Les ventes au détail ont connu une croissance robuste aux Etats-Unis en septembre, suscitant l'attente d'un soutien accru des consommateurs à la croissance économique du pays d'ici à la fin de l'année. Les ventes au détail ont augmenté de 1,1% par rapport au mois d'août, a indiqué, avant-hier, le département du Commerce. L'effet positif de cette annonce d'un chiffre nettement supérieur à ce qu'attendaient les analystes a été renforcé par la révision en forte hausse de ceux des deux mois précédents.En moyenne sur trois mois, l'indice du ministère apparaît désormais avoir connu sa hausse la plus forte en deux ans (1,0%), alors qu'au printemps, les ventes au détail avait baissé sans discontinuer. Plusieurs analystes font remarquer que les ventes de septembre ont bénéficié de la sortie du dernier téléphone d'Apple. Néanmoins, la hausse apparaît bien plus solide qu'en août dans la mesure où l'amélioration des ventes en valeur avait été assurée ce mois-là plus par la progression des prix que par celles des volumes. Les ménages se sentent plus en confiance Economiste de la banque UniCredit, Harm Bandholz rapproche les données du ministère de la hausse du moral des ménages américains, qui, selon l'Université du Michigan, est actuellement à son niveau le plus élevé en cinq ans. Les ménages "disent qu'ils se sentent plus en confiance", indique-t-il, et ils le montrent car ils ont "la volonté (et la capacité) de dépenser". A l'heure où le secteur manufacturier, qui a été le moteur principal de la reprise économique américaine jusqu'au printemps, est touché par le ralentissement de l'économie mondiale (comme en a témoigné l'indice d'activité Empire State pour la région de New York, dans le rouge pour le troisième mois de suite en octobre) et où l'investissement des entreprises américaines décélère, les consommateurs semblent pouvoir prendre le relais pour soutenir la croissance du pays. "Ils font tout ce qu'ils peuvent pour gonfler la croissance", note Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors. Ellen Zentner, de la maison de courtage Nomura, relève néanmoins que les ménages restent "prudents" vu la faible amélioration du marché de l'emploi et la "maigre hausse des salaires" que l'on observe aujourd'hui aux Etats-Unis. Pour son confrère Chris Christopher, la "saison des achats de fin d'année" qui, au sens large, commence fin octobre aux Etats-Unis, s'annonce meilleure qu'on pouvait le penser. En dépit de l'incertitude liée aux élections présidentielles et législatives de novembre et à l'évolution de la politique budgétaire et fiscale après le 1er janvier, "les commerçants et les consommateurs se préparent", estime-t-il. Les bons chiffres des ventes de détail "pourraient encourager les grandes enseignes de distribution à embaucher du personnel saisonnier" pour la fin de l'année. Néanmoins, sans une amélioration durable du marché de l'emploi, la hausse des dépenses des ménages "ne devrait être que temporaire", prévient Steven Ricchiuto, de Mizuho Securities. D'ores et déjà, les analystes de Barclay's Capital et Macroeconomics Advisors ont relevé à 2,0% leur estimation de la croissance du PIB américain du troisième trimestre, dont la première évaluation officielle doit être publiée le 26 octobre. M. Bandholz indique lui, que les chiffres du ministère confirment son pronostic d'un taux de croissance de 2,2% sur les trois mois d'été. Ralentissement de la hausse des stocks dans le commerce et l'industrie La hausse des stocks des entreprises manufacturières et de distribution aux Etats-Unis a ralenti en août, selon des chiffres publiés à Washington par le département du Commerce. La valeur des marchandises emmagasinées par ces sociétés a augmenté de 0,6% par rapport au mois précédent, en données corrigées des variations saisonnières, soit moins rapidement qu'en juillet, où la progression, de 0,8%, avait été la plus forte depuis janvier, indique le ministère. La hausse des stocks annoncée par le gouvernement est légèrement