Mesurant l'importance de l'événement de sa visite en Algérie, François Hollande a, devant les Parlementaires des deux Chambres, mis en avant la grandeur de cet enjeu, mais aussi l'opportunité d'ouvrir un " nouvel âge " dans la relation entre la France et l'Algérie. Il a exprimé ses sentiments sans aucun détour affirmant que sa visite intervient à un moment chargé de sens et de symbole. " Il y a cinquante ans, l'Algérie accédait à son indépendance. Elle s'arrache de la France, après une guerre longue de huit ans. Elle devient la République algérienne libre et souveraine. Elle conquérait ce droit. Ce droit de disposer pour un peuple de lui-même ". Cinquante ans, c'est très court à l'échelle de l'histoire. Et pourtant quel chemin a été parcouru depuis 1962 ? " L'Algérie est, aujourd'hui, un pays respecté sur la scène internationale, qui compte, qui pèse. L'Algérie est un pays dynamique dont les ressources sont considérables, dont l'économie est en développement, L'Algérie est un pays jeune dont la moitié de la population a moins de 26 ans. Elle compte plein de promesses. L'Algérie est un pays courageux. Il l'a prouvé dans son histoire. Il l'a prouvé encore plus récemment face à l'époque du terrorisme. L'Algérie a traversé cette époque avec dignité et unité. ". Il se dit avoir conscience de ce passé, des forces de l'Algérie. " La France à travers moi, adresse des vœux de prospérité et de réussite ". Mais la question qui est posée aux deux pays, est simple d'après lui : sommes-nous capables d'écrire ensemble cette nouvelle page de notre histoire ? Il croit à cette réponse : " Je crois, je le souhaite, je le veux. Nous ne partons de rien, puisque nous pouvons nous appuyer sur les liens humains, des liens d'amitié qui unissent nos deux pays. Mais cette amitié, pour se développer, elle doit s'appuyer sur un socle. Ce socle, c'est la vérité. Cette vérité, nous l'a devons à tous ceux qui par leur histoire, par leur histoire douloureuse, blessés, veulent prouver une nouvelle page. Nous l'a devons à la jeunesse, à toute " les jeunesses qui veulent avoir foi en leur avenir et donc qui veulent savoir, d'où elles viennent. Rien ne se construit dans la dissimilation, dans l'oubli et encore moins dans le déni. Il explique que la vérité ne divise pas, elle rassemble. " Alors l'histoire, même quand elle est tragique, même quand elle est douloureuse, pour nos deux pays, elle doit être dite. Et je vais le dire devant vous : Pendant 132 ans, l'Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal. Ce système a pour nom la colonisation. Je reconnais les souffrances que la colonisation a infligée au peuple algérien ". Il cite les souffrances de Sétif, Guelma et Kherrata, voire les massacres du 8 mai 1945. " A Sétif, le 8 mai 1945, le jour même, où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles. La vérité doit être aussi dite sur les circonstances dans lesquelles l'Algérie s'est délivrée du système colonial, sur cette guerre qui longtemps n'a pas dit son nom en France, la guerre d'Algérie ". Il reconnaît le respect de la mémoire, de toutes les mémoires. " Nous avons ce devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres, sur la torture. Pour lui, connaître et établir la vérité, " c'est une obligation qui lie les Algériens et les Français. " C'est pourquoi, il est nécessaire que les historiens aient accès aux archives et qu'une coopération dans ce domaine puisse être engagée, poursuivie et que progressivement, cette vérité puisse être connue de tous ". Ajoutant que la paix des mémoires à laquelle il aspire, repose sur la connaissance et la délégation de l'histoire. Une histoire humaine, car au-delà des blessures, au-delà des deuils, demeure la " relation exceptionnelle nouée entre les Français et les Algériens. " Je n'ai pas d'autres mots que ceux employés par le président Bouteflika, le 8 mai dernier à Sétif et qui a appelé à une lecture objective de l'histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels afin d'aider les deux parties à transcender les séquelles du passé et d'aller vers un avenir où puissent régner conscience, compréhension, respect mutuel, partenariat. Et bien, ces mots là sont les mêmes, encore aujourd'hui ", pour François Hollande. " La Méditerranée ne nous sépare pas, elle nous unit " Abordant la rive sud et nord de la Méditerranée François Hollande indique que la proximité entre l'Algérie et la France n'est pas une incantation prononcée à chaque voyage d'un président de la République française en Algérie. " La proximité dont je parle, dit-il, n'est pas une abstraction, n'est pas une construction, elle est une réalité, elle se fonde sur des liens intimes ". Il rappelle que sur les 900.000 Algériens résidant à l'étranger, 700.000 vivent en France, sans compter tous les Algériens, venus à travers les générations donner leur force de travail pour permettre à la France d'être ce qu'elle est aujourd'hui. " Je pense aussi à ces jeunes nés de parents algériens et qui se sont engagés dans tous les domaines de l'économie, de la culture, du théâtre, du sport et même de la politique. Voilà, pourquoi nous sommes liés les uns aux autres ". Il revient à dire que la géographies, rapproche les deux pays. " La Mer Méditerranée, ne nous sépare pas, elle nous unit, mais, elle nous confère aussi des responsabilités communes et exceptionnelles. Elle est un espace politique économique, diplomatique et nous avons le devoir de développer des projets qui bénéficient directement aux populations des deux rives ".Il souhaite que la France et l'Algérie, travaille ensemble pour le projet méditerranéen. A l'instar de ce qu'avaient fait la France et l'Allemagne," je souhaite et je le dis devant vous, représentant du peuple algérien, je souhaite que la France et l'Algérie travaillent ensemble pour le projet méditerranéen. De même que la France et l'Allemagne avaient été capables après une guerre tragique qui les avait opposés d'être les moteurs de la construction européenne, eh bien l'Algérie et la France peuvent construire ainsi l'union et l'unité Méditerranéenne de demain. Mais là, aussi non pas par des projets chimériques mais de réalisations dans tous les domaines de l'énergie, des transports, de l'éducation, de la connaissance et du développement, note-t-il encore. " Je parle d'éducation, de connaissance, de savoir, de recherche. La langue peut également nous servir de lien. L'Algérie chérit la langue arabe mais elle a su se nourrir du français, se l'approprier comme un butin de guerre mais, surtout, comme un instrument de connaissance, de diversité et de liberté ", rappelle encore François Hollande. Il souligne à cet effet que tant d'écrivains algériens ont apporté, à la langue française leur génie. Il cite, entre autres, Kateb Yacine, Mohamed Dib, hier, Assia Djebbar, Anouar Belmalek, Yasmina Khadra. Il évoquera, aussi, Albert Camus, " ce fils d'Alger dont nous célébrons l'anniversaire, le centenaire anniversaire de la naissance qui a évoqué le premier cette communauté Franco-arabe formée par tous les écrivains algériens dans l'égalité la plus parfaite. Merci à l'Algérie de donner aussi à la langue française sa diversité ", conclut-il.