Le groupe informatique Apple, maltraité cette semaine par le marché qui craint un ralentissement de sa croissance, a perdu, avant-hier, sa place de première capitalisation boursière mondiale, retombant à la clôture de Wall Street derrière le groupe pétrolier ExxonMobil. L'action du groupe à la pomme, qui avait déjà plongé de plus de 12% jeudi, a encore abandonné 2,36% avant-hier, pour clôturer à 439,88 dollars, un niveau qui le valorise au total à 413 milliards de dollars. ExxonMobil s'est contenté de grappiller 0,42% à 91,73 dollars, mais cela a suffi pour le faire revenir au-dessus, avec une capitalisation de 418 milliards. Apple était passé pour la première fois devant ExxonMobil en août 2011. Les deux groupes avaient bataillé pour la première place les mois suivants, Apple finissant par l'emporter. L'été dernier, le groupe informatique, dopé par des spéculations sur la sortie imminente de nouveaux produits, avait même battu le record de la plus grande capitalisation boursière de tous les temps, détrônant son concurrent Microsoft qui détenait ce titre depuis 1999. L'action Apple s'était envolée jusqu'à un record historique de 702,10 dollars le 19 septembre, juste avant la sortie du dernier de ses téléphones, l'iPhone 5. Elle a depuis reperdu 37% de sa valeur. Le marché boude le groupe depuis quelques mois, s'inquiétant de sa capacité à continuer d'innover sans son patron visionnaire Steve Jobs, décédé l'an dernier, et à maintenir ses parts de marché face à des concurrents de plus en plus agressifs, comme le groupe sud-coréen Samsung, qui a notamment creusé l'écart avec lui l'an dernier sur le marché mondial des smartphones. Barrière technologique Les investisseurs ont été particulièrement choqués, mercredi soir, par les résultats trimestriels publiés par Apple et ses prévisions qui lui font craindre la fin de la croissance étincelante des ventes et des bénéfices à laquelle il avait habitué le marché ces dernières années.Sur la seule journée de jeudi, Apple avait perdu une soixantaine de milliards de dollars de capitalisation boursière, et il en a encore perdu une dizaine de milliards avant-hier. Quand la fête se termine, tout le monde se dépêche de partir, sans dire merci, a ironisé le courtier BGC Partners dans une note à ses clients. Pour Stéphane Ventilato, vendeur actions chez Banca IMI securities, les malheurs d'Apple sont probablement indicatifs d'une perte de leadership, non seulement pour Apple mais aussi pour le secteur technologique. On a du mal à franchir de nouvelles frontières, explique M. Ventilato, qui précise ne pas détenir de titre Apple ni Exxon Mobil. Les investisseurs se posent la question de savoir si, pour les 10 ans qui viennent, cette barrière technologique ne va pas être difficile à dépasser, si les progrès seront aussi surprenants que ce à quoi les Etats-Unis ont habitué le monde, ajoute-t-il. Cela va-t-il être aussi innovant, ou va-t-on connaître une période de stagnation? Beaucoup d'analystes estiment qu'Apple ne retrouvera la confiance du marché qu'en sortant de nouveaux produits, et à condition qu'ils suscitent le même engouement que les innovations précédentes du groupe.Les spéculations tournent pour l'instant seulement autour d'un produit lié à la télévision ou d'une version moins haut-de-gamme de l'iPhone, visant davantage les pays émergents. Bénéfice net stable mais prévisions décevantes Apple a déçu avec des prévisions décevantes qui ont éclipsé l'annonce de ventes record d'iPhone et d'iPad durant les fêtes de fin d'année. L'action du groupe informatique a été immédiatement sanctionnée en Bourse: elle a perdu plus de 10%. Sur le dernier trimestre 2012, qui comprend les ventes de Noël, Apple dit avoir écoulé un nombre record de téléphones iPhone et de tablettes iPad: respectivement 47,8 millions et 22,9 millions d'unités. Cela représente des croissances de 29% et 49% sur un an. Le groupe américain n'a pas donné de chiffre précis sur le dernier né de ses téléphones, l'iPhone 5. Le patron du groupe, Tim Cook, s'est contenté d'indiquer que la croissance la plus élevée, "à trois chiffres", a été enregistrée en Chine: dans ce pays le chiffre d'affaires est en hausse de 67% sur un an.Le groupe à la pomme table sur un chiffre d'affaires global de 41 à 43 milliards de dollars pour le trimestre entamé début janvier. La prévision moyenne des analystes était de 45,6 milliards (42,4 milliards de francs). L'action Apple a immédiatement été sanctionnée à la Bourse de New York. Elle a perdu 10,3% à 460,64 dollars. En septembre, juste avant le lancement de l'iPhone 5, il caracolait encore à plus de 700 dollars, un sommet historique. Hausse du chiffre d'affaires Entre octobre et fin novembre, premier trimestre de l'exercice 2012/13, Apple a dégagé un bénéfice net de 13,1 milliards de dollars, stable comparé à un an plus tôt. C'est un peu mieux que ce qu'espérait le marché. Le bénéfice ajusté par action, qui sert de référence sur les marchés financiers, est en effet ressorti à 13,81 dollars, soit 37 cents au-dessus de la prévision moyenne des analystes. Le chiffre d'affaires affiche une hausse de 18%, à 54,5 milliards de dollars Chute de 12% de l'action, au plus bas depuis près d'un an L'action Apple perdait plus de 12% à la Bourse de New York, au lendemain de la publication de résultats trimestriels (jeudi dernier) qui font craindre au marché un ralentissement de sa croissance. A la mi-séance, le titre plongeait de 12,05% à 452,07 dollars, son plus bas niveau depuis près d'un an. Il faut remonter au 27 janvier 2012 pour trouver un cours de clôture inférieur, à 447,28 dollars. Par rapport au sommet historique de 702,10 dollars enregistré le 19 septembre, l'action a perdu 36%. De nombreux analystes ont revu à la baisse leurs prévisions de résultats pour le groupe à la pomme après la publication de ses résultats trimestriels, mercredi soir.