Les cours du pétrole se repliaient hier matin en Asie, en raison de la fermeture d'un oléoduc aux Etats-Unis, dans un marché prudent avant la publication des chiffres mensuels sur l'emploi américain en fin de semaine. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai perdait 57 cents à 96,62 dollars en milieu de matinée et le baril de Brent de la mer du Nord à la même échéance reculait de 45 cents à 110,24 dollars. "Les incertitudes sur les effets de la fermeture de l'oléoduc sont un facteur de volatilité pour les prix du brut américains", a indiqué Ker Chung Yang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. L'oléoduc Pegasus du géant pétrolier américain ExxonMobil dans l'Arkansas (sud-est), qui transporte du brut canadien vers les raffineries du golfe du Mexique, est fermé depuis vendredi après la découverte d'une fuite. Les stocks de brut ont atteint récemment des niveaux historiques à Cushing, le principal terminal pétrolier du pays, en raison de l'insuffisance de moyens d'acheminement vers les raffineries du golfe du Mexique. Cet engorgement pèse sur les cours du brut américain. Les analystes soulignent par ailleurs que le marché attend pour vendredi "les chiffres mensuels cruciaux de l'emploi américain", baromètre de la santé de la première économie mondiale et premier consommateur de brut, selon une note de IG Markets Singapore. Enfin, la Banque centrale européenne tient jeudi sa réunion mensuelle de politique monétaire. Face à une résurgence des tensions en zone euro, elle se trouve une nouvelle fois sous pression pour agir, mais ses marges de manœuvre sont bien minces. Les analystes excluent a priori une baisse de son principal taux directeur, qui stationne depuis juillet à son plus bas historique de 0,75%, car ce ne serait pas efficace dans le contexte actuel. La veille, les cours du pétrole ont terminé en légère hausse à New York, ayant bénéficié d'un rebond technique après un début de séance nettement dans le rouge, en dépit d'inquiétudes pour la demande en brut aux Etats-Unis comme en Europe. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a grappillé 12 cents, à 97,19 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a reculé de 39 cents, à 110,69 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Les prix du WTI, qui ont baissé jusqu'à 95,91 dollars le baril en début de séance, "n'ont pas réussi à baisser durablement au-dessous du seuil psychologique de 96 dollars et ont bénéficié d'un mouvement technique de rebond en deuxième partie d'échanges", a remarqué David Bouckhout, de TD Securities. Cette remontée des cours a par ailleurs été soutenue quelque peu, selon lui, par l'optimisme des marchés financiers et par l'évolution de Wall Street en territoire positif. D'autre part, il y a "de bons chiffres du côté des commandes à l'industrie" en février aux Etats-Unis, a ajouté Phil Flynn, de Price Futures Group. Les commandes reçues par les industries manufacturières américaines ont en effet nettement rebondi en février, tirées par le secteur de l'aéronautique, dépassant les attentes des analystes. Mais il reste que les inquiétudes pour la demande restaient fortes parmi les courtiers alors qu'une salve de données économiques préoccupantes en Europe la veille laissaient entrevoir les nombreux obstacles que doit surmonter la zone euro avant de retrouver le chemin de la reprise économique. Déjà en récession, la zone euro a connu un taux de chômage record en février, avec plus de 19 millions de personnes touchées et un taux à 12,0%, tandis que l'activité du secteur manufacturier a accéléré sa contraction en mars dans la région. "Ajoutée à l'indicateur ISM manufacturier (publié aux Etats-Unis), ces nouvelles sont très peu encourageantes sur les perspectives de la demande" des deux côtés de l'Atlantique, a noté James Williams, de WTRG Economics. La pression exercée par la fermeture d'un oléoduc transportant plus de 90 000 barils par jour de brut canadien aux Etats-Unis de l'Illinois (nord) au Texas (sud) vers les raffineries du golfe du Mexique, continuait aussi à peser sur les cours, a noté M. Flynn. Des rumeurs non confirmées sur un incendie survenu dans une raffinerie du groupe pétrolier HollyFrontier, à Tulsa dans l'Oklahoma (centre), ont aussi accentué ces craintes et ont pesé sur le marché, a souligné M. Flynn. HollyFrontier n'a pas souhaité faire de commentaire. Dans ce contexte, les investisseurs restaient prudents à la veille des chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE) sur les stocks pétroliers américains. Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le DoE devrait faire état d'une hausse de 1,9 million de barils des stocks de brut américains sur la semaine achevée le 29 mars. Ces réserves étaient la semaine précédente réparties en forte hausse, avec un rebond de 3,3 millions de barils soit cinq fois plus que ce qui est attendu.