes d'Alger" et du film "Le pain Nu" en 1995, adapté du roman éponyme de l'écrivain marocain Mohamed Choukri, projeté récemment à Alger dans le cadre du Salon international du livre.