Dans les pays du Sud comme du Nord, l'agriculture est confrontée aux problématiques de l'eau : rareté, salinité, gestion des grands périmètres irrigués. C'est dans ce cadre que les chercheurs du Cirad de l'Unité propre de recherche (UPR) Gestion de l'eau et de l'UMR G-Eau (Unité mixte de recherche Gestion de l'eau, acteurs et usages) participent à plusieurs projets sur la gestion de l'eau et de l'irrigation que ce soit en Asie, en Amérique latine , en Afrique sub-saharienne, ou dans les pays du Maghreb. Le Cirad est l'un des partenaires scientifiques du projet Sirma (Systèmes irrigués au Maghreb), porté jusqu'en 2009 en France par le ministère des Affaires étrangères et l'Afeid (Association française pour l'étude des irrigations et du drainage). Il est étroitement lié au projet européen Wademed, base de connaissance sur la gestion de la demande en eau dans le Maghreb qui vise à produire des outils de gestion intégrée des économies d'eau et à permettre le dialogue entre les différents acteurs, tant en termes de production et valorisation des ressources du Bassin méditerranéen que de revenus redistribués. Inscrit au projet Wademed, un séminaire co-organisé par le Cemagref, le Cirad et l'Ecole nationale d'agriculture de Meknes, au Maroc , en collaboration avec la Chambre d'agriculture du Lot ( France) vient de se dérouler en novembre à Cahors (Lot). Il a permis d'analyser, d'une rive à l'autre de la Méditerranée, l'évolution en cours de l'agriculture irriguée, sa prise en charge par la profession agricole et l'accompagnement de l'Etat. Des jumelages et échanges entre structures d'irrigation et coopératives lotoises et marocaines ont également été conclus. Comme l'explique Jean-Yves Jamin, responsable de l'Upr Gestion de l'eau au Cirad. " Nous rencontrons en France comme en Afrique ou en Asie les mêmes difficultés pour gérer la répartition de l'eau entre les zones agricoles et urbaines ", il ajoute " Nous devons faire face à la sécheresse, à la salinité de l'eau, aux conflits entre utilisateurs, au désengagement des Etats. La recherche de terrain doit associer hydraulique, agronomie et sociologie". De nouvelles pratiques dans l'usage de l'eau des pays méditerranéens se développent et notamment des dynamiques de développement du puisage des eaux souterraines. Marcel Kuper et Nicolas Faysse, chercheurs du Cirad en poste au Maroc et Serge Marlet en Tunisie travaillent à la fois sur la réduction de la salinité des nappes d'eau et sur la concertation à instaurer entre agriculteurs, organisations professionnelles et administrations. Pour optimiser l'avenir de l'agriculture familiale, de nouvelles politiques agricoles sont en effet à définir dans les périmètres irrigués. Pour l'Algérie, qui est un pays semi-aride, l'adaptation de l'agriculture aux exigences climatiques est désormais l'une des priorités du secteur. Une gestion rationnelle de l'eau agricole s'avère plus que jamais nécessaire à travers notamment l'adoption des nouvelles techniques d'irrigation. Le système goutte à goutte est déjà introduit et a donné des résultats assez remarquables. Mais cela n'exclut pas le fait que beaucoup de choses restent à faire dans ce domaine. La déperdition de l'eau dans les paramètres d'irrigation est, à titre d'exemple, une entrave majeure vu la vétusté des équipements.