L'opérateur japonais de téléphonie mobile Softbank a annoncé, hier, qu'il allait acheter 70% de son homologue américain Sprint Nextel pour 20,1 milliards de dollars, l'une des plus importantes acquisitions jamais réalisée par un groupe nippon à l'étranger. "Softbank va investir environ 20,1 milliards de dollars dans Sprint, dont 12,1 milliards de dollars payés aux actionnaires de Sprint et 8 milliards de dollars" via l'émission de nouvelles actions, a expliqué dans un communiqué le troisième groupe nippon du secteur, quasiment absent du marché américain jusqu'à présent. Sprint Nextel est la troisième firme de télécommunications mobiles aux Etats-Unis. Softbank a précisé que les deux entreprises espéraient "boucler la transaction à la mi-2013". Le groupe a précisé qu'il financerait l'opération "par des liquidités disponibles et des crédits relais" obtenus auprès des trois plus grandes banques japonaises et de Deutsche Bank. Cet achat constitue le plus important jamais réalisé en dollars par une firme nippone à l'étranger. En monnaie nippone, cette acquisition pour 1 570 milliards de yens est toutefois inférieure au montant déboursé par le fabricant de cigarettes Japan Tobacco pour mettre la main sur son concurrent britannique Gallaher en 2007. "A l'issue de cette transaction, Softbank possèdera environ 70% des actions de Sprint", en tenant compte des titres émis pour l'augmentation de capital prévue, a ajouté l'opérateur de téléphonie nippon. Le groupe a souligné que ce processus était soumis à l'accord des actionnaires de Sprint et des diverses autorités de régulation américaines. Si le processus d'acquisition va à son terme, il s'agira d'un pas de géant dans le processus d'internationalisation de Softbank, essentiellement connu au Japon et dont les activités à l'étranger sont concentrées sur l'internet, notamment en Asie et particulièrement en Chine. Softbank a précisé que cette acquisition allait lui permettre de devenir le troisième opérateur de téléphonie mobile mondial, en terme de chiffre d'affaires, derrière le chinois China Mobile et l'américain Verizon Wireless. Aux Etats-Unis où Softbank va devenir un grand de la téléphonie mobile, le groupe compte "utiliser son expertise dans les smartphones et les réseaux de nouvelle génération, ainsi que ses succès passés dans la compétition sur des marchés matures, pour élever la compétitivité de Sprint". Softbank n'est arrivé sur le marché de la téléphonie mobile qu'en 2006, en rachetant pour une somme déjà faramineuse, 1 750 milliards de yens (17,5 milliards d'euros au cours actuel), les activités nippones de Vodafone. L'opérateur nippon est pourtant parvenu à concurrencer les deux premiers du secteur local, NTT Docomo et KDDI. Via l'émission de capital de 8 milliards de dollars permise par cette opération, Sprint pourra "investir dans le réseau mobile, lancer des investissements stratégiques et équilibrer ses comptes". La presse nippone prête à Softbank la volonté, via ce rachat, de mettre en plus la main sur le numéro cinq américain, MetroPCS, quitte à affronter Deutsche Telekom pour l'occasion. Le géant allemand a récemment annoncé une fusion de sa filiale américaine, T-Mobile USA, quatrième acteur du secteur aux Etats-Unis, avec MetroPCS. La transaction, assez complexe, doit laisser à Deutsche Telekom 74% du nouvel ensemble, qui sera coté en Bourse. Mais des informations ont récemment circulé sur la possibilité d'une contre-offre de Sprint sur MetroPCS, afin d'en empêcher la fusion avec T-Mobile USA, et l'arrivée de Softbank pourrait aiguiser cette compétition.