Le président américain Barack Obama, a appelé, avant-hier, le Congrès à adopter un compromis budgétaire de portée plus modeste que ceux évoqués ces dernières semaines. Il souhaite éviter une cure d'austérité forcée aux Etats-Unis début janvier. "C'est quelque chose que nous pouvons résoudre, cela ne demandera pas tant d'efforts, il nous faut juste faire le nécessaire", a dit M. Obama, lors d'une courte intervention à la Maison Blanche, au lendemain de l'échec d'un plan de secours républicain à la Chambre des représentants censé empêcher le pays de s'écraser contre le "mur budgétaire". Cette expression recouvre une hausse d'impôts pour tous les Américains et l'entrée en vigueur de coupes automatiques dans les dépenses dès le 1er janvier, cocktail dont des économistes redoutent qu'il provoque une rechute de la première économie mondiale dans la récession. M. Obama, a dit avoir discuté au téléphone, avant-hier, avec le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, et s'être entretenu à la Maison Blanche dans la journée avec le chef de la majorité démocrate au Sénat Harry Reid. Demande lancée par Obama Il a dit leur avoir demandé "d'œuvrer à un plan qui empêche une hausse des impôts sur la classe moyenne, protège l'assurance-chômage pour deux millions d'Américains et jette les bases de travaux à venir tant sur la croissance que la lutte contre les déficits". "C'est un but à notre portée. Cela peut être fait en dix jours", a-t-il affirmé. Les élus des deux chambres du Congrès sont déjà partis pour leurs vacances de Noël mais ont été prévenus de se tenir prêts à revenir avant le jour de l'An. La Maison Blanche a ensuite annoncé que M. Obama, et sa famille voyageraient en soirée vers Hawaï (Pacifique), l'archipel natal du président où il passe traditionnellement la période des fêtes. Mais M. Obama, a dit qu'il serait de retour "la semaine prochaine" pour la reprise des discussions budgétaires. Consommation et investissement résistent à la menace du mur budgétaire La consommation et l'investissement semblent avoir bien résisté aux Etats-Unis en novembre, en dépit de l'incertitude provoquée par l'approche du "mur budgétaire". La consommation des ménages a rebondi ce mois-là de 0,4% en rythme annualisé, soutenue par une forte progression des revenus des Américains (+0,6%), a indiqué le département du Commerce. En termes réels, c'est-à-dire en tenant compte du recul des prix, la consommation a connu en novembre sa hausse la plus forte depuis le début de la reprise économique, à l'été 2009, tandis que le revenu disponible des ménages augmentait comme jamais depuis mai de cette même année, selon les données officielles. En octobre, les dépenses de consommation avaient légèrement reculé et la hausse des revenus nettement ralenti pour des raisons liées aux ravages provoqués par le passage de l'ouragan Sandy sur le nord-est du pays dans les derniers jours du mois. Plusieurs analystes notent que la consommation et les salaires ont bénéficié d'un "effet de rattrapage" en novembre. "Néanmoins, note Dean Maki, de la banque Barclays, la tendance sous-jacente des revenus et des dépenses est à l'amélioration au quatrième trimestre". "La saison des ventes de Noël a commencé sur une notre vraiment très positive, mais avec Washington qui sème le chaos, qui sait comment elle va finir?" s'interroge son confrère Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors. Il fait ici référence à l'absence de compromis entre le gouvernement et le Congrès, à dix jours de la date butoir, pour empêcher le "mur budgétaire", la cure de rigueur (hausses d'impôts et baisses des dépenses publiques généralisées) qui entrera autrement en vigueur à partir du 1er janvier. L'incertitude entourant la politique budgétaire n'a pas empêché les commandes de biens durables de poursuivre en novembre leur rebond entamé deux mois plus tôt après leur chute du mois d'août, selon d'autres chiffres publiés par le département du Commerce. Le ministère précise que les commandes de biens d'équipement hors défense et aviation, indicateur de l'investissement des entreprises dans leur outil de production, ont progressé de 2,7% en novembre, après un rebond de 3,2% en octobre. Ralentissement de l'inflation à 1,4% L'inflation a ralenti aux Etats-Unis en novembre, où elle a atteint 1,4% sur un an, selon l'indice des prix associés aux dépenses de consommation des ménages (PCE) publié par le département du Commerce à Washington. La hausse des prix, qui avait atteint en octobre son niveau le plus élevé en six mois (1,7%), reste inférieure à l'objectif de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), qui souhaite une inflation de 2,0% sur un an à moyen terme. Hors alimentation et énergie, l'inflation dite sous-jacente a ralenti à 1,5% en novembre, après avoir atteint 1,6% en octobre, selon les chiffres du gouvernement. Par rapport au mois précédent, indique le ministère, les prix ont reculé pour la première fois en six mois, de 0,2% en novembre, et l'inflation sous-jacente a été nulle, alors que la prévision médiane des analystes la donnait à 0,1% comme en octobre. L'indice PCE sert de référence à la Fed pour la conduite de la politique monétaire américaine. Tergiversations politiques Paul Edelstein, du cabinet IHS Global Insight, estime désormais que l'investissement en capital fixe des entreprises progresse à un rythme de "5 à 10% au quatrième trimestre", après avoir reculé de 2,6% pendant les trois précédents mois. La publication des derniers chiffres officiels, bien meilleurs que prévu, a conduit plusieurs analystes à revoir à la hausse leur prévision de croissance pour le trimestre en cours. Ceux de Macroeconomic Advisers jugent que celle-ci est partie pour atteindre 1,4%. Plus optimistes, leurs confrères de Barclays misent sur une croissance de 2,4%. Dans les deux cas cependant, cela marquerait un net ralentissement par rapport aux 3,1% officiels des trois mois précédents. Le trimestre n'est pas fini, et la chute du moral des ménages révélée par l'indice de l'Université du Michigan fait craindre à Thomas Julien, de la banque Natixis, que la consommation privée ait souffert en décembre des tergiversations politiques autour des questions budgétaires. Pour M. Edelstein, il n'est pas certain en revanche que cela affecte l'investissement des entreprises car celles-ci sont poussées à mettre de nouveaux équipements en service avant la fin de l'année pour pouvoir bénéficier d'une déduction supplémentaire d'amortissement exceptionnelle.