Les prix du pétrole ont nettement monté avant-hier à New York, dans un marché misant sur une issue positive à la crise chypriote et porté par un regain d'optimisme sur l'économie américaine, de bon augure pour la demande du premier consommateur de brut mondial. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a gagné 1,26 dollar pour terminer à 93,71 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance a terminé à 107,66 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 19 cents par rapport à la clôture de la veille. Au centre de l'attention tout au long de la journée, la situation à Chypre a permis au marché de reprendre de la vigueur car les courtiers sont relativement optimistes, misant sur une résolution rapide de la crise, a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. En effet, les courtiers anticipaient un accord entre la troïka des bailleurs de fonds (UE-FMI-BCE) de l'île et Nicosie, dont ils exigent de nombreux efforts en contrepartie de leur aide. L'île a jusqu'à demain pour mettre sur pied un plan de sauvetage jugé acceptable. Les ministres des Finances de la zone euro se sont dits prêts à discuter d'une nouvelle proposition de Nicosie. Selon les médias chypriotes, le Plan B que les responsables chypriotes tentent d'élaborer pour obtenir un plan de sauvetage européen envisage une taxe de 15% sur les dépôts bancaires supérieurs à 100 000 euros. Le Parlement avait rejeté mardi un premier plan prévoyant une taxe inédite allant jusqu'à 9,9% sur tous les dépôts, mais face à l'échec des autres solutions envisagées, des responsables gouvernementaux ont annoncé que le principe de cette taxe était à nouveau d'actualité. L'optimisme des investisseurs se retrouvait sur l'ensemble des marchés financiers, et notamment sur le marché actions, à Wall Street, ce qui accentuait la hausse des cours du brut, par effet de ricochet, selon Phil Flynn, de Price Futures Group. Dans ce contexte, la nouvelle décevante d'une baisse en mars pour la première fois depuis cinq mois de l'indice Ifo, principal baromètre de la confiance des entrepreneurs allemands, passait au second plan sur les marchés américains. Nous sommes vraiment concentrés avant tout sur les derniers développements à Chypre, a insisté Matt Smith, de Schneider Electric. En effet, si un terme n'y était pas mis rapidement, cette crise pourrait potentiellement s'aggraver et se propager dans d'autres pays périphériques de la zone euro, comme l'Italie ou l'Espagne, ce qui affecterait l'économie de la région et présenterait un risque pour la demande en brut dans la région, a-t-il noté. D'autre part, des données économiques de bonne tenue aux Etats-Unis nourrissent la bonne humeur des courtiers, a noté M. Flynn. En effet, dans l'immobilier comme dans le secteur de l'emploi, les statistiques récemment publiées aux Etats-Unis étaient positives pour la reprise économique du géant américain et donc pour le marché du brut. Prix mitigés en Asie En Asie, les prix du pétrole étaient mitigés dans les échanges matinaux, dans un marché inquiet sur la situation à Chypre, pays de la zone euro, qui doit présenter de toute urgence un plan de sauvetage pour éviter la ruine. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai gagnait avant-hier matin 11 cents à 92,56 dollars, après avoir nettement reculé la veille. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai cédait 2 cents à 107,45 dollars. "La débâcle de Chypre a soulevé de grandes interrogations sur la reprise dans la zone euro, que beaucoup attendaient pour cette année", a déclaré Jason Hughes, d'IG Markets Singapore. "Avec le scénario d'une crise de grande ampleur apparaissant à nouveau possible, il semble que la récession soit de nouveau à l'ordre du jour", a ajouté l'analyste. Paralysée par la crise financière, Chypre cherche, sous la pression d'un ultimatum européen, à éviter coûte que coûte la ruine et la faillite de ses banques, grâce à un plan B protégeant les petits épargnants mais qui reste encore suspendu à l'aval des Européens. A l'issue d'une nouvelle réunion téléphonique de ses ministres des Finances, la zone euro s'est dite prête à discuter d'une nouvelle proposition de Nicosie. Une nouvelle réunion devrait se tenir dimanche à Bruxelles, selon des sources européennes. Une faillite ou une sortie de cette île méditerranéenne de la zone euro n'est plus taboue et pourrait déstabiliser l'ensemble de l'union monétaire, mettent en garde les responsables européens. Le marché pétrolier était en outre affaibli par la contraction de l'activité privée dans la zone euro qui s'est accélérée en mars, selon l'indice PMI, lequel est ressorti moins bon que prévu. Cela pourrait signifier une intensification de la récession au cours des prochains mois.