Des dizaines de Tunisiens ont manifesté, hier, devant la prison de Mornaguia à l'ouest de Tunis pour exiger la libération du patron de la chaîne privée Ettounsiya TV, Sami Fehri, en grève de la faim depuis le 18 décembre. Oui à la justice, non à la vengeance!, appliquez la loi, libérez le prisonnier!, le peuple veut une justice indépendante, ont crié quelque 300 personnes rassemblées devant les locaux de l'administration pénitentiaire. Sami Fehri est déterminé à poursuivre sa grève de la faim jusqu'à sa libération, a déclaré l'avocate Sonia Dahmani, au sortir d'une visite à son client. Les manifestants venus par autobus de Tunis ont pu accéder au périmètre extérieur de la prison, sous les yeux des gardes et policiers, qui ne sont pas intervenus. L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a noté que le maintien en prison de M. Fehri relève d'un conflit de compétence entre la Cour de cassation et la chambre d'accusation. Le ministre de la Justice doit répondre de ce qui apparaît comme une grave atteinte à l'Etat de droit, a ajouté HRW dans un communiqué, appelant à une remise en liberté immédiate du détenu. M. Fehri, qui s'était rendu à la justice, a été incarcéré fin août dans le cadre d'une affaire de corruption remontant à l'époque du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Ses avocats ont demandé l'annulation de son placement en détention provisoire en raison de graves vices de procédure et la Cour de cassation leur a donné raison. Le parquet a cependant empêché à deux reprises la remise en liberté de M. Fehri. Le patron d'Ettounsiya a été inculpé de complicité de détournement de fonds publics et en vertu de l'article 96 du code pénal il risque 10 ans de prison pour préjudices financiers causés à la télévision publique. L'affaire a été renvoyée devant la chambre d'accusation pour le 3 janvier.