La croissance économique des Etats-Unis s'est nettement accélérée au troisième trimestre mais son élan reste faible, selon une nouvelle estimation officielle du PIB américain de l'été, publiée, avant-hier, à Washington. De juillet à septembre, le produit intérieur brut du pays par rapport au trimestre précédent a progressé de 2,7% en rythme annualisé, a indiqué le département américain du Commerce. Le ministère a revu en hausse de 0,7 point le taux de croissance estival qu'il avait publié fin octobre. Les analystes attendaient une révision un peu plus forte: leur estimation médiane donnait la hausse du PIB américain du troisième trimestre à 2,8%. Au deuxième trimestre, la première économie mondiale avait crû officiellement de 1,3%. Si l'amélioration de la croissance est très nette par rapport au trimestre précédent, les nouveaux chiffres du ministère montrent que les bases économiques du pays sont moins robustes qu'on pouvait le penser il y a un mois. La révision du taux de croissance s'explique en effet entièrement par les variations des stocks, ce qui relève plus de la comptabilité que de la performance économique. La progression de la consommation des ménages, moteur principal de la croissance, a été revue en forte baisse, tout comme celle des dépenses d'investissement privées, et le ministère n'estime plus qu'à 1,7% la hausse de la demande intérieure finale pendant l'été, soit 0,6 point de moins que ce qu'il avait annoncé fin octobre. Selon le Livre beige, la croissance reste bloquée à faible régime La croissance économique des Etats-Unis reste bloquée à faible régime, entravée par les suites du passage de l'ouragan Sandy et les incertitudes liées à l'évolution de la politique budgétaire américaine, selon le Livre beige publié la veille par la Réserve fédérale (Fed). "L'activité économique a crû avec retenue dans les dernières semaines", écrit la banque centrale dans ce rapport de conjoncture réalisé sur la base des renseignements glanés localement par ses antennes régionales pendant les trois dernières semaines d'octobre et les quinze premiers jours de novembre. La Fed dresse un tableau disparate selon les régions, notamment du fait du passage de l'ouragan Sandy sur le Nord-est dans les derniers jours d'octobre. "L'affaiblissement de la conjoncture dans la région de New York a été imputée aux perturbations généralisées provoquées par l'ouragan Sandy fin octobre et qui se sont prolongées en novembre", écrit la banque centrale. La faiblesse de la conjoncture a également été "exacerbée" par la catastrophe naturelle un peu plus au sud, dans la région de Philadelphie, mais l'ouragan n'a eu que des effets limités dans celles de Boston et Richmond. Néanmoins, même dans les régions les plus dynamiques, comme celles de Saint-Louis et Minneapolis, dans le Centre du pays, la croissance a été décrite comme tout juste un peu mieux que "modérée". La Fed ajoute que "dans un certain nombre de régions, les contacts [qu'elle a interrogés] ont exprimé de l'inquiétude à propos du budget fédéral, et en particulier du mur budgétaire", la cure de rigueur à laquelle le pays risque de devoir s'astreindre à partir du début du mois de janvier sans accord exprès du Congrès pour l'éviter. Forte baisse des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage Les nouvelles inscriptions au chômage ont reculé fortement pour la deuxième semaine de suite aux Etats-Unis après leur poussée provoquée par le passage de l'ouragan Sandy sur le Nord-Est du pays, selon des chiffres publiés, avant-hier, à Washington par le département du Travail. Le ministère a recensé le dépôt de 393 000 demandes d'allocations de chômage dans le pays du 18 au 24 novembre, en données corrigées des variations saisonnières, soit 4,5% de moins que la semaine précédente, où elles avaient chuté de 7,8%. La baisse annoncée est plus forte que le pensaient les analystes dont la prévision médiane donnait l'indicateur du gouvernement à 395 000 nouveaux chômeurs. Deux semaines plus tôt, les nouvelles demandes d'allocations avaient connu leur hausse en volume la plus forte en plus de sept ans, du fait de l'ouragan Sandy, dont le passage, dans les derniers jours d'octobre, a entraîné de nombreuses fermetures