Les présidents argentin, Nestor Kirchner, bolivien, Evo Morales et vénézuélien, Hugo Chavez, réunis dans la ville de Tarija, au sud de la Bolivie, ont signé vendredi un accord portant sur la création de l'Organisation des pays producteurs et exportateurs de gaz d'Amérique du Sud (Opegasur). Le président Chavez a été le principal initiateur de la création, début mars 2007, d'une organisation régionale des pays producteurs et exportateurs de gaz en Amérique du Sud, rassemblant les trois premiers producteurs de gaz de la zone à savoir le Venezuela, l'Argentine et la Bolivie. L'objectif étant de créer une structure commune pour les échanges de technologies et d'expériences, les investissements communs et les projets d'intégration régionale dans l'industrialisation ou les infrastructures de transport du gaz. Le Venezuela est le premier producteur de gaz d'Amérique latine (160 millions m3/j) devant l'Argentine (135 millions m3/j) et la Bolivie (45 millions m3/j). Les trois membres de l'Opegasur détiennent aujourd'hui plus de 200 millions TCF de réserves de gaz, dont 150 TCF pour le Venezuela (8e mondial), 30 TCF pour la Bolivie et 20 TCF pour l'Argentine. Outre l'objectif de consolider l'alliance énergétique latino-américaine, l'Opegasur est perçue comme le premier pas vers le projet plus vaste de création d'une "Opep" mondiale du gaz. Pour rappel, cette idée d'Opep du gaz a dominé les travaux du "Forum des pays producteur de gaz" qui s'est tenu en avril au Qatar. Si la décision d'instituer un cartel n'a pas été prise, à Doha, les ministres des pays membres du Forum avaient décidé de créer un haut comité technique, présidé par la Russie, qui sera l'hôte de la prochaine réunion. "Le comité aura pour tâche d'élaborer un plan global destiné à améliorer les performances du FPEG et définir les voies pour le développement futur de cette structure", a précisé le texte ayant sanctionné les travaux du Forum. L'idée de transformer ce forum informel, qui regroupe une quinzaine de pays (Russie, Algérie, Iran, Qatar, Indonésie… représentant 70% des réserves et 40% de la production mondiale), en une organisation plus volontariste, a été relancée en janvier par l'Iran et la Russie. "Créer une Opep du gaz serait une idée intéressante", avait ainsi déclaré Vladimir Poutine, en début d'année. Un cartel gazier qui pourrait rassembler la Russie (1er producteur mondial de gaz), l'Iran (4e), l'Algérie (5e), le Qatar (15e) et le Venezuela (18e mais avec des projections à moyen / long terme à la 5 / 6e position), n'est cependant pas du goût des grandes puissances occidentales, notamment les Etats-Unis qui ont réagi à travers la Chambre des représentants américaine en approuvant un projet de loi visant à contrecarrer la création d'une "Opep du gaz". En effet, les efforts déployés en matière de création d'un cartel gazier sont considérés par les Etats-Unis comme une démarche inamicale menaçant la sécurité des Etats-Unis et du monde entier. Au moment où l'idée de création de l'Opep du gaz s'est fait un peu oublier, ayant été retardée au prochain Forum des pays producteurs de gaz que doit abriter Moscou, l'accord signé vendredi, instituant l'Opegasur, vient de relancer le débat sur un sujet ô combien sensible.