supérieure à ce que donnait la prévision médiane des analystes (+0,5%). En glissement annuel, les stocks du commerce et de l'industrie ont augmenté de 5,3% en août, ajoute le ministère. Selon les chiffres officiels, les ventes des entreprises manufacturières, des distributeurs et des grossistes ont progressé en août de 0,5% par rapport au mois précédent après avoir connu en juillet leur hausse la plus forte depuis le début de l'année (+0,9%). En glissement annuel, ces ventes ont progressé de 3,1% en août. Les mouvements des stocks influent sur la détermination du produit intérieur brut. Au printemps, la décélération des restockages a ainsi fait perdre 0,5 point de croissance aux Etats-Unis, selon la dernière estimation officielle des chiffres du PIB, ayant donné un taux de croissance de l'économie de 1,3% au deuxième trimestre. Le département du Commerce doit publier le 26 octobre sa première estimation du produit intérieur brut américain du troisième trimestre. L'activité manufacturière de New York poursuit son recul L'activité manufacturière de la région de New York recule pour le troisième mois d'affilée, selon l'indice Empire State du mois d'octobre publié, avant-hier, par la banque centrale américaine (Fed). Cet indice progresse de 4,2 points par rapport à septembre mais reste négatif, à -6,2. L'amélioration de l'indice, que les analystes attendaient à -2,8, traduit néanmoins le fait que la situation se dégrade moins rapidement que le mois précédent. L'indice Empire State mesure la perception que les industriels de la deuxième région de la Réserve fédérale (couvrant l'ensemble de l'Etat de New York, le Nord du New Jersey et le Sud-Ouest du Connecticut) ont de leur activité et de la conjoncture. Il était passé sous zéro en août, après neuf mois consécutifs en terrain positif, et était tombé en septembre à -10,4, son niveau le plus faible en près de deux ans. Le redressement de l'indice en octobre découle essentiellement d'une amélioration de sa composante mesurant les commandes nouvelles. Celle-ci reste néanmoins à un niveau très faible (-9,0). La Fed précise dans un communiqué que les expéditions de marchandises par les entreprises sondées pour son enquête ont reculé pour la première fois en plus d'un an, et que la composante mesurant l'emploi dans le secteur est elle aussi retombée dans le rouge, légèrement. Selon la Réserve fédérale, les industriels de la région s'attendent à une amélioration de la situation générale de leur entreprise dans les six mois qui viennent, mais leur "niveau d'optimisme" reste "bas par rapport à ce qu'il a pu être cette année". La Fed ne changera pas de cap pour "quelques bonnes nouvelles" La banque centrale américaine (Fed) ne changera pas le cap de sa politique monétaire ultra-accommodante sur la simple foi de "quelques bonnes nouvelles économiques", a déclaré William Dudley, un de ses principaux dirigeants. "Je ne prévois pas que nous agirions rapidement dans le cas ou nous verrions quelques bonnes nouvelles relatives à la croissance", a déclaré M. Dudley, dans un discours dont le texte a été transmis à la presse. "Je ne m'attends à une évolution de notre dispositif de politique monétaire" dans le sens d'une réduction du soutien de la Réserve fédérale à l'économie américaine "que dans le cas où nous serions certains que la reprise est sérieusement établie", a ajouté M. Dudley, selon ce document. La Fed pratique depuis bientôt quatre ans une politique ultra-accommodante passant par le maintien de son taux directeur à quasi-zéro et d'une perfusion financière constante pour l'économie américaine. Depuis la fin 2008, elle a injecté plus de 2 340 milliards de dollars dans le circuit financier pour maintenir les taux d'intérêt à long terme le plus bas possible et tenter de hâter la reprise. Mi-septembre, elle a décidé d'injecter 40 milliards de dollars supplémentaires par mois dans l'économie et de continuer ainsi tant que "la perspective du marché du travail ne s'améliorera pas nettement".