d'entreprises ou suspensions d'activité dans le Nord-Est. En dépit du reflux du nombre de nouveaux chômeurs, l'indicateur du ministère n'a pas encore retrouvé le niveau qui était le sien avant la catastrophe naturelle (361 000 demandes d'allocations hebdomadaires). Plusieurs analystes ont prévenu que la lecture de cette série statistique risquait d'être perturbée pendant quelques semaines à cause de Sandy. Les promesses de vente de logements retrouvent un niveau d'avant crise Les promesses de vente de logements ont bondi aux Etats-Unis en octobre pour retrouver un niveau qui était le leur avant le début de la crise économique et financière, selon des chiffres publiés, avant-hier, par l'Association nationale des agents immobiliers américaine (NAR). Elles ont progressé de 5,2% par rapport au mois précédent, en données corrigées des variations saisonnières et en rythme annualisé, a indiqué l'Association dans un communiqué, alors que la prévision médiane des analystes les donnait en hausse de 1,0% seulement. La NAR indique que son indicateur a retrouvé le niveau qui était le sien en mars 2007, soit un mois avant le déclenchement de la crise des crédits immobiliers à risques dont les conséquences allaient plonger l'économie américaine et celle de la planète dans la récession. Elle a revu en hausse de 0,1 point son estimation de la progression des promesses de vente de septembre, à 0,4%. En glissement annuel, ajoute son communiqué, les promesses de vente ont progressé pour le dix-huitième mois d'affilée en octobre, de 13,2%. L'Association indique que le passage de l'ouragan Sandy sur le Nord-est du pays dans les derniers jours d'octobre a eu des effets limités sur les promesses dans cette région, où elles ont reculé de 0,1% ce mois-là. D'une manière générale, ajoute-t-elle, la conjoncture est particulièrement favorable au marché immobilier "depuis quelque temps déjà, mais nous voyons désormais davantage les effets de la progression régulière des créations d'emplois et de la hausse de la confiance des consommateurs, alors que les prix des logements sont clairement repartis à la hausse". Pour Dudley (Fed), le PIB d'automne devrait pâtir légèrement de Sandy Le passage de l'ouragan Sandy sur le nord-est des Etats-Unis fin octobre devrait avoir "un effet légèrement négatif" sur la croissance de l'économie américaine du quatrième trimestre, a indiqué, avant-hier, William Dudley, un des hauts dirigeants de la banque centrale (Fed). "Il est impossible d'être très précis à ce stade, mais je pense que cela devrait être de l'ordre de 0,25 à 0,50 point de pourcentage", a indiqué M. Dudley, président de l'antenne de la Fed de New York, lors d'un discours devant des étudiants dans cette ville. Violent et meurtrier, l'ouragan Sandy, a provoqué des dégâts importants dans le nord de l'Etat du New Jersey, et dans celui, limitrophe, de New York, et a entraîné de nombreuses fermetures d'entreprises ou suspensions d'activité. M. Dudley, a indiqué qu'une partie des effets négatifs de l'ouragan sur la croissance, déjà perceptibles sur les chiffres de la production industrielle et certains autres indicateurs, avait été compensés en partie par un supplément d'activité économique provoqué par la catastrophe elle-même. Il a donné l'exemple d'une hausse de la demande de générateurs électriques pour faire face aux coupures de courant. De plus, a-t-il dit, la reconstruction devrait fournir à la croissance dans les mois qui viennent un soutien qu'elle n'aurait pas eu autrement D'une manière générale, a-t-il ajouté, il est établi que dans les pays développés, les catastrophes naturelles ont des effets "négligeables" à long terme sur la croissance, et il n'y pas de raison qu'il n'en aille pas de même cette fois-ci. Le gouvernement américain a annoncé, avant-hier, avoir revu en hausse de 0,7 point à 2,7% en rythme annualisé, son estimation de la progression du produit intérieur brut du pays au troisième trimestre. Les nouveaux chiffres du PIB montrent néanmoins que les bases de l'économie américaine s'effritent, et les analystes estiment dans l'ensemble que la croissance est en train de ralentir nettement et qu'elle devrait se situer autour de 1-1,5% au quatrième trimestre.