Après une stabilité, quoique précaire et qui a duré quelques semaines seulement, les perturbations, qui caractérisent le marché du lait, risquent d'enregistrer de nouveaux rebondissements dans les jours à venir. Les producteurs privés, en effet, s'apprêtent à revenir à la charge en brandissant à nouveau la menace de grève suite aux difficultés qui ont repris le dessus. Ces derniers jours, lors d'une réunion de la Confédération algérienne du patronat (CAP) à laquelle ils sont affiliés, tenue avant-hier, les propriétaires des laiteries privées se sont donnés un délai d'une semaine pour suspendre la production si la situation actuelle continue à persister. Selon le communiqué émanant de la Confédération, la réapparition du vent de contestation parmi les producteurs privés de lait est due aux nouvelles flambées que la poudre de lait vient d'enregistrer à nouveau sur le marché mondial. Selon l'organisation patronale, le prix de cette matière première a atteint ces derniers jours les 420 dinars le kilogramme sur le marché local, tandis que sur le marché international la tonne de poudre dépasse la barre des 570 dollars. De ce fait, les producteurs privés protestent contre la subvention promise par l'Etat et qui tarde encore à se concrétiser. Les retards touchent notamment les subventions concernant la production des mois de juin et juillet, selon la confédération. Pour les trois premiers mois, mars, avril et mai, l'Etat a remboursé les producteurs privés à hauteur de 15 dinars pour chaque litre de lait produit. Dans la loi de finances complémentaire pour l'année 2007, le département de Karim Djoudi, rappelle-t-on, a procédé, à l'effet d'un réajustement budgétaire, à la mobilisation de quelque 43 milliards de dinars destinés à la couverture de charges supplémentaires dont la subvention et l'appui des producteurs de lait. Dans leur récente déclaration, les responsables du ministère des Finances ont expliqué que le retard pris par le transfert des subventions n'est qu'une question technique relative à l'étude des dossiers avant le versement des sommes définies pour chaque producteur. En tout cas, cette crise, qui persiste depuis le mois de mars dernier, a fini par affecter, en plus du lait pasteurisé, la production des produits laitiers dérivés. C'est ainsi que des produits comme des fromages constamment touchés par des pénuries et des augmentations des prix. Ces produits ont commencé à manquer avec la rupture du cycle de production au niveau des unités du groupe public Giplait qui, durant plusieurs semaines, se sont consacrées exclusivement à la production du lait pasteurisé. Le lait en poudre, sur lequel les ménages se sont rabattus ces derniers temps, a connu, à son tour, d'exceptionnelles hausses de prix et ceci n'a pas manqué de se répercuter lourdement sur le pouvoir d'achat des familles algériennes, particulièrement celles ayant un faible revenu. Une boîte de lait en poudre dépasse, ainsi, le seuil des 200 dinars sur le marché de détail. D'ailleurs, la CAP vient de mettre au point une étude sur le pouvoir d'achat en estimant qu'une famille de cinq membres dépense mensuellement 2 000 dinars au minimum dans la consommation du lait et du pain. Depuis que les flambées des prix ont commencé à toucher la fameuse poudre sur le marché mondial, la facture d'importation des produits laitiers de l'Algérie ne fait que s'alourdir dépassant le cap des 80 milliards de dollars en l'espace de quelques mois seulement.